Mercredi 22 novembre se sont réunis à Sotchi les dirigeants des pays "vainqueurs" de l'opération militaire lancée en Syrie contre Daesh, à savoir en plus de la Russie, la Turquie et l'Iran. L'absence de la coalition américaine a été fortement remarquée. Absence physique et négation politique. La Russie a remporté une première manche, pour autant, les jeux ne font que commencer.
Deux jours avant ce sommet, Assad est venu en Russie, à Sotchi, pour s'entretenir avec Vladimir Poutine. Ce fut l'occasion pour le Président russe d'annoncer la fin proche de la phase militaire avec la défaite de Daesh et le lancement du processus politique. Il a ainsi pris la main et garantit l'intégrité territoriale de la Syrie autant que la participation de Assad au processus de réglement politique.
«Je voudrais vous féliciter pour les résultats atteints par la Syrie en termes de lutte contre le terrorisme, pour le fait que le peuple syrien, qui traverse des moments très difficiles, voit arriver la défaite définitive et inévitable des terroristes», a déclaré, selon un communiqué du Kremlin, le président russe.«Je pense qu'il est maintenant temps de passer au processus politique», a-t-il ajouté (...).
Après cet entretien, il a téléphoné au Président américain, pour une longue conversation dont quasiment rien n'a filtré. La presse anglosaxonne, comprenant le danger du processus, processus qui n'est pas maîtrisé par la coalition américaine, tente alors une opération de discréditation en le présentant comme simplement "exécuté" par la Russie, qui aurait demandé "l'accord" de D. Trump:
Vladimir Putin has sought Donald Trump’s broad endorsement for his plan to bring the Syrian civil war to a close on largely Russian and Iranian terms, after the defeat of Islamic State and the repeated pushbacks of Syrian rebels.
La conférence qui va suivre à Sotchi le 22 novembre est quelle que peu surréaliste. Les trois parties en cause, la Russie, l'Iran et la Turquie, si elles ont un ennemi (voire deux) commun, à savoir les terroristes, n'ont pas forcément les mêmes intérêts "positifs", à savoir sur l'avenir de la Syrie. Notamment sur la question kurde. Cette conférence est également surréaliste par l'absence des Etats Unis. Absence physique, puisqu'ils n'ont pas été invités pour discuter d'un plan de paix sur l'avenir de la Syrie, mais ils sont également totalement absents des discours.
Cette position est salutaire. Elle confirme la prise de conscience de l'absence de possibilité d'un réel partenariat entre les Etats Unis et la Russie sur ce dossier en particulier, et sur la scène internationale en générale. Une saine concurrence entre ces deux puissances, la Russie s'étant à nouveau affirmée comme puissance, est la seule issue positive. Le combat (géopolitique), lui, est inévitable.
Trois Etats décidant de l'avenir d'une zone de conflit, cela rappelle des souvenirs. Et la presse russe n'est pas la seule à y voir une sorte de deuxième Yalta.
Si l'image est belle et porteuse d'espoir, l'on peut douter que dans les faits il en sera ainsi. Yalta a été efficace, car il a permis un accord entre toutes les puissances en jeu, l'URSS ayant payé très cher le droit de se retrouver à la table. Ici, seulement un bloc des puissances politiques est représenté, tous les combats restent possibles.
Politiquement, la Russie lance un Congrès du dialogue national syrien qui devra regrouper toutes les forces politiques du pays, l'opposition interne et extérieure ainsi que le gouvernement régulier. Ces forces prépareront alors une nouvelle constitution, avec le soutien de l'ONU. C'est effectivement la sortie idéale pour la Russie. Mais au minimum, deux questions ne sont pas encore réglées. La première va être celle des relations entre la Turquie et les Kurdes, Turquie qui doit jouer un rôle important pour convaincre l'opposition syrienne de se déplacer en Russie pour discuter de l'avenir du pays. La seconde est la concurrence mise en place avec le processus de Genève, même s'il n'est pas très efficace, personne ne l'a encore annulé. Il peut parfaitement devenir la plateforme concurrente de réglement du conflit, plateforme tenue par les Etats Unis.
Et cette option de prologation du conflit politique est affirmée dans la presse américaine, lorsque le Washington Post détaille la décision de laisser en place les troupes américaines en Syrie pour un délai illimité:
Le but est également clairement affirmé: renforcer la position des kurdes dans les négociations qui s'annoncent ... à Genève:
U.S. officials say they are hoping to use the ongoing presence of American troops in northern Syria, in support of the Kurdish-dominated Syrian Democratic Forces (SDF), to pressure Assad to make concessions at United Nations-brokered peace talks in Geneva. The negotiations there are set to resume at the end of this month after sputtering along for more than three years without result.
Rien n'est encore joué, la partie vient seulement de commencer. Mais la Russie a pris un véritable avantage, à ce jour.
Qui survivra verra! Pogivem, ouvidim:)
RépondreSupprimerIl faut compter sur les étasuniens et leur alliés pour pourrir la situation autant qu'ils le pourront. Ils n'admettront jamais leur défaite et feront tout pour que les russes et les iraniens ne sortent pas vainqueurs de ce conflit. Les pauvres syriens ne sont pas au bout de leurs peines.
RépondreSupprimerCe n'est qu'une bataille de gagné, mais rien, absolument rien n"est acquis. Le calvaire de l'Irak et de la Syrie est l'application du plan Ynon pour le grand israel. Tant que le diable juif furète il faut s'attendre au pire.
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