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lundi 27 août 2012

La désacralisation de l'image du Chef de l'Etat en Russie

Voir: http://www.kommersant.ru/doc/2009258

Pendant longtemps, dans la consience populaire, s'opérait un découpage très net: les bienfaits politiques reviennent au mérite du Chef de l'Etat, les problèmes sont liés à l'incapacité de ses subordonnés. Il était donc couvert de lauriers et n'encourrait pas de responsabilité politique pour les problèmes ou les erreurs commises. Cette tendance vient enfin de s'inverser et un rééquilibrage s'est mis en place: si le Chef de l'Etat est à l'origine des bienfaits, il l'est également des problèmes. Ceci démontre un mûrissement de la consience politique et la fin des cultes possibles de la personnalité. Le Chef de l'Etat est désacralisé, il redevient un homme ... et un homme politique, bientôt espérons, parmis d'autres.
 
Ces conclusions s'appuient sur les dernières données du sondage effectué par le Centre Levada. Comme le montrent les résultats habituels de ce sondage annuel, jusqu'à présent, les réussites sont tout d'abord attribuées à V. Poutine (de 42 à 62% selon les années), ensuite au Gouvernement (de 12 à 30%), aux gouverneurs (de 2 à 11%) et ces dernières années à D. Medvedev (de 11 à 33%). Mais la responsabilité pour les problèmes et la hausse du coût de la vie étaient principalement imputées, lors de la présidence Poutine, au Gouvernement (de 30 à 49%) puis seulement au Chef de l'Etat (18 à 31%) et aux pouvoirs locaux (de 7 à 19%).
 
Cette "déresponsabilisation" du Chef de l'Etat a pris fin avec les résultats du sondage effectué en ce mois d'août. Pour la première fois, il est considéré comme également responsable des problèmes du pays à 51%. Ensuite seulement viennent le Gouvernement avec 31%, D. Medevedev avec 19% et les gouverneurs et les pouvoirs locaux avec 12%. Les analystes du centre Leveda soulignent donc, qu'à l'avenir, le Président sera tenu pour personnellement responsable de la politique mise en oeuvre et la société appréciera cette politique d'un oeil plus critique.
 
D. Orlov, membre de la Chambre sociale et président de l'Agence des communications politiques et économiques, souligne que le pouvoir a reçu le message et prépare des mécanismes de redistribution des responsabilités (et donc des pouvoirs), notamment à travers les processus de décentralisation ou d'élection des gouverneurs. Il s'adapte logiquement au nouveau contexte politico-social.
 
Les difficultés pour le pouvoir et la nécessité absolue d'une diffusion des mécanismes de prise de décision sont parallèlement renforcées par l'affaiblissement de la position du parti du pouvoir Edinaya Rossiya, en raison de l'érosion profonde de son image dans la population. Si en décembre 2011, au début des mouvements de protestation, seulement 31% des personnes interrogées reprenaient à leur compte le slogan "parti des voleurs et des truands", contre 47% qui n'étaient pas d'accord, en juin de cette année la tendance s'est inversée avec 42% contre 40%. Aujourd'hui, la tendance se confirme. En août, 45% reprennent à leur compte ce slogan (15% sont absolument d'accord et 30% sont plutôt d'accord) et 42% ne sont pas d'accord (12 ne sont pas du tout d'accord et 30% ne sont pas tout à fait d'accord). On peut même se demander s'il ne serait pas salutaire de dissoudre ce parti avant qu'il ne s'écroule totalement pour en fonder un autre et en profiter ainsi pour faire une peu de "ménage".
 
Ce sondage marque un tournant dans l'évolution de la culture politique russe. L'augmentation du mouvement protestataire a eu pour effet bénéfique de faire prendre consience à la population de la nécessité de l'existence d'un réel jeu politique, qui pour l'instant a du mal à se mettre en place. Le pouvoir a réagi, en ouvrant les portes aux partis politiques, en remettant en place les élections des gouverneurs (même si les nombreux filtres risquent de les rendre encore hypothétiques). Ces avancées sont prudentes, mais elles existent. Maintenant c'est à l'opposition de se structurer en partis politiques et d'entrer dans le jeu. Les victoires ne seront certainement pas immédiates, mais le jeu politique est un jeu à long terme, dans lequel il faut gagner la confiance des électeurs. Les élections à Khimki seront un bon début, quel que soit le résultat. Car, dans aucun pays, le fait de participer à des élections n'est une garantie de les remporter, l'important est qu'elles soient honnêtes.

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