L'agence de notation Moody's vient de relever la notation de la Russie, alors qu'il n'est pas sérieusement question de remettre en question les sanctions économiques. Si l'appréciation est avant tout économique, elle est également politique et marque le passage "officiel" de la Russie à un autre niveau dans le paysage géopolitique.
Les agences de notation appartiennent à ces instruments de gouvernance économique mondiale relevant d'une logique post-moderne, qui font la pluie et le beau temps en appréciant les capacités financière et économique des pays. Autrement dit, leur note a également un impact sur les capacités de refinancement des Etats, donc sur la facilité qu'il leur est - ou non - apportée au sein de la grande famille libérale.
Avec les sanctions économiques et le conflit en Ukraine, les capacités financières et économiques de la Russie avaient été revues à la baisse en février 2015, compliquant automatiquement le schéma de sortie de crise. L'agence Moody's annonçant même en juin qu'aucun changement sérieux en la matière n'était prévisible dans les 12/18 prochains mois.
Or les sanctions continuent, se multiplient même puisque les Etats Unis en ont pris récemment suite à la situation en Syrie. Le conflit en Ukraine n'est toujours pas réglé. Mais Moody's vient d'augmenter la notation de la Russie.
Car malgré toutes les difficultés qui furent provoquées, l'économie russe n'a pas plongé, elle assure sa dette souveraine. En grande partie la dévaluation souple du rouble a permis d'amortir les à-coups liés à la chute du cours du baril de pétrole et la restructuration de l'économie permettent d'être optimiste, aucun choc n'est à attendre.
Pour autant, l'appréciation et les incidences ne sont pas qu'économiques. En reconnaissant que la Russie a pu surmonter les coups durs liés à la situation géopolitique, elle reconnaît la place de la Russie dans ce nouveau schéma géopolitique. En douceur certes, mais un pas est franchi. Elle affirme entre les lignes que la communauté libérale reconnaît que la Russie a les armes nécessaires pour se défendre. Il est certain que la guerre menée en Syrie n'y est pas pour rien. Ni la force tranquille qu'a démontré la gouvernance russe cette dernière année face à la tempête.
Même s'il ne faut pas négliger les mesures intérieures prises pour soutenir l'économie nationale, pour relancer la production. Cet élan n'en est qu'à son début, si l'on en croit le Message du Président russe au Parlement. Il faut faciliter le travail des entrepreneurs, limiter les contrôles à ce qui est nécessaire et les rationnaliser pour qu'ils servent le développement du tissus productif et non l'entravent.
Comme le souligne le ministre de l'économie, pour que la note soit totalement satisfaisante, il faut réguler les déficits publics et stabiliser la reprise à long terme. Mais ici aussi, la démarche nationale est adaptée à la situation. En période d'incertitude et de tensions, il est important pour la population, au-delà des grands discours, de sentir au quotidien l'investissement politique des gouvernants et des représentants de tous les niveaux. C'est pourquoi le Président enjoint le Gouvernement à maintenir les programmes sociaux, à soutenir le développement de l'agriculture, mais également à mieux surveiller la dépense publique.
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