Les pays baltes sont décidément le fer de lance de la politique globaliste antirusse en Europe. Et l'Estonie tient ici dignement son rôle. Dans la ligne politique des mesures contraignantes spécifiques adoptées contre les Russes ethniques (près de 30% de la population), l'on s'arrêtera aux Voeux de fin d'année présentés au peuple par le président du Parlement estonien, ne trouvant rien d'autre à dire que d'annoncer le retour des prétentions politiques territoriales contre la Russie - juridiquement caduques depuis 1940. Voici ce que l'on peut attendre d'un pays qui n'a manifestement ni l'habitude, ni la culture de la souveraineté. D'un pays qui s'est trouvé un nouveau maître, comme à chaque période de son existence (hors, depuis le 16e siècle, la période d'indépendance allant de 1920 à 1940). Pourquoi se souvenir des accords caducs de Tartu de 1920 et non pas de ceux de Nystad de 1721 alors ? La mémoire historique est manifestement proportionnellement sélective à la politisation de l'analyse juridique.
Henn Polluaas, président du Parlement estonien, a présenté de très étranges Voeux à ses concitoyens. Il en résulte que la seule destinée du pays ne soit aujourd'hui de servir l'OTAN et l'Atlantisme dans sa guerre contre la Russie. Ce sont des perspectives réjouissantes pour le peuple estonien, soit. Rappelant la fameuse occupation russe du territoire estonien (l'on se demande quel pays n'est pas encore soit occupé, soit dirigé par la Russie), il estime qu'avec la "restauration de l'indépendance de l'Estonie", le pays doit revenir dans les frontières de 1918. Et il en appelle aux fameux accords de Tartu, conclus entre l'Estonie et l'URSS après la chute de l'Empire russe. Or, en 1940, lors de l'entrée de l'Estonie dans l'URSS, une partie du territoire a été rattaché aux régions de Léningrad et de Pskov.
Le choix de 1918 est assez surprenant, car alors l'Estonie était en totale guerre civile, comme dans l'ensemble de l'ancien Empire russe, à cette époque et parler d'instauration d'une quelconque structure étatique à cette date est pour un juriste assez fantasque. Mais la politique n'a pas la rigueur du droit, il serait bon alors de ne pas trop politiser l'analyse juridique, afin de ne pas la faire tomber au niveau du Café du commerce.
Pour remettre la question de l'existence de l'Estonie comme Etat dans son cadre historique - antérieur à 1918, voici quelques remarques. Le territoire du Duché d'Estonie entre dans la Suède au 16e siècle. A la suite de la Grande guerre du Nord, la Suède ratifie le Traité de Nystad avec la Russie en 1721, qui acquiert contre deux millions de Thalers (soit 56 tonnes d'argent) versés à la Suède différents territoires, notamment le Duché d'Estonie et les territoires dits Baltes aujourd'hui. La situation va se stabiliser jusqu'au début du 20e siècle avec la chute de l'Empire russe. Alors, pendant 20 ans, de 1920 lorsqu'après deux ans de guerre civile elle signe les accords de Tartu avec la RSFSR (avant l'existence juridique de l'URSS) jusqu'au début de la Seconde Guerre mondial, où en 1940 elle revient dans le territoire historiquement russe avec l'URSS, pendant cet intervalle, en effet l'Estonie fut indépendante. 20 ans sur 4 siècles. Ensuite, jusqu'à la chute de l'URSS, elle fait à nouveau partie du territoire soviétique.
Donc la logique de l'Estonie aujourd'hui, sur le plan juridique, est pour le moins surprenante. Car si un traité n'annule pas le précédent (puisque le président du Parlement estonien rappelle 1920 et oublie 1940), pourquoi s'arrêter à 1920 ? Poussons l'absurde à son paroxysme : pourquoi la Russie ne pourrait-elle, avec la sécession de l'Estonie après la chute de l'URSS, puisque la Russie est l'Etat juridiquement continuateur de l'URSS sur la scène internationale, réclammer 56 tonnes d'argent à la Suède et à l'Estonie, car en 1721 elle avait payé pour ce territoire, qu'elle ne possède plus ? Dans la logique très spécieuse du président du Parlement estonien, la Russie a ainsi subi un dommage en 1991, l'Estonie et la Suède n'ont pas garanti l'exécution du Traité et doivent donc payer une compensation.
Je trouve qu'un recours en ce sens serait assez amusant. Et remettrait les choses à leur place.
En tout cas, quelle chance de voir qu'en 2020 rien ne change ...
En effet, rien ne change, surtout pas la russophobie toujours très active dans les pays baltes. Si les estoniens s'imaginent que les russes vont leur "restituer" ne fut-ce qu'un m2 du territoire qu'ils réclament, c'est qu'ils sont encore plus idiots que ce que je croyais.
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