Hier, les Etats-Unis et la Russie ont chacun publié des communiqués concernant la version 2.0 de l'Accord céréalier, conclu une première fois à Istanbul, violé, reconduit et formellement modifié à Riyad. Si la Russie conditionne la réalisation de cet accord à la suspension de nombreuses sanctions, Trump fait immédiatement monter les enchères et insiste sur la propriété américaine de la station nucléaire de Zaporojie. Poutine hésiterait. Espérons, qu'il "hésitera" encore longtemps, car le but de Trump est bien le retour "à la normale", c'est-à-dire à l'ordre atlantiste américano-centré.
Suite aux longues négociations de Riyad, les Russes et les Américains ont publié un communiqué.
La Maison Blanche souligne que les Etats-Unis se sont engagés à adapter l'Accord céréalier et à garantir l'application du moratoire concernant les tirs sur les sites énergétiques. Les Etats-Unis, qui veulent toujours se présenter comme en dehors de leur conflit, ont fini malgré eux à formellement y entrer :
Les États-Unis et la Russie ont convenu d'assurer la sécurité de la navigation, d'éliminer le recours à la force et d'empêcher l'utilisation de navires commerciaux à des fins militaires en mer Noire.
Les États-Unis contribueront à rétablir l'accès de la Russie au marché mondial des exportations de produits agricoles et d'engrais, à réduire les coûts d'assurance maritime et à améliorer l'accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ces transactions.
Les États-Unis et la Russie ont convenu d'élaborer des mesures pour mettre en œuvre l'accord des présidents Trump et Poutine visant à interdire les frappes contre les installations énergétiques de la Russie et de l'Ukraine.
Les États-Unis et la Russie saluent les bons offices de pays tiers en vue de soutenir la mise en œuvre des accords énergétiques et maritimes.
Côté russe, la remise au goût du jour de cet Accord céréalier (puisqu'il est de bon ton depuis des siècles de vouloir sauver l'Afrique de la faim) est toutefois conditionnée à quelques conditions très concrètes, détaillées, elles, dans le communiqué du Kremlin :
Levée des sanctions imposées à la Rosselkhozbank et aux autres organismes financiers impliqués dans la garantie des opérations de commerce international de produits alimentaires (y compris les produits de la pêche) et d'engrais, en les connectant à SWIFT et en ouvrant les comptes correspondants nécessaires ;
Levée des restrictions sur les transactions de financement du commerce ;
Levée des sanctions et restrictions imposées aux entreprises produisant et exportant des denrées alimentaires (y compris des produits de la pêche) et des engrais, ainsi que levée des restrictions imposées aux activités des compagnies d’assurance transportant des cargaisons de denrées alimentaires (y compris des produits de la pêche) et d’engrais ;
Levée des restrictions sur l’entretien des navires dans les ports et des sanctions contre les navires sous pavillon russe impliqués dans le commerce de produits alimentaires (y compris les produits de la pêche) et d’engrais ;
Levée des restrictions sur la fourniture de machines agricoles à la Fédération de Russie, ainsi que d’autres biens utilisés dans la production de denrées alimentaires (y compris les produits de la pêche) et d’engrais.
Trump a déclaré, qu'il allait réfléchir à la question. Le sujet est sensible, car la levée même partielle des sanctions contre la Russie serait un acte politique très fort. Mais quelle est la volonté de Trump et quelle est sa marge de manoeuvre ? On en revient toujours là. Rappelons qu'une grande partie de ces sanctions et restrictions dépendent des élites globalistes européennes. Nous verrons ce qu'il en est ou si le Roi est nu. Le nouveau Tsar du monde global doit prouver la réalité de son pouvoir. C'est un acte périlleux et même le Roi de la planète du Petit Prince le savait ...
Par ailleurs, puisque le moratoire de tir sur les sites énergétiques est systématiquement violé, non pas par l'Ukraine mais par l'armée atlantico-ukrainienne, les deux parties au conflit (les USA et la Russie) ont convenu de préciser la liste des sites couverts par cet accord. Ici aussi à Trump de faire montrer de son pouvoir et de sa volonté. Cette liste a été publiée sur le site du Kremlin :
1. Raffineries de pétrole ;
2. Oléoducs et gazoducs et installations de stockage, y compris les stations de pompage ;
3. Infrastructures de production et de transport d’électricité, y compris les centrales électriques, les sous-stations, les transformateurs et les distributeurs ;
4. Centrales nucléaires ;
5. Barrages hydroélectriques.
Cette fois-ci, la durée et les limites de cet accord ont enfin été précisées :
Le moratoire temporaire est valable 30 jours, à compter du 18 mars 2025, et peut être prolongé d'un commun accord.
En cas de violation du moratoire par l'une des parties, l'autre partie a le droit de se considérer libre de l'obligation de s'y conformer.
Pour autant, le jeu ne s'arrête pas là. Trump l'a déclaré plusieurs fois, il est principalement question du tracer de la "ligne de démarcation" et donc d'un cessez-le-feu généralisé. Pas d'un processus de paix, ouvrant la voie à nouvel ordre mondial, non, un simple gel du conflit. Ici, la position de Poutine a été plusieurs fois répétée : la Russie cesse le combat si l'armée atlantico-ukrainienne se retire des territoires des nouveaux sujets de la Fédération de Russie, qui sont en très grande partie déjà libérés, mais se posent principalement le problème de la ville de Zaporojie et celui de la reprise de Kherson.
L'occupation de Koursk devait servir de monnaie d'échange pour faire flancher la Russie et la faire accepter un cessez-le-feu sur la ligne de front. Ayant perdu cette carte, Trump joue manifestement l'occupation physique du territoire ukrainien, sans un coup de feu, avec l'accord sur les richesses du sous-sol. Désormais, il insiste également sur le transfert de propriété de la centrale atomique de Zaporojie.
La condition est évidemment inacceptable pour la Russie, qui contrôle la zone. Il s'agirait de s'incliner devant le véritable maître du jeu, les Etats-Unis, en acceptant de violer la législation nationale qui fait des sites stratégiques la propriété exclusive de l'Etat et en acceptant l'occupant sur son propre sol. Le ministère russe des Affaires étrangères a publiquement refusé toute discussion à ce sujet :
"La centrale nucléaire de Zaporojie est une installation nucléaire russe. Il est impossible de transférer le contrôle de cette région à l’Ukraine ou à tout autre pays.
C'est ce qu'a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères. Il est souligné que l'exploitation conjointe de la station avec n'importe quel État est également inacceptable, et l'idée d'une participation d'organisations internationales semble absurde - ni le mandat, ni la compétence, d'aucune d'entre elles ne le permettent.
Les employés de la centrale nucléaire de Zaporojie sont des citoyens russes et leur vie ne peut pas être mise en jeu, surtout compte tenu des atrocités commises par les forces armées ukrainiennes, a souligné le ministère."
Le but de Trump est le même que celui des globalistes, puisqu'il en fait partie : arrêter l'armée russe déjà sur la ligne de front, pour ensuite reprendre le contrôle du territoire et ainsi sauver la globalisation. Il est simplement plus rationnel et donc plus dangereux.
La Russie osant émettre des conditions à la non-remise en cause de la globalisation (dans l'espoir de pouvoir présenter cela comme une demi-victoire), Trump estime que Poutine hésite :
S'adressant à Newsmax mardi soir, M. Trump a déclaré, qu'il pensait que la Russie souhaitait mettre fin à la guerre, mais qu'elle hésitait au moment crucial. « Je pense que la Russie souhaite y mettre fin, mais il se pourrait qu'elle traîne les pieds », a-t-il déclaré.
M. Trump a comparé les pourparlers de paix à son expérience de signature de contrats immobiliers. « Je l'ai fait au fil des ans », a-t-il déclaré. « Je ne veux pas signer de contrat. Je veux rester dans le coup, mais peut-être que je ne veux pas le faire. »
Si la Russie s'arrête ici, sur la ligne de front ou sur la frontière administrative des nouvelles entités fédérées, elle rentre docilement dans le monde global, elle ne le remet pas en cause. Donc, elle ne met pas fin à la source première du danger, à la cause fondamentale de ce conflit : les élites globalistes seront toujours au pouvoir. Se posera alors la question d'une zone neutre, de forces d'occupation dites de paix - et peu importe qu'elles soient britanniques, françaises ou indiennes, elles seront sous domination américaine. Mais la Russie s'étant lancée sur la pante glissante de la compromission, ne sera plus en état de tenir véritablement tête aux Atlantistes et à tous ses "amis", qui viendront se servir.
Même si les Etats-Unis acceptent les conditions de la Russie, ce qui serait surprenant mais intelligent de leur part, ils ne peuvent pas réellement reconnaître juridiquement les nouvelles frontières de la Russie, cette reconnaissance ne peut qu'être temporaire et de facto. Les élites globalistes étant toujours en place, elles attendront le moment propice pour relancer l'attaque - il sera difficile de relancer une mobilisation, Poutine n'est pas éternel, etc. Avec le temps, la Russie aura définitivement perdu le Monde russe en l'abandonnant, sa position sur la scène internationale sera affaiblie. Après avoir dévoyé les valeurs de gauche portées par l'Union soviétique, les Etats-Unis pourront dévoyer les "valeurs traditionnelles" portées par la Russie et Vance deviendra la nouvelle égérie, un gosse dans les bras, des fatigués du wokisme.
Cette guerre diplomatique n'est in fine que la prolongation de la guerre classique : il faut la capitulation de l'ennemi. Au mieux, elle peut déboucher sur une pause, dans cette longue guerre molle, pour que les parties (les Atlantistes et les Russes) reprennent des forces et repartent au combat. Mais elle ne peut déboucher sur un nouvel ordre mondial, plus juste. Ce à quoi prétend pourtant la Russie.
Comment faites vous pour écrire des articles aussi bien documentés ? L'intelligense ne suffit pas il faut certainement y consacrer beaucoup de votretemps libre.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour nous tenir ainsi informés et nous éveiller à propos.
Que Dieu fasse que la Russie reste intransigeante ! Elle a été ultra ultra patiente! A subi sans broncher. 100 000 soldats russes sont morts..déjà rien que pour les honorer, AUCUNE concession. Ce serait une trahison! La centrale est en Russie. Point barre!
RépondreSupprimerA quel jeu trouble joue les yankees, et il veulent dicter leurs conditions à la russie vainqueur (mort aux vaincus)
RépondreSupprimerActivité de l'avion de reconnaissance américain Boeing RC-135V enregistrée au-dessus de la mer Noire
https://avia-pro.fr/news/nad-chernym-morem-zafiksirovana-aktivnost-amerikanskogo-razvedchika-boeing-rc-135v
Le mercredi 26 mars 2025, l'avion de reconnaissance américain Boeing RC-135V Rivet Joint a mené une opération de longue durée au-dessus de la mer Noire. Selon les observations, l'avion est resté dans la zone de surveillance pendant plusieurs heures, se concentrant sur la partie ouest de la mer, ainsi que sur les zones côtières, notamment la côte sud de la Crimée et la région de la mer Noire près de Novorossiysk. Cette mission est la dernière,
à ce jour d’une série d’opérations de renseignement que les États-Unis mènent régulièrement près des frontières de la Russie.
Trump a un excellent service de renseignement..... Il peut savoir heure par heure ce qu'il se passe dans le monde entier. Et il sait déjà les fragilités,contradictions et faiblesses de la Russie....ainsi que la façon dont ses propositions sont discutées dans le sérail du pouvoir russe.....Donc il peut manœuvrer à l'aise en évitant de pousser le bouchon trop loin.....Il va tenter d'obtenir des concessions du Kremlin UNE à UNE......
RépondreSupprimerMême s'il se prend pour un envoyé de la Synagogue, Trump n'est pas Dieu et il n'est pas branché sur la CIA 24 x24.
SupprimerEt ses "négociateurs" sont des débutants qui n'ont aucune expérience en diplomatie. Les Russes par contre sont de haut niveau ( patron du KGB, adjoint de Poutine etc.) qui peuvent les rouler dans la farine.
🙏Russie
Pas de cessez le feu pour les forces nazies : le tuyau de gaz russe de Souzda est complètement détruit.
RépondreSupprimerAu suivant !
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