Le 8 juin, le dirigeant de DNR, Denys Pouchiline, a décidé de renouveler le gouvernement local. En période de conflit armé, quand la région se fait bombarder tous les jours, il est plus que surprenant de voir débarquer des "manageurs" russes et cadres locaux de parti, formés à l'idéologie néomanageriale globaliste et très loin des besoins réels du Donbass. Le but annoncé, et louable, est celui d'une plus grande intégration de DNR dans la Russie. Une décision qui, dans sa réalisation, soulève beaucoup de questions.
Comme nous le voyons et le relayons, Donetsk est désormais l'objet de bombardements quotidiens par les forces armées ukrainiennes. Chaque jour, des blessés et des morts civils. Et dans ce contexte, Pouchiline "décide" de changer le gouvernement. Cette décision, sans aucune surprise, a été accueillie favorablement par le Kremlin.
L'ancien Premier ministre, Alexandre Anatchenko, est démis de ses fonctions et plusieurs membres du gouvernement sautent, pour être remplacés par des fonctionnaires russes. Ainsi, le nouveau Premier ministre, Vitaly Khotsenko, est né dans la République fédérée soviétique d'Ukraine en 1986, a fait ses études à l'Université d'Etat de Moscou, puis à l'Ecole de l'administration (régulation économique) et, grâce à son papa, a eu une carrière politique très rapide dans la région de Yamalo-Nenets, où justement papa luttait contre la criminalité. Ensuite, en 2019, pour continuer sa carrière et sortir du plan local, il a passé le fameux concours des "Leaders de Russie" et est passé par "l'école des gouverneurs", ces structures formant au néomanagement les cadres actuels de l'Etat en Russie.
D'autres cadres de l'administration russe passent à DNR. Evgeny Solntsev, qui vient des Chemins de fer russes, est nommé premier vice Premier ministre. Alexandre Kostomarov, un des cadres de Russie Unie au niveau régional, est nommé Premier vice-président de l'Administration du dirigeant de DNR.
Pouchiline explique ces changements par le besoin de renforcer l'intégration de DNR dans la Russie.
La nécessité d'une intégration plus importante est évidente, elle ressort du choix de la population fait il y a 8 ans de cela. La question étant comment la réaliser ?
La situation de guerre dans laquelle se trouve la région depuis 8 ans et l'accélération du processus des derniers temps obligent à se demander si des "manageurs" et politiciens d'appareils sont les mieux à même de relever les défis qui se posent aujourd'hui à Donetsk. Car, pour avancer, la région n'a pas besoin de s'enfoncer dans les cultes globaux, toujours et encore bien ancrés en Russie, mais de rester dans le réel, de régler les problèmes du réel - la défense militaire, la distribution d'eau et d'énergie, le développement de l'industrie (et non pas la désindustrialisation touristique et climato-compatible), le fonctionnement des hôpitaux (et non pas la télémédecine), le fonctionnement des écoles (et non pas une parodie vidée de toute substance).
Les cultes managériaux et numériques, qui affaiblissent déjà la Russie, car les élites post-soviétiques ont complètement été formatées, peuvent être extrêmement dangereux pour le Donbass, sur le plan vital, existentiel, dans le sens direct du terme. S'il est important d'intégrer le Donbass à la Russie, la question reste à savoir à "quelle" Russie - la Russie globaliste de Golikova et Kirienko, ou la Russie qui se relève, celle de Tolstoï et Volodine ?
Je crois que les globalistes sont sous contrôle. Le problème c'est quand on les laisse en roue libre.
RépondreSupprimerTrès intéressant. Ainsi, la Russie n'attend pas la fin de "l'opération spéciale Z" pour reconstruire et faire repartir l'économie de l'Ukraine. Elle le fait en parallèle (en gestion de projets techniques, on appelle cela du "concurrent engineering"). Elle a de plus de gros chantiers civils à organiser : l'approvisionnement en eau, les céréales et autres biens qui ne peuvent circuler par la voie des mers à cause du nombre de mines hallucinant laissées dans la Mer Noire par les forces armées ukrainiennes, la reconstruction des bâtiments et des voies de communication terrestres, etc.
RépondreSupprimerFaire venir des cadres de Russie pour opérer ces gros chantiers ne me paraît pas stupide au regard des normes et des processus de gestion propres à la Russie. Du moins dans un premier temps. On connaît les Ukrainiens, dès qu'on leur lâche la bride, ça se barre en sucette (Cf corruption + désastres comme Tchernobyl par exemple).
Pour être équitable, quand je parlais d'Ukrainiens, je ne voulais pas parler des gens de la rue mais des élites hors sol de ce pays contrôlées aujourd'hui par Washington et le Pentagone avec les résultats pitoyables qu'on connaît (les dizaines de milliers de morts inutiles) :
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=KKtofNBgSiU
Qu'ils montrent ce qu'ils sont capables de faire. Ca ne va pas être facile. Il ser
RépondreSupprimer... il sera toujours temps de les éconduire s'ils ne font pas l'affaire.
SupprimerMerci d'avoir parlé de cela, je comprends mieux ce que j'ai lu hier.
RépondreSupprimerAujourd'hui je lis dans "svobodnaia pressa" que des bombes sont tombées tout près du bureau de Pouchiline, les bombardements à Donietzk ne semble pas s'arrêter, mais redoubler...
Faire venir des cadres de Russie semble effectivement intelligent, mais les éléments biographiques des nommés ne sont pas très encourageants...
l'ENA aussi était un vivier remarquable avec la "promotion France combattante" et les promotions suivantes, l'évolution des mentalités, le pantouflage etc... l'ont tout de même dévoyée...
Cordialement,
Très intéressant... Cette figure du changement fait désagréablement écho à ce qui passe trop souvent en France. Nous y sommes soumis à des caprices locaux et nationaux, des petits chefs pratiquant la novlange du profit, celle qui impose, divise, corrompt volontiers et écrase les volontés des populations.
RépondreSupprimerIl me semble que les habitants de DNR sont à peine sorti de la lutte contre les Nazis, ce qui, là aussi, fait écho dans ma mémoire. Nous avons eu un Conseil National de la Résistance qui a su écarter les volontés de pouvoir, les idéologies mercantiles ou fascistes pour imposer un programme populaire partagé qui a permis la France de se relever. J'espère que les populations de DNR, soudées par le combat et le malheure saurant se faire entendre et comprendre de la Russie, pour ne pas céder à ce "management" néo-occidental qui fait encore et toujours le malheur de la planète, même s'il permet d'enrichir une poignée de gens, et de faire grimper le PIB.
Je pense du coup à la situation générale russe. Quelle est la part de V Poutine dans ce formatage de la haute administration ? Est-ce que des hommes comme Michoustine ne sont pas le fruit de 20 ans de poutinisme ? Poutine parle de purification de la Russie depuis le mois de mars, de ciment civilisationel depuis des années mais laisse démanteler le Musée national du folklore il y a trois ou quatre ans, laisse les gouverneurs QR iser le peuple depuis 2020 et disait considérer, je crois, Kissinger/Rockefeller comme un ami. ?
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