D'aucuns estiment que seul internet est en mesure de fournir une liberté réelle. Une fuite dans le virtuel, libre, pour se dégager des contraintes pesantes du réel. Mais le virtuel est à tel point entré dans nos vies, qu'il influence le monde réel, lui-même en parti devenu virtuel par l'essor démesuré de la communication. La contre-mesure devait arrivée, elle l'est: internet n'est plus un espace de liberté, il est un enjeu politique. Et Facebook a choisi de jouer dans ce jeu malsain en fournissant les données privées de comptes ayant payé de la publicité politique lors des élections américaines. Mais uniquement les comptes russes.
Un article dans le Washington Post l'affirme: Facebook a fait marche arrière sur sa politique de protection des données privées et va transmettre toutes les informations demandées au Congrés, qui ne se remet toujours pas de la défaite de H. Clinton.
Dans The Guardian, il est possible de lire que des comptes russes ont payé de la publicité sociale et politique sur deux ans ... suspect:
Facebook disclosed earlier this month that an influence operation that appeared to be based in Russia had purchased $100,000 in ads to promote divisive political and social messages in a two-year period.
L'ombre des "trolls du Kremlin" plane sur Facebook, What else? Or, personne ne parle des sommes versées en général pour la publicité politique aux Etats Unis, par les partis, leurs activistes, leurs soutiens, ce qui rend ce chiffre brut totalement dénué de sens. Si Zuckerberg s'est quelques temps opposé à transmettre des informations, sommes toutes confidentielles, après les pressions exercées sur lui par le Congrès, il a cédé ... à la nouvelle réalité:
“We are in a new world. It is a new challenge for internet communities to deal with nation states attempting to subvert elections.”
Mais ce monde est-il vraiment nouveau? Les révolutions en couleur furent en grande partie possibles grâce aux réseaux sociaux, nomment Facebook, non seulement pour faire sortir les gens dans la rue, mais aussi pour les conditionner psychologiquement. Les mouvements contestataires s'appuyant sur les jeunes jouent la carte internet, Navalny en Russie en est l'image même.
Finalement depuis longtemps les réseaux sociaux sont devenus un instrument politique, et même géopolitique, puisque notre monde est essentiellement basé sur la communication, l'instant et l'apparence, ce qui le fragilise à l'extrême.
L'on ne fera pas la liste trop longue des comptes politiques "libéraux" sur Facebook, des "trolls" agressifs qui viennent dans les conversations revendiquer la toute puissance et la grande vérité de la politique atlantiste, l'UE cherche son armée de trolls pour faire croire aux gens que cette Europe est une chance pour eux, les macroniens défendent becs et ongles leur Jupiter. La presse utilise les réseaux sociaux pour diffuser en langue étrangère sa vision des choses. Un exemple, celui de BBC en russe qui titre que la presse britanique estime que Poutine va encore longtemps destabiliser la situation en Occident:
En tenant compte du fait que les élections présidentielles russes auront lieu l'année prochaine et que selon toute vraisemblance V. Poutine sera candidat, n'est-ce pas une manipulation de l'opinion publique russe et donc une pression sur les électeurs? Finalement, une ingérence dans le processus politique russe.
Evidemment c'en est une et évidemment ce n'est pas une nouveauté. Alors qu'est-ce qui a changé?
Ce qui a changé la donne est que l'Occident n'a plus le monopole de l'espace des réseaux sociaux, la Russie est entrée dans le jeu de communication. De ce fait, "le monde a changé". Car les Etats Unis ne sont plus les seuls à jouer sur la toile, à vouloir défendre leurs intérêts à l'étranger et à faire connaître leur position. Pourtant, à la différence des Etats Unis, la Russie ne finance pas des groupes d'opposition en vue d'organiser des coups d'Etat, elle ne manipule pas les gens sur les réseaux sociaux pour les faire manifester contre les régimes étrangers, etc. Mais elle peut faire entendre sa voix et c'est déjà trop.
Ce monde à tendance totalitaire dans lequel nous vivons est finalement bien fragile, le virtuel ne résiste pas longtemps à la vie.
L'idéologie des Lumières ne supporte pas la contradiction...!
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