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mardi 4 novembre 2014

Qui a perdu la guerre froide?

AP john kerry jef 140314 16x9 608 John Kerry to Russia: You Lost the Cold War, Get Over It

En mars, devant des étudiants, J. Kerry affirme que la Russie a perdu la guerre froide et qu'elle doit s'y faire. Il y a peu, S. Power, l'ambassadrice américaine à l'ONU s'en prend à l'ambassadeur russe V. Churkin et lui envoie au visage, vous avez perdu la guerre froide et ne devez pas l'oublier. 

Cette affirmation soulève une impasse logique, ou du moins la nécessité d'un choix idéologique. Soit le système soviétique n'était plus viable et a démontré ses limites, ce qui a conduit la population, par referendum et lors d'élections libres, à choisir une nouvelle voie, soit le système était viable - et l'est donc encore théoriquement - mais il est tombé sous la seule force de persuasion et de pression des Etats Unis. Dans le premier cas, c'est une évolution démocratique, dans le deuxième cas les Etats Unis ont détruit un système soutenu par la population, ce qui n'est pas digne d'un Etat démocratique. Il est temps de préciser les concepts et de se méfier de se évidences.


Tout d'abord qui a perdu la guerre froide? La Russie ou l'Union soviétique?
L'Union soviétique ne fut qu'un des visages de la Russie qui a existé avant 1917 et existe encore depuis. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Fédération de Russie, visage actuel de la Russie, a été unanimement admise comme coninuateur de l'Union soviétique dans les relations internationales, notamment en ce qui concerne les représentations, par exemple à l'ONU.

Donc la Russie n'a pas perdu la guerre froide, car elle existe. En revanche l'Union soviétique, elle, n'existe plus. Elle a perdu.

Qu'est-ce qui a été perdu lors de la guerre froide? Un pays, une idéologie ou une forme de gouvernement?
L'Union soviétique n'existe plus car l'idéologie qui lui donnait corps n'est plus à la source de la gouvernance. Ainsi, la guerre froide a montré la victoire du l'idéologie libérale occidentale sur l'idéologie communiste incarnée par l'Union soviétique. La chute de l'idéologie a entraîné la chute du régime politique qui la sous-tendait.

Comment le régime politique est-il tombé? Est-ce le résultat d'un choix intérieur ou est-ce le résultat de l'action déterminante des Etats Unis?
Si l'on estime que le système de gestion mis en place par le régime soviétique est arrivé à son terme à la fin des années 80, qu'il n'a pu convaincre la population de ses capacités de transformation, les choix exprimés par les habitants de mettre un terme à ce régime et de le remplacer par un autre, au moyen d'élections, de l'adoption d'une constitution, de la création de la CEI, est un acte de politique intérieure.

Le peuple a décidé de son avenir. Certes, cette interprétation dérange beaucoup. Car elle remet en cause l'image d'épinal de ce peuple toujours soumis, à peine sorti du féodalisme, qui ne connait rien à la démocratie. Or, c'est justement ce peuple qui a remis en cause le système de l'unité de parti politique, qui a élu B. Eltsine et donné carte blanche aux réformateurs des années 90.

Pour le meilleur et pour le pire. Mais ce fut le choix d'un peuple qui a décidé de son avenir. Et il a choisi l'avenir de la Russie, de son pays. En votant pour Eltsine et les réformateurs, ils n'ont pas voté pour les Etats Unis, mais pour un choix de politique russe. La question ne se posait pas alors. Que ce choix se soit avéré criticable, qu'il y ait eu de fortes déceptions, explique l'autre choix, celui du retour à une politique plus sociale, plus étatique, que la Russie connait depuis les années 2000.

Dans ce cas aussi, la chute de M. Gorbatchev et de l'URSS est le résultat d'un combat politique, qui a été perdu, définitivement en 1993, par une force au profit d'une autre.

Si, en revanche, la chute de l'Union soviétique est le résultat principalement de la politique amércaine à l'égard de la Russie, il faut en tirer les conclusions néccessaires:
  • Ainsi l'idéologie communiste est capable de permettre une gestion efficace des affaires publiques et rien n'explique pourquoi les postes-clés gouvernementaux, la Banque centrale, etc. sont exclusivement dans la Russie actuelle entre les mains des représentants du clan libéral. Une mixité réelle doit donc être envisageable.
  • La chute de l'Union soviétique n'a pu se faire sans collaborations intérieures et une communication de masse qui a manipulé l'opinion publique. Car il a fallu que B. Eltsine soit élu pour que Gorbatchev parte, il a fallu expliquer que la CEI est une forme de collabaration entre les Etats ressortants de l'Union soviétique, dans la continuation, mais avec plus de souplesse. Il a fallu expliqué que tout cela se faisant dans l'intérêt de la Russie et par la volonté du peuple. Donc ce n'était pas le cas. Donc B. Eltsine est un traître à la Nation, de même que les réformateurs qui l'ont aidé et dont certains sont actuellement en postes. B. Eltsine ne peut plus être représenté comme le héros démocratique de la Russie moderne, car il a vendu le pays.
Bref, il faut choisir. On ne peut pas, en toute logique, affirmer que la Russie a perdu la guerre froide et ériger B. Eltsine en pourfendeur du totalitarisme, défendeur de la démocratie. Ou alors il faut dire que c'est une révolution démocratique qui s'est passée en Russie, dans laquelle le peuple change de régime et choisie une autre voie. Voie que nous connaissons actuellement dans le pays. Mais ici les Etats Unis, qui ont bien évidemment soutenu le processus révolutionnaire, aidé, voire en partie financé, n'ont pas eu un rôle décisif. Pour la simple et bonne raison que cela se serait passé avec ou sans eux. En revanche, ils ont pu jouer un rôle plus déterminant une fois que le peuple russe a, lui, pris sa décision et leur influence désastreuse dans les années 90 n'est pas négligeable.

C'est pourquoi la rhétorique de J. Kerry est absurde. Sans même parler de l'invective de S. Power. V. Churkin ne représente pas l'Union soviétique, qui n'existe plus, mais justement cette Russie démocratique qui est le résultat tant attendu de la guerre froide qu'ils sont censés avoir gagné. Donc choississez votre camps. Si vous l'avez gagnée cette guerre froide, aimez la Russie actuelle, l'URSS est morte. Si vous ne l'avez pas gagnée cette guerre froide, il ne sert à rien de vouloir s'attribuer une victoire qui n'existe pas.

En guise de conclusion, pourquoi la victoire n'existe pas.

Les Etats Unis n'ont pas gagné la guerre, car la guerre, en fait, n'est pas finie. La chute de l'idéologie communiste était, certes, impportante, mais pas suffisante. C'est la Russie qui devait tomber. Or, n'est tombée que l'URSS.

Les Etats Unis, face à une Russie qui prend une place incontournable sur la scène intenationale, ont besoin de créer cette victoire comme un élément non contestable. La Russie doit avoir le même comportement que l'Allemagne après la guerre. Signer l'acte de capitulation, baisser la tête, car un vaincu baisse la tête et suit le vainqueur. Il n' a pas d'autres choix. Et le sens des paroles de S. Power est ici. La Russie doit avoir perdu, car elle doit baisser la tête.

Mais la Russie lève la tête. La guerre n'est pas finie. La Crimée rentre en chanson à la maison. Les Républiques populaires de Donetsk et Lugansk ont pu tenir leurs élections, propres selon les observateurs internationaux présents, et déclarent ne plus faire partie de l'Ukraine. Les Etats Unis perdent, reculent, s'enlisent dans le sang et le jeu des alliances instables. Les peuples reprennent la parole. C'est cela la démocratie.

Aujourd'hui est la fête russe de l'Unité nationale. Journée symbolique avec la Crimée et le Donbass. Bonne fête à tous!




1 commentaire:

  1. Merci pour votre analyse toujours aussi pertinente .
    Quelle belle écriture vous avez !

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