Intrusion des services spéciaux américains dans le Consulat russe à Seattle

Ce mercredi 25 avril, les services spéciaux américains sont entrés en force dans le bâtiment appartenant à la Russie à Seattle et servant jusqu'au scandale de Skripal de Consulat. C'est un pas de plus dans la guerre diplomatique que se livrent les deux pays. Un pas inutile, illégal, qui montre à quel point le conflit en soi est nécessaire: lorsqu'il n'existe pas, il faut le créer.

Suite à l'expulsion de diplomates russes par Obama en sa fin de mandat (voir notre texte ici), la Russie a pris le temps de réagir, finalement elle a égalisé les représentations diplomatiques des deux pays (voir notre texte ici). Notamment en nombre de bâtiments. Suite à quoi, les Etats-Unis, n'appréciant pas qu'il soit possible de leur répondre, ont décidé de fermer le Consulat de San Francisco et deux bâtiments chargés des relations commerciales à New York et Washington. Ces bâtiments qui sont la propriété de la Russie (sauf le bâtiment à New York qui était loué) sont interdits d'accès aux autorités russes, qui se trouvent de facto expropriées. De facto, puisqu'aucun acte judiciaire n'a confirmé cette décision politique. Et ces bâtiments ont déjà fait l'objet d'une perquisition par le FBI, ce qui est une première pour des pays qui ne sont pas ouvertement en guerre (voir notre texte ici).

Dans le cadre de l'affaire Skripal, les Etats-Unis ont encore décidé non seulement d'expulser des diplomates russes, mais aussi de fermer le Consulat de Seattle (en réponse la Russie a fermé le Consulat américain à Saint-Pétersbourg). Dans la tradition nouvellement acquise aux Etats-Unis du non respect de la propriété privée, car si la Russie ne peut plus utiliser ces bâtiments pour des activités consulaires, ils n'en restent pas moins sa propriété, le bâtiment de Seattle a été fermé à clé. Par les américains. Après que la Russie ait pu évacuer tout ce qui était important.

Comme l'intrusion du FBI à San Francisco, des représentants des  services spéciaux américains ont fait sauter mercredi la serrure du Consulat de Seattle et sont entrés, sans être accompagnés de représentants russes, sans ordre judiciaire, dans le bâtiment. En totale violation du droit international. Sans même parler du bon sens ... L'ambassade russe aux Etats-Unis parle d'un acte inamical tout autant qu'illégal:

«Ce que nous constatons actuellement est une violation flagrante de la Convention sur les relations diplomatiques et de la Convention sur les relations consulaires», a déclaré le 25 avril Nikolaï Poukalov, chef du Département consulaire de l'ambassade de Russie à Washington. (...) La partie russe n'a pas donné son accord pour enlever le statut diplomatique de notre propriété à Seattle et n'a pas donné la permission aux fonctionnaires américains d'entrer sur notre territoire»

Le Département d'Etat américain a justifié cette violation flagrante et du droit international et de la législation américaine protégeant la propriété privée de manière ... quelque peu surréaliste. Tout d'abord, ils ont vérifié que la Russie avait bien libéré les lieux, que le Consulat n'était plus en activité. C'est justement pourquoi un représentant des autorités russes aurait dû être présent. 

Mais la porte-parole américaine va plus loin, sans aucunement s'émouvoir de ce qu'elle dit: conformément à la Convention de Vienne, les Etats-Unis ont retiré leur accréditation au Consulat de Seattle suite à l'utilisation d'arme chimique par la Russie sur le territoire d'un Etat souverain, la Grande-Bretagne.

Ce qui pour autant ne donne pas droit aux services spéciaux d'entrer en force dans la propriété d'un Etat étranger. Autrement dit, les Etats-Unis voulaient-ils être certains que la Russie ne stockait pas d'armes chimiques à Seattle, dans le Consulat, à côté de ses collaborateurs? Faute flagrante de base légale, les Etats-Unis cherchent désespérément une légitimité ... fantasmagorique.

Bref, les tenants du conflit continuent à maintenir la pression, à empêcher toute possibilité de sortie de crise. La Russie promet de répondre.