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lundi 6 janvier 2020

Guaido / Parra : le Venezuela, symbole de la crise du processus électoral en période de globalisation



Le Venezuela est devenu le symbole de l'échec du système électif à garantir à la fois l'expression de la volonté populaire et la gouvernance du pays en fonction des intérêts de la population. La crise politico-institutionnelle, dans ce pays dont les réserves de pétrole aiguisent les dents de son voisin américain, est une crise avant tout provoquée de l'extérieur, afin que de "bonnes personnes" arrivent au pouvoir. La prise en main américaine des ressources énergétiques vénézueliennes et la mise en place d'une marionnette à la Guaido sont les conditions de la stabilité politique dans le pays, qui pourra alors être déclaré démocratique. Les élections ne sont devenus qu'un moyen de légitimer a posteriori les intérêts extérieurs en jeu ou d'empêcher une gouvernance nationale. Et le Venezuela se retrouve avec deux présidents d'une seule Assemblée nationale, Guaido reconnu par le monde globaliste et Parra par le pouvoir national. 


Ainsi, Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale depuis un an, qui depuis un an tente de renverser le pouvoir au Venezuela pour le compte des Etats-Unis (voir nos textes ici sur le rôle des USA et ici sur le combat idéologique globaliste / souverainiste qui en est à la source) au lieu de gouverner selon les règles constitutionnelles, un président de l'Assemblée nationale qui s'est exilé pour préparer plusieurs fois des coups d'Etat qui ont échoué, a été renversé par les députés vénézuéliens lors des élections d'hier, qui se sont pour le moins déroulées dans un certain chaos.


Finalement, le député de la majorité présidentielle Luis Parra a été élu, ou s'est proclamé élu, pendant que Guaido conteste cet accès au pouvoir, alors qu'il tente la même chose avec la présidence du pays - puisque rappelons qu'il s'est autoproclamé président du Venezuela par intérim (sans aucun processus électoral) en montant sur une estrade dans la rue avec un haut-parleur. Mais il a été soutenu et reconnu par le clan globaliste.

Maduro a déclaré que les élections étaient conformes et que Luis Parra est élu pour un an à la tête de l'Assemblée parlementaire, où le parti d'opposition a lâché Guaido. Pompeo et les Etats-Unis ont reconnu l'élection de leur candidat Guaido, tout en contestant la légitimité du déroulement du processus électoral. L'on appréciera la logique : soit il y a eu des élections et les chiffres conduisent à l'élection de Parra, soit il n'y a pas eu d'élection et aucun des deux candidats n'a pu être élu.

L'absurdité de la situation atteint effectivement ici son paroxysme. Peu importent les moyens et peu importent les résultats, seul son candidat doit être au pouvoir. Alors les Etats-Unis reconnaîtront l'avènement de la démocratie dans le pays. C'est ce que formule en substance, sans la moindre note d'humour, Pompeo:


Autrement dit, Pompeo félicite Guaido avec sa "réélection" et estime que seul un gouvernement de transition (certainement dirigé par Guaido) permettra des élections libres (de Guaido?) et ainsi une sortie de la crise. Vive la démocratie!

Les élections sont devenues une caricature, et pas uniquement dans ces pays éloignés, car un fossé idéologique s'est creusé entre des élites globalisées et les intérêts des populations nationales et votantes. Dans les pays qui refusent l'alignement total et la  paix démocratique américaine contre le pétrole national, les attaques sont féroces jusqu'au moment où les "mauvais" gouvernants ne tombent par la force d'une intervention. Lorsque les pays déjà "démocratiques" ont des sursauts inquiétants d'expression de la souveraineté populaire, ceux-ci sont soit ignorés, soit orientés vers des voies qui n'influent pas sur la gouvernance. Rappelons-nous la Constitution européenne, rejetée par référendum populaire, acceptée docilement par les députés. Toutes les voix qui s'élèvent contre la grande braderie des privatisations en France sont ignorées ou ridiculisées. Combien de fois des groupes d'activistes ont-ils tenté de modifier les résultats du Brexit, qui fut par ailleurs saboté par les députés, avant que Johnson ne remporte une victoire électorale - même si le Brexit n'est pas encore réalisé. Lorsque la voix populaire est trop dangereuse, les élections ne sont tout simplement pas organisées - voir l'Italie. Quand on ne peut les empêcher, c'est le système des partis politiques, déjà très faible en général, qui est neutralisé avec de faux partis et une fausse opposition, comme en France.

L'exemple du Venezuela devrait nous faire un peu plus réfléchir sur l'institution électorale. Les élections n'ont de sens que lorsque le pays est souverain, sinon elles ne sont qu'un moyen de légitimer un pouvoir extérieur ou d'empêcher une gouvernance intérieure.


3 commentaires:

  1. "Pauvre Venezuela, si loin de Dieu et si proche des USA"
    Ce que l'on disait du Mexique s'applique tout autant au Venezuela. Maintenant que les réserves de pétrole du premier sont tombés dans les mains des USA, c'est le tour du Venezuela.
    Heureusement ce n'est pas le cas avec la France, étant un pays soumis, il n'y a pas de risque de problèmes, sauf pour les gilets jaunes qui en prennent "oeil pour oeil, dent pour dent" depuis un an.
    Le jour ou le New York Times et Wall Street Journal se félicitait de l'arrivée de Macron au pourvoir, on aurait pu anticiper cette grande braderie:

    https://fr.sputniknews.com/economie/201912051042541020-le-fleuron-historique-francais-de-laeronautique-latecoere-passe-sous-controle-americain/

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    1. Sans trop ajouter aux malheurs du monde, je me permets de rappeler le sort de la Bolivie.

      Le pays possède la première réserve mondiale de lithium (35%) et la deuxième réserve de gaz du continent, les deux ayant été nationalisées par Evo Morales Ayma dans le but de sortir la population de la misère et de l'analphabétisme. Chose en voie d'être faite jusqu'au coup d'état de la minorité de la droite dure, qui privatisera ces immenses ressources, ce qui signifie qu'elles seront sous contrôle étranger, privant ainsi la population de ses profits.

      Tout comme Latecoere, ou Alstom ...

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  2. «Les élections sont devenues une caricature» en effet, à Londres même, le berceau de la démocratie parlementaire est sur le point de vaciller ! Les abstentionnistes sont les plus nombreux sauf en Chine faute d’élections, et sont le facteur «devenu le symbole de l'échec du système électif à garantir à la fois l'expression de la volonté populaire et la gouvernance du pays en fonction des intérêts de la population» et plus généralement le «symbole de la crise du processus électoral en période de globalisation». Pourquoi ? Est-ce la répression implacable de toute opposition radicale associée à la corruption vue de tous, reléguant tous les élus (même les plus intègres) au rang de corrompus ? Est-ce à cause de la «période de globalisation» du néo-libéralisme stade du 4ème âge sénile du capitalisme qui conduit à l’extinction de la démocratie avant celle de la 6ème espèce ?

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