Hier, Macron s'est adressé aux internautes, afin de préciser la position des élites globalistes et celles-ci n'ont pas changé de position : elles veulent toujours la défaite stratégique de la Russie, qu'elles considèrent comme une menace. Simplement, elles ont accepté le fait que cette défaite ne pourra pas être obtenue (à ce jour) sur le champ de bataille. Les buts restent les mêmes, seuls les moyens changent. La question n'est pas celle de l'importance de Macron personnellement, mais de la position et de l'appréciation de la force réelle des élites auxquelles il appartient, et qui n'ont pas magiquement disparu avec l'arrivée de Trump.
D'une étrange manière, quand Macron parle de "paix durable", l'on entend le bruit des canons. Et cela n'est pas dû à un problème auditif, ni à une illusion sonore. Revenons pour cela sur quelques-unes de ces positions.
Zelensky, le Président légitime - ad vitam
Macron d'affirmer :
Volodymyr Zelensky "a été élu par des électionsron : libres en Ukraine". "Ce n'était pas le favori (...). C'est un président élu d'un système libre", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "Ce n'est pas le cas de Vladimir Poutine, qui tue ses opposants et manipule ses élections depuis longtemps."
Un mandat présidentiel a un terme, ce n'est pas parce qu'une personne a été élue une fois, qu'elle peut légitimement rester en poste lorsque le mandat est terminé. En ce qui concerne la "démocratie" ukrainienne, rappelons simplement que depuis le Maïdan, il ne reste plus aucun parti d'opposition, ils ont tous été interdits par la "justice indépendante", quand leurs leaders n'ont pas été la cible de menaces physiques. Bref, un rêve démocratique ...
L'on retrouve toujours dans le discours de Macron la rhétorique primaire anti-russe. Un Chef d'Etat devrait avoir plus de hauteur de vue, mais nous avons les dirigeants que nous nous choisissons. A nous d'en tirer les conclusions.
La voie atlantiste de l'Ukraine
Selon Macron :
"On a accepté sa candidature (...). On doit lui permettre de poursuivre ce chemin", a souligné Emmanuel Macron, pour qui "personne n'a le droit de dire que l'Ukraine n'a pas le droit de rentrer dans l'UE ou dans l'Otan".
Chaque pays, quand il existe et qu'il est souverain, a le droit de choisir de sa voie. Mais pour cela, le pays doit être souverain. Sinon, ce n'est pas son choix légitime, c'est l'expression d'un choix fait pour lui dans le but de défendre d'autres intérêts.
La question de l'entrée de l'Ukraine sans l'UE a été tellement controversée dans le pays, qu'il a fallu organiser un Maïdan pour l'imposer. Quant à l'OTAN, c'est un bloc militaire. Donc n'oublions pas que la liberté va de pair avec la responsabilité : si nous sommes libres de nos choix, nous sommes également responsables de leurs conséquences.
Les tuteurs de l'Ukraine, qui poussent ce qu'il reste du pays dans cette voie, devraient y réfléchir. La Russie a bien précisé, que si la question de l'UE ne l'intéressait pas, elle ne peut se permettre de laisser entrer le territoire ukrainien dans l'OTAN. La liberté des uns s'arrête, où commence celle des autres.
Macron à Washington, l'union sacrée globaliste?
La semaine prochaine, Macron se rend à Washington, tout comme le Premier ministre britannique.
Emmanuel Macron va dire à son homologue américain Donald Trump qu'il ne peut "pas être faible" face à Vladimir Poutine et que son "intérêt stratégique est le même que le nôtre".
Ici est bien la question centrale : y a-t-il eu ou non une rupture des élites globalistes et si oui, dans quelle mesure ?
Il est difficile de répondre à cette question. D'un côté, l'on sent une tension palpable et réelle entre le clan de Trump et celui des Européens, appartenant au clan des élites globalistes radicales. Et l'intervention de Vance à Munich, qui en a fait pleurnicher certains, montre la faiblesse de ces fanatiques et le dégoût qu'ils provoquent.
D'un autre côté, l'élection de Trump a été acceptée cette fois par les élites globalistes américaines, réunies au complet pour son entrée en fonction. Il est en contact avec Macron, en ce qui concerne l'Ukraine. Et comme l'a rappelé Poutine, l'attaque du conglomérat pétrolier international dans la région de Krasnodar n'a pu se faire sans la participation active du Renseignement atlantiste (américain?) et semble particulièrement bien coordonnée avec les sanctions européennes, qui empêcheront les réparations à court et moyen terme.
Question : Trump, joue-t-il un double jeu ou bien est-il plus faible, qu'il ne le laisse paraître ?
Des négociations, oui, mais uniquement dans l'intérêt de l'Ukraine
La position de Macron n'a pas changé : les négociations doivent permettre d'obtenir, ce qu'il est impossible d'obtenir par la voie militaire.
Comme Macron le dit lui-même :
Emmanuel Macron a estimé que l’Ukraine "ne peut pas reconquérir par la voie militaire" les territoires occupés par le Kremlin. Le président français a appelé à “une paix durable et solide qui permet à l’Ukraine d’être stable et d'avoir des garanties de sécurité" et "une paix négociée par les Ukrainiens".
Macron espère donc, que la voie diplomatique permettra de reconquérir les territoires et de bloquer la situation sur le front, tant qu'il n'est pas trop tard pour cela.
Ainsi, il s'agit toujours d'envoyer des "forces de paix", d'ailleurs ils en ont déjà discuté avec les Britanniques (les deux se rendent à Washington). Et de préciser :
"Nous ne comptons pas envoyer de combattants en Ukraine", a fait savoir Emmanuel Macron lors de son direct sur les réseaux sociaux. "Ce que nous n'excluons pas, dans un cadre planifié, avec nos alliés, c'est de pouvoir avoir des forces qui, une fois la paix négociée, pourraient contribuer à garantir la sécurité de l'Ukraine", a-t-il toutefois ajouté.
Ainsi, oui, Macron ne compte pas envoyer seul des forces combattantes en Ukraine, la perspective d'une véritable victoire militaire contre la Russie s'éloignant. De plus, les pays atlantistes ne sont pas assez forts actuellement pour se le permettre. Dans tous les cas, ils ont besoin de temps.
La Russie, de son côté, a déjà fermement précisé, qu'elle n'accepterait pas la présence de forces militaires de pays de l'OTAN en Ukraine, quels que soient leur appellation et leurs drapeaux, ainsi que le moment de leur apparition.
En effet, il s'agit d'un moyen de guerre rampante, qui sera utilisé pour "grignoter" avec le temps les accords conclus, si jamais des accords sont conclus.
Le mythe d'une armée européenne indépendante
Macron ressort le mythe d'une armée européenne, qui serait indépendante. Puisque pour lui, la souveraineté n'est acceptable qu'au niveau de l'UE, au niveau national elle est bannie.
La système de défense européen est un maillon du système atlantiste, de quelle indépendance réelle parle-t-on ? Qui a empêché les élites politiques nationales de lutter pour défendre l'industrialisation du pays, le service militaire national obligatoire ou une politique étrangère correspondant aux intérêts nationaux ? Si la France veut redevenir une nation forte, cela passe par cette voie et non pas par le serpent de mer d'une "armée européenne", composée de militaires nationaux, défendant des intérêts non nationaux dans un commandement supranational. Cela s'appelle justement la globalisation.
Il serait possible de continuer longtemps sur ce thème, mais ces quelques éléments méritent déjà réflexion. Un processus de discussion est lancé entre les Etats-Unis et la Russie. Il est fragile. Mais surtout est-il sincère de la part des Américains ? C'est-à-dire, ce processus a-t-il réellement pour but de conduire non pas à une capitulation de la Russie ou à un gel temporaire du conflit, mais à l'établissement d'une paix stratégique, qui passe par de nouveaux rapports internationaux ? Et même s'il est sincère, Trump a-t-il véritablement les moyens de faire des concessions suffisantes, pour que la Russie accepte d'envisager un accord de paix et de garantir que cette paix soit garantie dans le temps ?
Ne donnons aucune portée aux propos d'un nain politique. Ce n'est là que logorrhée.
RépondreSupprimerAnalyse magistrale. Merci Madame le professeur Karine Bechet Golovko
RépondreSupprimerVous devez nécessairement publier vos articles les plus importants, ceux pouvant continuer un matériau qui sera précieux pour les historiens.
La tâche ne sera pas accablante et vous pouvez certainement vous faire aider par vos élèves et vos amiis
Mis en ligne sur un site http en mutilangue, il informera des gens ordinaires, dont je suis, comme des chercheurs d'université.
Et une édition papier, facile et peu coûteuse à imprimer en quelques exemplaires, une fois déposé à la Biblio Nationale pour recevoir son ISBN, les faits et vos opinions entreront alors dans la mémoire de l'histoire, jusqu'à l'Apocalypse promise.
Vous êtes une perle et la BN sera un de vos écrins.