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jeudi 28 septembre 2017

Le scandale Vim Avia: le business ne peut fonctionner sans contrôle



Cette semaine, l'une des dix premières compagnies aériennes russes, Vim Avia, a laissé près de 40 000 personnes dans les salles d'attente des aéroports russes et internationaux. Elle a cessé son activité, en faillite, alors que l'Agence de régulation aérienne la considérait comme financièrement fiable. Cette situation n'est pas une nouveauté, mais pourrait - enfin - conduire à l'idée de restaurer un contrôle sur le business, qui ne peut fonctionner correctement dans une totale dérégulation.


Cette semaine la compagnie aérienne Vim Avia a laissé sur le carreau des dizaines de milliers de personnes, du jour au lendemain. En Turquie, en Belgique, en Chine, mais aussi en Russie, où parfois elle était la seule compagnie à assurer le transport dans la ville. Tel est le cas de Blagovechtchensk, centre administratif de la région d'Amour située à plus de 7000 km de Moscou, où les gens se retrouvent totalement bloqués. Les dirigeants sont en fuite, certainement en Turquie, ne répondent plus au téléphone, ne se sont pas rendue à la réunion avec l'Agence de régulation aérienne pour régler la situation et ne répondent pas aux enquêteurs.

Dans ce cas, comme à l'époque pour Transaéro, ces compagnies cassent les prix et tiennent grâce à l'intervention régulière de l'Etat qui garantie des crédits ou prête des fonds. Seulement, en début de semaine, le ministre des transports a décidé de ne plus payer et la compagnie s'est effondrée, laissant les gens où ils sont. Que le Gouvernement ferme la manne financière lorsqu'il n'y a plus aucun intérêt à maintenir la compagnie, privée, sous respiration artificielle c'est logique, mais qu'aucune mesure ne soit prise pour assurer le rapatriement des gens coincés dans les aéroports, c'est de l'inconscience ou de l'incompétence, l'un n'excluant pas l'autre.

L'ampleur de la catastrophe a provoqué une réaction forte du chef de l'Etat lors de la réunion du Conseil des ministres, hier, pourtant dédiée à la finalisation du budget.


Vue l'absence de réaction efficace du Gouvernement face à la crise causée par la brusque cessation d'activité de Vim Avia, le Président a, ce qui est rare, adressé un blâme au ministre des transports M. Sokolov et sermoné le vice Premier ministre en charge des transports, A. Dvorkovitch. Le premier étant menacé de devoir quitter ses fonctions s'il n'est pas capable de très rapidement régler la situation, le second étant peut être "trop chargé". La situation a été réglée en payant une partie des dettes et en envoyant d'autres compagnies récupérer les passagers.

Mais le problème est plus profond, il est systémique, idéologique. Comme le souligne le Président, cette histoire n'est pas une exception. Des critères abstraits qui ne permettent pas aux régulateurs de voir la réalité des problèmes, des refinancements publics sans fin et aucun contrôle sur le business qui, manifestement en abuse. Une certaine prise de conscience, qui pourrait faire définitivement sortir la Russie de l'ère post-soviétique avec son culte démesuré du business, peut résulter de cette crise, si l'on en croit cette réaction de V. Poutine
"Mais le business n'existe pas pour les business men, il existe pour les gens"
C'est ici l'erreur fondamentale de la Russie post-soviétique: ce business-là n'existe pas pour les gens, il existe pour les actionnaires. C'est un autre business, nous ne sommes plus au 19e. Nous ne sommes plus à l'époque du libéralisme. C'est pourquoi ce business a obtenu un désengagement de l'Etat et de ses organes de contrôle qui ne peuvent que faire pression sur les pauvres entrepreneurs, les empêcher de prospérer pour l'intérêt de la nation.

La réalité est beaucoup plus triviale. Le business des compagnies aériennes ou des constructions en est l'image. Car, comme le rappelle V. Poutine, la situation est répandue. Des agences de construtions font appel à des investissements privés, aux économies des individus, pour construire des immeubles qui ne sont pas construits et laissent les gens sans argent et sans logement. Sans même parler des constructions illégales que les voisins n'arrivent pas à empêcher. Ainsi, il faut un système de contrôle qui permette au business de rester dans les limites de la légalité, ce qui est absolument impossible sans contrôle étatique. 

Mais la Russie aura-t-elle le courage de s'affranchir du puissant lobby néolibéral plaidant avec beaucoup de force la cause de la dérégulation et de la réduction toujours plus forte du contrôle des organes étatiques, a priori abusif et contre-productif. Ces organes n'ont presque plus de compétences de contrôle efficace et la situation ne s'est pas améliorée. J'entends pour les consommateurs. Pour ceux qui prennent l'avion. Pour ceux qui investissent leurs fonds dans des constructions neuves. Pour ceux qui se retrouvent à côté de constructions illégales ou ceux qui habitent des bâtiments avec des défauts de fabrication. Car ce business-là n'existe bien que pour les business men.

Il serait peut être temps de passer du "climat d'investissement" au "climat de consommation", non? 






5 commentaires:

  1. Rien n'est régulé, c'est terrible. S'il y a des constructions illégales c'est qu'il existe un permis de construire? Si les constructions illégales étaient menacées de destruction il y en aurait déjà beaucoup moins. Pourquoi ce gouvernement ne fait rien? Le lobby néolibéral est une catastrophe pour la Russie mais il n'est pas puissant au point de paralyser toute la classe politique. Que font les communistes, les gens de gauche?

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  2. Le business est une activité sauvage face à laquelle les gouvernements sont impuissants. La raison est simple : le système boursier est un système de spéculation auquel les gouvernements du monde entier sont assujettis à partir de l’instant où ils émettent des actions. Ce qui revient à dire et nous l’avons vu en Grèce et à Chypre que les gouvernements sont assujettis à la faillite au même titre que les entreprises privées. Ce qui distingue l’une de l’autre c’est que les gouvernements ont des sources de revenus multiples qui les rendent plus solides qu’une entreprise privée qui n’a que l’émission de ses actions. À cela si l’on rajoute la cupidité et le manque de scrupules de leurs dirigeants ça donne des catastrophes comme celle de la compagnie Vim, d’Enron et les crises financières comme celle de 2008. Vladimir Poutine a réussi à remettre la Russie sur les rails après la désastreuse administration de Yeltsine, mais il lui reste l’épine des oligarques dans le pied. Un défi de taille. J’ose croire qu’il parviendra à contrôler la voracité de ces insatiables avec le BRIXIT, mais rien n’est encore joué si l’on tient compte (on n’a pas le choix) des manœuvres dilatoires des États-Unis et de ses vassaux. Tant que le système boursier perdurera, nous assisterons, malheureusement, à de spectaculaires fraudes telle celle de Vim Avia. Car s’en est une. Les nations du monde entier vivent avec une épée de Damoclès sur la tête : le système boursier et le prêt. À ce propos, un journaliste qui lui avait demandé quelle était la plus grande invention de l’humanité, Edgar Bronfman avait répondu : «le prêt à intérêt». Le journaliste avait usé d’un euphémisme en parlant d’invention de l’humanité et non d’une invention juive, car le diabolique Iahvé exige et bénit le prêt à intérêt. (Deutéronome XXIII, 21). Quant aux dirigeants de Vim Avia je doute qu’ils aient fui en Turquie sachant que la procédure d’extradition existe entre la Russie et la Turquie. En revanche le seul repère de gangsters où ces messieurs peuvent terminer leurs jours sans tracs est Israël. Enfin (excusez moi j’ai toujours du mal à m’arrêter) le seul qui ait compris la diabolique nuisance du marché boursier fut Hitler. Il a été diabolisé et forcé à entrer en guerre parce qu’il voulait remplacer en Allemagne une économie boursière par une économie de production. Lisez Mein Kampf. Faut toujours donner la parole à l’accusé.

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    1. Mais il n'a été forcé par personne à faire toutes les horreurs qu'il a faites.

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    2. Ah pardon, je n'avais pas compris de qui vous parliez...

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