Retrait des accords commerciaux globaux, contrôle de l'immigration, retrait du soutien étatique aux LGBT, mur avec le Méxique ... J'en passe, la liste est longue pour une si petite période de gouvernance. Le Président américain D. Trump attaque fort et s'attaque directement à tous les symboles de l'idéologie dominante. Il n'est pas question ici de démocratie, il est question d'idéologie et de sa matrice.
L'idéologue de ce combat semble être Stephen K. Bannon. 62 ans, ancien offier de marine, ayant travaillé à la Goldmann Sachs où il a fait fortune, maintenant à la tête de médias, il est aujourd'hui au centre du pouvoir à la Maison Blanche. Il s'est prononcé pour une suspension temporaire de l'accueil d'immigrés, croit en la souveraineté américaine. Pour lui, "chaque pays peut protéger ses citoyens et leur essence en réduisant l'immigration, légale ou illégale, en sortant des accords internationaux". Dans sa vision du monde,"l'Ouest judéo-chrétien est en guerre contre l'expansion de l'idéologie islamiste et il perdra le combat s'il ne reconnaît pas ce fait".
A peine entré à la Maison Blanche, D. Trump fait retirer de la page d'accueil le soutien au LGBT et les logos pour la lutte contre le réchauffement climatique. Ensuite, il signe directement un decret mettant un terme au traité transpacifique, mettant pas la même un terme aux illusions de l'UE sur la signature d'un traité transatlantique, mais celle-ci se précipite dans les bras accueillant du Canada, en signant le très controversé CETA, qui prend manifestement la relève du système et la tutelle de l'UE.
Les manifestations s'enchaînent et les médias se déchaînent. Les bruits circulent sur l'implication des strcutures de Soros en financement des premiers et des seconds, il faut dire que ses investissements officiels dans la campagne de H. Clinton restent en pure perte.
Lew Rockwell, économiste américain, parle du financement des manifestations et de leur degré d'agressivité sans précédent. Il y a une hystérie collective. Un vent de panique s'est emparée d'une partie de la population qui sent bien que les temps changent, que les repères habituels sont remis en cause et ne comprend pas quels seront ces nouveaux repères, comment elle trouvera sa place dans cette nouvelle société.
Même réaction observable chez des animaux en élevage: lorsque vous modifier leur rythme de vie, vous provoquer un stress important, il leur faut du temps pour le surmonter, certains n'y arrivent pas.
Les médias systémiques, CNN, The NYT, The Washington Post, sont pris pour cibles par le Président américain qui pointe ouvertement ce que beaucoup affirment depuis longtemps: ces médias n'informent plus, ils forment l'opinion publique en fonction des intérêts du système. Le hashtag #FAKENEWS fait fureur. Et l'on voit apparaître pour la première fois, lundi soir, dans l'émission de Soloviev sur Rossya 1, le directeur du bureau du Washington Post à Moscou, tout perdu, pleurnicher devant le public russe et se plaindre de la politique américaine: il ne sait plus comment faire son travail dans ces conditions. Et dire qu'avant c'étaient les "libéraux" russes qui allaient pleurnicher devant les caméras américaines, les temps changent ...
Mais D. Trump changent les règles du jeu: les représentants de l'administration américaine ne vont plus prendre la parole sur les ondes de CNN et les grands médias seront noyés parmis d'autres médias lors des brieffing, ils perdront ainsi leur monopole.
Il faut dire que la guerre médiatique fait rage, comme le souligne cet article de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique:
Pour la première fois, Fox News, donc les Murdoch, laisse passer sur ses ondes le commentaire selon lequel Soros veut faire tomber Trump, d’abord avec Newt Gingrich (reprenant le 22 janvier sur Fox News une information du NYT parue le 20), puis avec Bill O’Reilly, la star de la chaine. Ce dernier, dans ses Talking Points du 23 janvier, explique qu’il voit un effort organisé pour évincer Donald Trump, expliquant que les récentes marches des femmes et autres casseurs ont été financées par 50 groupes eux-mêmes financés par Soros à concurrence de 90 millions.Nous sommes très loin du travail normal que l'on peut attendre des médias ...
Le summum a été atteint par le décret sur l'immigration:
Signé vendredi par Donald Trump, il interdit pendant 90 jours l'accès du territoire américain aux ressortissants en provenance d'Iran, d'Irak, de Libye, de Somalie, de Syrie, du Soudan et du Yémen, pendant 120 jours l'accueil de tout réfugié aux Etats-Unis, et suspend sine die l'accueil de tous les réfugiés syriens.
D. Trump a osé, en une seule fois, toucher aux différents éléments sacrés de l'idéologie dominante: le migrant symbole de l'individu en quête de liberté que l'Occident doit sauver après avoir bombardé et la société ouverte qui ne peut s'enrichir que grâce à l'immigration, puisque c'est bien connu, nous sommes tous des immigrés. Et puisque nous sommes tous des immigrés, les Etats et leurs frontières n'ont aucun lieu d'être. Nous devons servir les intérêts des entreprises globales.
Nous voyons donc logiquement monter au créneau la Silicon Valley, Google et Facebook, comme pour toutes les révolutions de couleur, et autres monstres globaux. Les études le montrent et sont publiées dans le Washington Post: un immigré coûte moins cher qu'un national, pourquoi l'Amérique devrait-elle s'en priver?
Alors des manifestations en rose (quel est le rapport?) sont organisée partout. L'on voit également apparaître des pancartes Migrants Welcolme dans les aéroports américains, comme à l'époque dans les gares allemandes, avant que les autorités allemandes ne reconnaissent à mi-voix que l'erreur est humaine. Il faut dire aussi que l'immigration est un business, pas uniquement pour les entreprises qui embauchent moins cher, mais dans le sens direct du terme. Business rendu dangereux lorsqu'il s'accompagne d'une absence de contrôle systématique de l'identité de ceux qui viennent de zones de conflit ou de pays particulièrement touchés par le terrorisme islamiste.
L'efficacité en terme de lutte contre le terrorisme de ce décret peut, il est évident, laisser à désirer. Mais il a une dimension symbolique très forte et dans notre société d'image ce n'est pas négligeable. Sur le plan pratique, il permet de suspendre la vague permanente et de faire le point avant qu'il ne soit trop tard. Et ici, la décision de D. Trump était en phase avec les attentes de la majorité de la population américaine:
« 57 % des électeurs américains sont favorables à une interdiction temporaire des réfugiés venant de Syrie, Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen jusqu’à ce que le gouvernement fédéral améliore sa faculté à détecter l’entrée de potentiels terroristes. 33 % s’y opposent et 10 % n’ont pas d’opinion. »
Evidemment Le Monde trouve cela suspect, les questions seraient tronquées et le sondage aurait été réalisé avant l'adoption du décret. Autrement dit, le Président américain n'a pas réagit de manière émotive, comme l'on veut nous le faire croire, mais suite à un sondage d'opinion. Ce qui change les données du problème et soulève la question de la légitimité des manifestations "dans le monde". Laissons peut-être les populations décidées pour leur pays, même si cela ne plait pas aux groupes d'intérêts divers et variés.
Face à cette tornade Trump, les dirigeants européens, habitués à être bercés et pris en main, se trouvent dépourvus et particulièrement inquiets, comme le dit le ministre français des affaires étrangères , J.-M. Ayrault:
Ce décret "ne peut que nous inquiéter", a déclaré ce samedi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, lors d'une conférence de presse à Paris. "Nous avons des engagements internationaux que nous avons signés. L'accueil des réfugiés qui fuient la guerre, qui fuient l'oppression, ça fait partie de nos devoirs (…) Mais il y a beaucoup d'autres sujets qui nous inquiètent"Car en fait:
Quand le président des Etats-Unis évoque le climat pour dire qu'il n'est pas encore convaincu de l'utilité de cet accord, nous devons lui répondre (…) "Quand il ajoute des mesures protectionnistes, qui pourraient déstabiliser les économies, pas simplement européennes mais les économies des principaux pays dans le monde, nous devons lui répondre et quand il refuse l'arrivée de réfugiés, alors que l'Europe a fait son devoir, nous devons lui répondre."
C'est le problème. D. Trump en deux semaines a secoué le monde ramolli des politiciens européens, en bousculant les frontières, levant les interdits et les voiles et posant les choses sur la table, à sa manière. La mondialisation absolue est-elle un bien pour l'économie nationale? L'homosexualité doit-elle être une politique d'Etat ou une affaire privée? Les droits des minorités peuvent-ils remettre en cause les droits de la majorité? Jusqu'à quelle point l'immigration est-elle un atout et quand devient-elle un problème? Peut-on parler sérieusement de sécurité nationale sans protéger les frontières?
A toute ces questions et à beaucoup d'autres, nous avons perdu l'habitude de chercher des réponses, car elles nous étaient apportées, toutes prêtes. Certaines apparaissent même dans les manuels scolaires. La société est conditionnée. Elle est en train de vivre un traitement de choc ... et elle le vit mal. Peu de personnes sont capables de remettre en cause leur confort pour prendre le risque de regarder le monde qui les entoure sans petites lunettes roses. Roses justement.
Merci pour cet article avec lequel je suis en accord total. Que Ayrault n'ait pas encore compris que les 6 millions de chômeurs et les 10 millions de pauvres français attendaient, de lui et de son gouvernement, en priorité absolue, un emploi et un salaire pour pouvoir se nourrir, se loger et éduquer ses enfants et, seulement après, secourir les immigrés si nous le pouvons. A force d'inverser les priorités le pays va exploser.
RépondreSupprimerPour l'instant, Trump fait du "contre". Ce qui réjouit ceux qui s'opposaient à la politique imperialiste américaine qui utilisait l'Europe comme un vassal. On attend avec impatience qu'il passe à faire du "Pour". Ne fût-ce que pour qu'il puisse donner une vraie direction, avec consistence et autorité.
RépondreSupprimerMerci, Karine! Ochen khorocho! Je partage avec un commentaire dithyrambique comme d'hab:)
RépondreSupprimerExcellente analyse, merci.
RépondreSupprimerFantastique lecture, merci pour cet oeil rationnel sur les transformations en cours.
RépondreSupprimerIl me semble que Banon doit sa fortune à Hollywood où il a été producteur quelque temps.
RépondreSupprimerAussi il est fort peu fait mention de ce que les pays mis au ban sont ceux de la liste faite par Obama, pour les mêmes raisons (suite aux attentats). Ce qui explique que l'Arabie Saoudite, entre autres, n'en fasse pas partie.. Dans l'indifférence générale !