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mercredi 19 février 2025

Les nouvelles du front des négociations : la Russie reste ferme face aux Etats-Unis


Après la première rencontre des délégations russe et américaine, certains éléments ont été précisés et l'ambiance générale tranche (pour l'instant) franchement avec celle des négociations antérieures. Les Etats-Unis sont maintenus en position de demandeur et la Russie a bloqué les tentatives de dérives atlantistes, directes et indirectes. Le jeu continue et s'intensifie. C'est un long processus, qui n'en est qu'à ses débuts.

Les discussions furent intenses et, somme toute, rapides. Cette fois-ci, la mise en scène n'a pas été celle d'une fausse amitié, le sérieux était de rigueur et la tension palpable. Les délégations avaient leur circuit propre d'accès à la salle des "pourparlers sur les pourparlers", leurs ascenseurs propres avec leurs journalistes. La dimension économique de la discussion a été isolée. Pas de poignée de main, ni avant, ni après. Pas de photos de famille. On n'est pas dans la posture.

A la fin de ce premier round de pourparlers, Ouchakov a été d'un optimisme modéré et justifié :

- Les négociations entre les délégations russe et américaine se sont bien déroulées.
- Selon lui, il y a eu une discussion sérieuse sur toutes les questions.
- La Russie et les États-Unis ont convenu de faire progresser les relations bilatérales, et Moscou et Washington sont tous deux intéressés par cela.
- Il est difficile de dire pour l’instant, si les positions de la Russie et des États-Unis convergent, mais on en a parlé à Riyad.
- Des équipes séparées de négociateurs russes et américains entameront des contacts sur l'Ukraine en temps voulu.

En discutant avec les journalistes, Ouchakov a calmé leurs ardeurs à voir rapidement d'ici fin février organisée une réunion entre Trump et Poutine - cela demande encore beaucoup de travail. Ce que Peskov a confirmé de son côté ensuite. 

La délégation américaine a elle aussi fait plusieurs déclarations, dont pour l'essentiel :

▪️ Mettre fin au conflit en Ukraine nécessitera une « diplomatie difficile et intense » sur une longue période

▪️ Mettre fin au conflit en Ukraine nécessitera des concessions de toutes les parties et n'est possible qu'avec leur consentement, les conditions doivent être « acceptables » pour tous

▪️ Trump veut mettre fin au conflit en Ukraine de manière équitable et empêcher sa reprise « dans 2-3 ans »

▪️ L'UE doit être à la table des négociations à un moment donné, car elle a imposé des sanctions contre la Russie

▪️ L'avenir du processus de négociation sur l'Ukraine sera déterminé par la volonté des parties de « tenir leurs promesses », cela se démontrera dans les semaines à venir

▪️ La fin du conflit en Ukraine ouvrira la voie à la coopération économique et géopolitique entre la Russie et les États-Unis

▪️ Il n'y a pas eu de contacts significatifs entre les États-Unis et la Russie depuis près de trois ans, la réunion de Riyad a jeté les bases d'une interaction future

▪️ Les travaux visant à rétablir les activités des missions diplomatiques russes et américaines pourraient être assez rapides

▪️ Le rétablissement du fonctionnement normal des missions diplomatiques américaines et russes constitue la « prochaine étape » du processus de négociation entre les deux pays

▪️ Les États-Unis considèrent, qu’il est impossible de négocier avec la Russie sur l’Ukraine sans le fonctionnement normal des missions diplomatiques"

Dans le discours américain, l'Ukraine est bien l'objet et non pas le sujet des négociations et l'implication de l'UE est envisagée du point de vue de la levée des sanctions. C'est certainement pour cela, que les pays de l'UE viennent de se mettre d'accord sur un nouveau paquet de sanctions contre la Russie. La carotte US : le fric, pardon le rétablissement des relations commerciales après le conflit. Ce qui de toute manière est une évidence. Donc, la carotte est plutôt déshydratée.

Ensuite, Lavrov a donné une conférence de presse, compacte.


Le premier point est celui du principe de la restauration des relations bilatérales américano-russes :

Quand les intérêts nationaux coïncident, il faut tout faire pour unir les efforts dans ces directions et réaliser des projets mutuellement bénéfiques dans la sphère géopolitique et dans les affaires économiques.

Ce qui conduit le NYT à acter aujourd'hui l'échec de la politique d'isolement de la Russie. Ce n'est pas qu'elle ait particulièrement fonctionné avant, mais aujourd'hui c'est officiellement une défaite atlantiste sur ce point :

"La réunion, qui a eu lieu en Arabie saoudite, a été une réinitialisation vertigineuse des relations russo-américaines après trois années d'efforts occidentaux pour isoler Moscou"

Le second point important est celui de la restauration des missions diplomatiques dans leur volume initial, avec la nomination respective des ambassadeurs, la fin des entraves au fonctionnement normal de la mission diplomatique russe aux Etats-Unis et la restauration à la Russie des biens immobiliers de sa mission diplomatique, alors spoliés.

Cela est posé comme la base de la réalisation effective d'une coopération entre les deux pays. Si ce point se réalise, alors ce sera déjà une belle victoire diplomatique de la Russie. Symbolique, mais aussi politique.

Ensuite, troisième point, l'Ukraine. La Russie maintient ici les Etats-Unis en position de demandeur :

Nous avons convenu que dans un proche avenir, un processus de règlement ukrainien serait mis en place. La partie américaine communiquera qui représentera Washington dans le cadre de ce travail. Dès que nous connaîtrons le nom et le poste du représentant correspondant, comme le Président russe Vladimir Poutine l'a dit au Président américain Donald Trump, nous désignerons immédiatement notre participant à ce processus.

La Russie adaptera la composition de la délégation spéciale pour négocier la question ukrainienne, en fonction du niveau de représentation choisi par les Etats-Unis. Si les Etats-Unis veulent réellement tenter un règlement du conflit, il faut une composition de haut niveau, dans tous les cas leur volonté sera claire et la Russie en prendra note.

Et les Etats-Unis ne sont absolument pas certains de leur victoire en cas de confrontation militaire directe avec la Russie, ce que Trump a rappelé :

« Ils (Les Russes) ont une machine puissante. Vous comprenez cela ? Et ils ont vaincu Hitler et ils ont vaincu Napoléon. Vous savez, ils se battent depuis longtemps. Ils l’ont déjà fait … (...) Je pense qu’il (Poutine) veut arrêter. C’était ma question. Parce que s’il continuait, ce serait été un gros problème pour nous, et cela me causerait un gros problème, parce qu’on ne peut pas laisser cela se produire. » 

Parallèlement, la Russie a désamorcé quatre pièges.

Le premier, le plus grossier, était celui de l'apparition magique de Zelensky, qui se promenait chez les voisins. La Russie ayant bloqué immédiatement cette tentative en rappelant qu'il s'agit de pourparlers concernant la restauration des relations bilatérales entre les Etats-Unis et la Russie, Zelensky a annulé, selon le NYT, la visite qu'il avait prévu de faire aujourd'hui en Arabie Saoudite.

Le deuxième piège fut celui de l'arrêt des frappes russes - sur les infrastructures énergétiques évidemment et non moins évidemment pour des raisons strictement humanitaires. Lavrov a coupé court en précisant que la Russie ne cible que les infrastructures utilisées par l'armée, il n'y a donc aucune raison de suspendre ces frappes.

Le troisième piège était celui d'un vrai/faix plan de paix américain porté par Kellog, secret mais fuité par les Polonais, qui aurait été en trois points et aurait prévu des élections en Ukraine. Bref, un énième Minsk. Lavrov a déclaré ne pas l'avoir vu et avoir donc adressé la question à la délégation américaine, qui a bien été obligée de faire marche arrière et de démentir l'existence d'un tel plan. Et Lavrov de déclarer :

Aujourd'hui, j'ai demandé au Secrétaire d'État américain Marco Rubio et à Mike Waltz ce que cela signifiait. Ils ont répondu que c'était une infox.

Le quatrième piège, celui d'une occupation militaire de l'Ukraine par des forces armées de pays de l'OTAN, quelle qu'en soit la raison, a été torpillé par Lavrov, rappelant que si Trump comprend qu'une entrée de l'Ukraine dans l'OTAN est inacceptable pour la Russie, il doit bien comprendre que la présence de militaires de pays de l'OTAN en Ukraine revient à la même chose pour la Russie :

À cet égard, nous avons expliqué à nos collègues que le Président russe Vladimir Poutine avait souligné à plusieurs reprises que l'élargissement de l'Otan, l'absorption de l'Ukraine par l'Alliance nord-atlantique représentait une menace directe pour les intérêts de la Fédération de Russie et notre souveraineté. Et donc l'apparition de troupes des forces armées des mêmes pays de l'Otan, mais sous un autre drapeau, sous le drapeau de l'Union européenne ou sous des drapeaux nationaux, ne change rien à cet égard. C'est inacceptable pour nous.

Evidemment, les Etats-Unis ne veulent pas (dans un premier temps) envoyer leurs militaires sur le front ukrainien, c'est le rôle dévolu aux colonies européennes. C'est d'ailleurs en substance ce que Macron déclare, en affirmant que la France ne va pas envoyer des troupes de manière autonome, mais dans le cadre de la stratégie de Trump, qui ouvre un jeu plus complexe que sous Biden :

"Lors du sommet de 2024 à Paris, j’avais dit qu’il fallait remettre de l’ambiguïté stratégique, c’était une nécessité. Je n’ai absolument jamais annoncé l’envoi de troupes au sol du côté français. Aujourd’hui, la France ne s’apprête pas à envoyer de troupes sur le sol. Nous réfléchissons à des garanties sécuritaires. Cette ambiguïté stratégique, c’est au fond ce qu’apporte l’élection de Donald Trump. Il recrée de l’incertitude stratégique pour le président Poutine là où son prédécesseur avait dit Jamais je n’enverrai de troupes sur le terrain. Cette incertitude, elle nous sert en ce qu’elle peut aider à faire pression" 

La Russie a fait un sans-faute lors de cette première rencontre, maintenant il va falloir tenir la longueur. Le temps joue pour elle.  


11 commentaires:

  1. Merci de ce point précis, clair.
    Loin des élucubrations des radios et télévisions.
    Merci aussi de la vidéo de Lavrov.
    Vous êtes indispensable !

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  2. Pour négocier quoi au juste ?
    Les Russes veulent que les occidentaux évacuent l'Ukraine
    De l'autre côté l'Amérique et sa coalition ne veulent ni ne peuvent se retirer de ce pays; que Donald ou Mickey soient aux commandes, ne change strictement rien à l'affaire
    Alors quoi?
    Pschitt à l'avance

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  3. Tout cela fait ÉNORMÉMENT plaisir.
    Encore plus que vous chére Madame prenez plaisir à analyser le débit de cette guerre des négociations. Vous donnez pleinement toute votre capacité de juriste et l'on sent que votre moral est remonté :)
    Pourvu que cela dure et bravo et merci INFINIMENT au président Poutine d'avoir donné les bonnes consignes à ses conseillers.

    Maintenant comme vous dites la partie ne fait que commencer. Nous allons voir si les élites globalistes russes resteront
    ou non à leur place qui est en théorie celle de produire des richesses économiques et non de faire de la politique.
    Russie le monde entier te regarde, peuples résistants du monde dit mutipolaire comme peuples soumis du monde dit unipolaire, et les exclus qui sont martyrisés. Tiens bon sur les fronts de de la diplomatie et des batailles de fer et de feu pour qu'ensemble ils puissent un jour vaincre le démon qui détruit l'humanité.
    Nous prions pour toi Russie
    Vive à Russie

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  4. Donald Trump a déchiré l’entente de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique de 2018. Au Canada, nous subissons ce revirement de situation. Donald Trump ne tient pas ses engagements, c’est un fait établi.

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    1. Donald est un bonimenteur, l'aurait du faire carrière dans un cirque en tant que clown avec une casquette et un gros nez 😅
      Il n'y a que lui à croire qu'il est un envoyé de son dieu pour construire un 3eme temple à Jérusalem.
      Les images de Gaza, et les vidéos des enfants déchequités par les bombes US font leur chemin et leur travail : même les Américains comprendront qu'il est un criminel.

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    2. Canadiens, libérez vous des USA en cessant de travailler pour eux ! Il ne manquerait pas de pays du monde entier pour acheter vos productions.
      Et si vous cessez d'exporter électricité et aluminium aux Américains cela ferait autant de moyens en moins chez eux pour faire partout des guerres.

      Virez Trudeau et surtout ne mettez pas le candidat sioniste canadien style la mexicaine Scheinbaum à sa place. Sinon il y aura 3 sionistes à la tête du bloc americano mexico canadien.


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  5. Ce sont les Usa qui empêtrés dans une crise structurelle ont explicitement demandé ces négociations, ils se doivent de réorienter leur politique étrangère et resoudre le problème de la corruption de leur classe politique.
    En guise de rappel est-ce à la Russie de leur offrir l'occasion de regonfler leur orgueil impérialiste et de leur faciliter la tâche en interne alors que de 1989 à 2002 les USA ont enfoncé la tête sous l'eau à la Russie? Qui ont déstabilisé le monde entier par le réveil la manipulation et le soutien aux courants les plus retrogrades de l'Islam.? Qui ont avec leurs à ce moment là fidèles alliés européens, les mêmes qu'aujourd'hui lui valent des remontrances parce qu'en décalage avec le nouveau récit, ont lâchement et illégalement bombardé le sol européen en 1999 et réduit la Serbie en ruines? Je ne crois pas.
    Au contraire, à l'occasion il faudrait rappeler face au monde entier en deroulant toutes les atrocités commises qu'ils réussissent à chaque fois à gommer par la perfidie et les mensonges de leur propagande et la servilité de leurs laquais européens.
    La Russie ne devrait pas céder sur ses intérêts lors de ces négociations. Alors que les Usa sont en difficulté la Russie pourrait permettre un tournant pour l'avenir du Monde, celui de les ramener culturellement et geopolitiquement à leur juste place, celle d'une nation parmi les autres.

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  6. 18.56 ajoutez au trio l'ultra sioniste Javier Milei(novsky) de son vrai nom, et vous avez un panel des dirigeants qui sont des adeptes du Talmud babylonien aux Amériques.

    Quand les cow boys sauront lire, ils brûleront les exemplaires du Talmud pour faire griller leurs steaks. La vérité est comme l'eau elle passe partout.

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  7. Emmanuel Todd avait commenté que "Le job de Trump allait être de gérer la défaite des Etats-Unis face aux Russes". C'est commencé.

    A Ryad, l'un et l'autre se sont écoutés et chacun perçoit la position de l'autre. A ce stade, rien n'est encore réglé mais ils ont au moins rejoint "la même planète".

    La diplomatie de l'UE n'a pas encore été conviée. Ce n'est pas très important. Elle ne manque à personne.

    C'est bien Poutine qui s'est installé dans le siège conducteur de la géopolitique... Bienvenue au XXIe siècle.

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