Le jour de la fête nationale est, avant d'être un jour de fête, un symbole du combat pour la liberté. Il serait peut être bien venu de faire le point sur l'état de notre liberté alors que partout l'on ne parle que de droits de l'homme, que l'on focalise les droits de minorités comme si le fait d'être minoritaire enpêchait d'être humain. S'interroger sur soi, à l'heure où l'on nous impose de l'extérieur une idéologie destructrice.
A l'heure des droits de l'homme conquérants, le pays semble être à nouveau occupé par une étrange frénésie, qui n'a rien à voir avec les valeurs de la République, avec le respect de l'autre, avec la tolérance. Il n'y a pas de liberté quand celle de l'autre est niée.
A l'heure où l'alternative à l'idéologie dominante est interdite, je vous propose de relire ce poême d'Aragon. Certes écrit contre l'envahisseur allemand, il garde malheureusement toute son actualité. Quand la Patrie est en danger, c'est l'homme qui est visé. Aujourd'hui aussi.
MARCHE FRANCAISE
Quand il arriva la saison
Des trahisons et des prisons
Quand les fontaines se troublèrent
Les larmes seules furent claires
On entendait des cris déments
Des boniments des reniments
Des hommes verts et des vautours
Vinrent obscurcir notre jour
Ils nous dirent Vous aurez faim
Dans la main nous prirent le pain
Ils nous dirent Jetez vos livres
Un chien n'a que son maître à suivre
Ils nous dirent Vous aurez froid
Et mirent le pays en croix
Ils nous dirent Les yeux à terre
Il faut obéir et se taire
Ils nous dirent Tous à genoux
Les plus forts s'en iront chez nous
Ils ont jeté les uns aux bagnes
Pris les autres en Allemagne
Mais ils comptaient sans Pierre et Jean
La colère et les jeunes gens
Mais ils comptaient sans ceux qui prirent
Le parti de vivre ou de mourir
Comme le vent dans les cheveux
Comme la flamme sans le feu
Croisés non pour une aventure
Une lointaine sépulture
Mais pour le pays envahi
Contre l'envahisseur faï
Chassons chassons nos nouveaux maîtres
Les pillards les tueurs les traîtres
Le bon grain du mauvais se trie
Il faut mériter sa patrie
Chaque jardin chaque ruelle
Arrachés à des mains cruelles
Chaque silo chaque verger
Repris aux mains des étrangers
Chaque colline et chaque combe
Chaque demeure et chaque tombe
Chaque mare et ses alevins
Chaque noisette d'un ravin
Chaque mont chaque promontoire
Les prés sanglants de notre histoire
Et le ciel immense et clément
Sans nuage et sans Allemand
Il faut libérer ce qu'on aime
Soi-même soi-même soi-même
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.