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lundi 27 janvier 2014

Chronique de Caroline Voos: Regard sur les relations Russie-UE à la veille du Sommet du 28 janvier 2014


Réflexions à l’adresse des dirigeants européens :

Après l’échec du Sommet de Vilnius sur le Partenariat oriental du 28, 29 novembre 2013, l’UE doit mener un dialogue de rapprochement avec la Russie et avec les pays du Partenariat oriental (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie, Ukraine, Biélorussie), sans placer ces derniers devant un choix très artificiel.

Pourtant un dialogue existe bel et bien avec la Russie depuis 16 ans ! (Accord de partenariat et de coopération de 1994 entré en vigueur en 1997). Mais le bilan est resté maigre. Un effort pour le relancer a été engagé en 2007, puisque l’APC venait à expiration. L’idée était de le remplacer par un accord ambitieux, « le Partenariat stratégique ». Comme les négociations s’enlisaient, un accord intérimaire appelé « Partenariat pour la modernisation » a été adopté en 2010 qui a contribué à relancer la promotion des quatre espaces communs (économique ; de liberté, de sécurité et de justice ; de sécurité extérieure ; pour la recherche et l’éducation).

Mais les résultats sont restés relativement modestes.

Lors du futur Sommet Russie-UE de janvier 2014, Moscou attend, à nouveau, un signal politique pour la reprise des négociations sur un nouvel accord de partenariat et de coopération (APC).

Alors ?

Renouer un dialogue politique et économique avec la Russie s’avère plus que jamais indispensable.

Sur le plan politique :

L’UE n’a jamais reconnu la vocation à l’adhésion des pays du partenariat oriental mais n’a pas dit non plus que cette perspective était exclue à jamais.

Elle doit donc lever cette ambiguïté de manière à éviter que sa politique de voisinage oriental ne soit perçue par la Russie comme un effort pour constituer un glacis.

Il n’est donc pas souhaitable que les pays du Partenariat oriental se trouvent sommés de choisir entre la Russie et l’UE alors qu’ils ne peuvent trouver une réponse concrète à leurs difficultés actuelles, ni du côté de la Russie seule, ni du côté de l’UE seule.

Il serait donc de bon ton que l’UE s’abstienne de renforcer cet antagonisme mais s’efforce plutôt de le réduire.

D’autre part, il faut arrêter de faire du lancement de l’Union douanière eurasiatique un épouvantail. Au contraire, il serait intéressant d’envisager des négociations commerciales globales entre l’UE et cette nouvelle zone, de façon à engager une ouverture commerciale à l’échelle du continent, qui pourrait être mutuellement profitable.

Dans un autre registre, il semble que la suppression de l’obligation de visa pour les courts séjours, permettant la circulation du plus grand nombre entre l’Est et l’Ouest, représenterait le meilleur moyen de rapprochement sur des valeurs fondamentales communes.

Deuxièmement, sur le plan économique :

Les ressources énergétiques viennent en tout premier lieu dans les relations économiques UE-Russie. Les trois quarts des importations européennes en provenance de Russie sont constituées de ressources énergétiques. Le marché européen absorbe à lui seul les deux tiers des exportations russes dans ce domaine.

Quand on parle énergie, on pense au gaz et donc forcément à Gazprom.

 Dans ce contexte, il est permis de se questionner sur l’application rigoureuse de la clause anti Gazprom inscrite dans le troisième paquet énergétique pour interdire la possession du réseau de distribution gazier par une entreprise fournissant du gaz. Gazprom a construit sur ses ressources des gazoducs cohérents avec les livraisons envisagées. Ce n’est pas illogique. S’il doit céder 50% des capacités à d’autres opérateurs, comment pourrait-il honorer les contrats ? L’UE ayant besoin d’importer ce que la Russie a besoin d’exporter, il doit pouvoir être possible d’aboutir à des conditions acceptables pour les deux parties et stables sur le long terme. Il va bien falloir accepter cette réalité qui est celle d’une interdépendance entre la Russie et l’UE.

Que conclure de ce qui précède.

La Russie d’aujourd’hui semble tentée de se tourner davantage vers l’Asie, dont le dynamisme économique éblouit. La Russie reste un pays de civilisation européenne, mais pourrait ne plus avoir une politique euro centrée. Elle a cessé de considérer l’Europe comme une priorité absolue. Cependant,  la proximité géographique, historique et culturelle impose une stratégie pragmatique de la part de l’UE : intensifier les relations économiques permettra d’établir de meilleurs liens politiques. La Russie peut jouer un rôle de pont vers l’Asie.

Ne pas saisir cette opportunité conduira à un rapprochement accru entre Moscou et Pékin, aux conséquences politiques et stratégiques incertaines. Combien de fois faudra-t-il encore le rappeler aux dirigeants européens ? La Russie est avant tout une puissance européenne et un acteur clé sur le continent depuis près de trois siècles.

C’est cet arrimage européen qu’il convient de préserver, de consolider …

Articles de référence sur ce sujet :


Voix de la Russie, Victoria Issaïeva : Interview Arnaud Dubien. : http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/249437354/


 

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