L'ACTUALITE RUSSE EN FRANCAIS MISE AU POINT PAR RUSSIE POLITICS SUR Facebook ET Twitter!

lundi 10 novembre 2014

Les murs de la démocratie

L'on vient de fêter la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. L'on en profite pour en construire un autre, sans briques et sans miradors, qui passe à travers les pays, les esprits et les cœurs. Un nouveau mur qui se moque des frontières. Qui se moque des Etats.

Les murs ne se construisent pas pour se protéger, ils revendiquent. Le pouvoir sur un territoire. Sur les hommes de ce territoire. L'Europe prend doucement fin à l'ombre du mur atlantique. Entraînant avec elle les restes de ses traditions démocratiques.


Trois hommes forts de la fin symbolique proclamée de la guerre froide, en tout cas de la chute de l'URSS, se sont retrouvés en héros adulés à Berlin. Leur mur est tombé. Pourtant, deux de ces héros ne comprennent pas. Un autre se construit. Ils ont été trahis, on s'est servi d'eux ou bien se sont-ils trompés? La question reste ouverte, et le restera car la réponse n'intéresse plus personne. Sauf ces trois hommes. Qui parlent haut. Qui parlent fort. Qui parlent bien. Ils incarnent la liberté de parole d'une autre époque, celle des hommes d'Etat européens, celle de l'Europe. Ils le peuvent car ils permettent de sauver les apparences: la critique est autorisée, elle est même bien venue. Quand elle vient de la part d'hommes et de femmes qui n'ont plus aucun poids politique réel et ne peuvent plus changer le monde. Ils peuvent parler. Cela ne changera rien. Et le monde s'en portera mieux. Un instant d'oxygénation avant de reprendre la routine du pouvoir.

Car ce qu'ils disent est beau. Gorbatchev est en très grande forme. Khol fait un effort. Ils sont largement à la hauteur de l’événement. Ils n'oublient presque aucune erreur de l'Occident: le non-respect des engagements après la chute de l'URSS, l'extension de l'OTAN, la démission des structures internationales comme le démontre la crise en Ukraine...

L'Europe en sort affaiblie, le Conseil de sécurité est pratiquement discrédité. Qu'à cela ne tienne, les Etats Unis s'annoncent grands vainqueurs de la guerre froide et n'ont pas été capables de construire un nouvel ordre mondial équitable. Ils sont tombés victimes de leur image de grandeur, noyés dans leur reflet.

Car le modèle présenté est celui d'un monde de soumission, qui veut garder les apparences de la démocratie. Mais même les apparences deviennent trop encombrantes. L'Etat a été réduit à peau de chagrin pour permettre la reprise en main, politique, économique, idéologique. La souveraineté gène, les Présidents aussi lorsqu'ils veulent gouverner. Les faibles peuvent rester au pouvoir lorsqu'ils ont fait acte d’allégeance, pour les autres la question se règle par révolutions démocratiques orchestrées. Les premières furent moins sanglantes, en couleurs, elles fonctionnaient mieux à court terme. Maintenant, le sang doit couler, car l'Etat est trop faible, même pour la révolution. Comme l'Ukraine le montre. D'un Maîdan en chansons, nous sommes passés cette année à un Maîdan sanglant. 

L'affaiblissement de l'Etat entraîne des difficultés pour les structures centrales à garder ses territoires. A l'Ouest, comme à l'Est. Sentant la faiblesse, l'Ecosse a tenté sa chance, en négociant une sortie de crise. C'est la version adoucie d'un conflit. Ensuite l'Espagne, à qui on refuse un référendum et organise un vote symbolique. 80% des votants veulent la création d'une Catalogne étatique indépendante. Le Gouvernement central parle de possibles poursuites pénales contre les dirigeants de la Catalogne. 

Pourquoi d'un côté on accepte le référendum alors que de l'autre on le refuse. Car d'un côté, on ne s'attendait pas vraiment à une victoire, on pouvait négocier une plus grande autonomie sans sortie définitive. Et de cette manière, ce référendum met un terme définitif à la question de l'indépendance. De l'autre côté, on sait que la victoire des indépendantistes serait flagrante. Et ce n'est pas acceptable. Car les apparences tomberaient.

Dans les deux cas, cela se termine en apparence de démocratie. Pour l'Ecosse, de fortes négociations et quelques pressions ont permis de clore le débat et de discréditer une partie de la classe politique intérieure. Pour la Catalogne, le référendum a été transformé en "sondage", par respect de la liberté d'expression. Seulement la démocratie ne donne pas aux gens le droit de s'exprimer, elle leur donne le pouvoir de décider. C'est la différence entre la démocratie et sa parodie. Nous somme dans l'ère de la parodie.

La dernière épine indépendantiste en date est l'Ukraine. En provoquant des révolutions à tours de bras dans ce pays, les structures de gouvernement centrales ont été affaiblies, discréditées. La Crimée en a profité pour immédiatement quitté un pays auquel elle avait été offerte par caprice politique il y a peu. Mais la prise de pouvoir par la violence, le départ forcé du Président Yanukovich, la suspension illégale de structures d'Etat, l'auto-proclamation des dirigeants, l'organisation d'élections dans la violence et sous la menace et encore bien d'autres choses font que l'Etat ukrainien en tant que tel est, dans le meilleur des cas, affaibli, dans le pire des cas, inexistant. Et la nécessité de recourir constamment à la force et à la manipulation le montre. Dans ce contexte, les fomenteurs de révolutions ont permis au Donbass de vouloir sortir. En affaiblissant l'Etat, les sponsors et idéologues des révolutions ont légitimé la sortie du Donbass.

Bref, le nouveau modèle imposant la soumission arrive à son terme. Car s'il est accepté, il déstructure le pouvoir au point de provoquer des remous populaires. S'il est rejeté, il provoque un conflit allant de révolutions en révolutions jusqu'à ce que allégeance soit faite. Mais, lors du processus, il légitime la sécession et une fois un bon Gouvernement en place, il peut être trop tard pour garder le pays sans recourir à l'armée.

Le problème est que la Russie le dit haut et fort. Elle discrédite l'existence même de ce modèle en le rejetant. Car pour exister, il ne peut être qu'universel. Et non seulement la Russie le rejette, mais elle propose une collaboration fondée sur la coopération des Etats-Nations indépendants et souverains. Alors la démocratie construit un nouveau mur, pour se cacher, pour stigmatiser ceux qui sont de l'autre côté et ne peuvent donc pas être démocratiques. Ce mur passe au milieu des partis politiques, au milieux des familles, au milieux des individus, tiraillés entre le confort de l'habitude et l’honnêteté intellectuelle. C'est pourquoi M. Gorbatchev et H. Khol se sentent trahis. Ils ont tout fait pour que les valeurs européennes triomphent. Ils y ont crus. Et ils se trouvent confrontés à l'aveuglement euro-atlantiste qui n'a rien à voir avec l'Europe.

3 commentaires:

  1. Comme disait le camarade Vladimir Illitch , "que faire ?" attendre les cosaques et le Saint Esprit , selon la formule de Bernanos ?....Chez nous , en France , virer Porcinet est une urgence nationale , mais après ? Marine ? avec sa compromission avec l'islam ? Le retyour du roi ? oui , mais lequel ? et comment ? Façon Raspail , dans "le roi qui venait de la mer" ...Rêver nous aide un peu à ne pas désespérer . Pourvu que Poutine tienne , il est le seul espoir de la civilisation chrétienne.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. u ne dois pas avoir compris Marine, alors, continue donc à voter UMPS, Marine n'a pas besoin de toi, elle veut des gens qui croient en son programme, pas des gens qui doutent à la moindre anicroche.

      Supprimer
  2. n'oublions pas le réferemdum sur l'europe en France ,Sarkosi a l'époque en a fait une boulette de papier ; bonne exemple de respect de la démocratie , plutot l'impression que tout est décidé ailleurs Non ?,je me demande ce que l'on nous réserve et ou l'on nous emmène (pour l'instant c'est plutot dans un mur )

    RépondreSupprimer

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.