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mardi 22 janvier 2019

Ukraine : tentative de légalisation de l'appropriation des biens de l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou



Dans l'indifférence totale de la communauté internationale, et avec le soutien réitéré des Etats-Unis, l'Ukraine met en place un processus d'expropriation des églises orthodoxes ukrainiennes du Patriarcat de Moscou, par la force, en recourant à des méthodes de bandit. Pour cela, deux textes de loi sont instrumentalisés et appliqués avec l'aide des extrémistes : l'un sur le changement de juridiction des églises et l'autre sur le changement de nom de l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou.


Nous avions déjà parlé (voir notre texte ici) de la vague de répression qui s'abat sur l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou, des persécutions lancées contre ses prêtres, mais aussi contre ses biens. Or, depuis que Poroshenko est allé faire allégeance au Patriarche de Constantinople, le processus s'accélère. Pour cela, deux textes de loi ont été adoptés par les députés pour tenter de "légaliser" formellement, ce qui n'est rien d'autre que du banditisme.

Tout d'abord, le Parlement ukrainien a adopté, une dizaine de jours après que le Patriarche de Constantinople ait donné à Poroshenko le document le faisant passer sous sa coupe, une loi permettant, avec le vote à main levée des deux/tiers des fidèles d'une église concrète de décider de la faire sortir du Patriarcat de Moscou et de l'intégrer dans la nouvelle structure créée par Poroshenko, après enregistrement par les autorités locales. Les députés ont dû s'y reprendre à deux fois pour faire passer le texte qui doit permettre de "légaliser" l'expropriation forcée de l'Eglise urkainienne canonique, par suite de la révision du droit d'exploiter le lieu.

Immédiatement, l'on note une augmentation des violences à l'égard des églises, non sans l'aide des groupes extrémistes qui accompagnent les nouveaux "prêtres". Sans compter les cas où des gens qui n'ont aucun lien avec les fidèles se regroupent pour "voter", si cette méthode ne marche pas, la solution est plus simple : l'occupation physique des lieux. Ainsi, dans la région de Tchernigovskaya, les nouveaux "prêtres" sont arrivés pour prendre possession des lieux avec les extrémistes du groupe S14, sans aucun titre ni document, et se sont déclarés "propriétaires". Autre exemple, dans le village de Bronits (région de Volynskaya), des membres de la nouvelle Eglise d'Ukraine ont brisé la porte de l'église, s'en sont pris au prêtre et l'ont sorti par la force du territoire de l'église. A son arrivée, la police n'a remarqué aucune trace d'effraction ... Et ces exemples se multiplient dans les différentes régions ukrainiennes.

L'autre texte, qui peut aider l'Ukraine à exproprier l'Eglise canonique au profit de cette nouvelle structure, est la loi sur le changement de l'appellation historique de l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou. Les députés, partant du fait que, soi-disant, cette Eglise orthodoxe historique n'est pas ukrainienne mais russe, elle a 4 mois à compter de la publication de la loi pour modifier son appellation en Eglise orthodoxe de Russie. Dans le cas contraire, elle cessera automatiquement toute existence légale en Ukraine.

Evidemment, l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou conteste cette décision, absurde, au minimum car il n'existe pas d'Eglise orthodoxe de Russie en tant que telle, la juridiction du Patriarcat de Moscou dépasse les frontières du pays. Par ailleurs, sans être autocéphale, elle détient une très grande indépendance par rapport au Patriarcat de Moscou, beaucoup plus que n'en possède de Constantinople la nouvelle structure, et est historiquement installée en Ukraine. En revanche, l'on voit très bien la logique américaine, de lier l'Etat et l'Eglise. Ce qui est formulé ainsi par le Secrétaire d'Etat Pompéo :
« L’annonce du 6 janvier sur l’autocéphalie, pour une Église orthodoxe indépendante d’Ukraine, marque une réussite historique, alors que l’Ukraine cherche à déterminer les contours de son propre avenir. En cette occasion importante, les États-Unis réitèrent leur soutien indéfectible à une Ukraine souveraine, indépendante. Les États-Unis maintiennent leur ferme soutien à la liberté religieuse, y compris la liberté des groupes religieux à administrer leur religion selon leurs convictions, sans ingérence extérieure. Nous nous félicitons des affirmations du métropolite Épiphane selon lesquelles l’Église orthodoxe d’Ukraine est ouverte à tous les croyants orthodoxes et encourage les responsables gouvernementaux et ecclésiastiques à promouvoir la tolérance et le respect de la liberté des membres de toutes les appartenances religieuses à pratiquer la religion de leur choix »

Mais le jeu est ailleurs, ce n'est ici que le premier pas. Lorsque la dénomination a été choisie pour la nouvelle structure, c'est une sorte de trolling ou de clone dirait-on, qui a été mis en place. Elle s'appelle Eglise orthodoxe d'Ukraine. Les initiales des deux Eglises sont très proches : UPTs pour l'Eglise historique et PTsU pour son clone. Filaret le renégat, qui reste influent bien qu'ayant été écarté officiellement par les tuteurs de la nouvelle structure, propose deux choses, qui ne sont pas particulièrement inattendues, mais qui ont le mérite d'être formulées.

Tout d'abord, il propose, dans la foulée de l'obligation faite à l'Eglise ukrainienne orthodoxe de s'appeler Eglise de Russie, de reprendre cette dénomination historique "libérée" au profit de la nouvelle structure. L'appellation justement historique permettra de plus facilement induire les gens en erreur. Ensuite, en toute "logique", il justifie l'appropriation des monastères hautement symboliques, que sont La Laure Des Grottes de Kiev et la Laure de la Dormition de la Mère de Dieu de Potchaïev. Il faut dire que cette déclaration de Filaret s'inscrit dans un long processus d'attaques pseudo-juridiques. En novembre 2018, le ministère ukrainien de la Justice a décidé de suspendre le droit d'exploitation des lieux traditionnellement accordés à l'Eglise ukrainienne orthodoxe du Patriarcat de Moscou de la Laure Potchaïev, car il y aurait eu des irrégularités juridiques commises en 2003. A la même période, le SBU (KGB ukrainien) a perquisitionné les lieux de la Laure Des grottes de Kiev et ouvert une affaire pénale contre le métropolite Pavel pour incitation à la haine. Le ministère de la Culture en a alors profité pour faire l'inventaire des biens, et la disparition de plusieurs icones anciennes a ensuite été signalée. Finalement, le ministère s'est prononcé pour la saisie de tous les biens de valeur qui ne sont pas directement liés à l'exercice du culte.

Tout ce cirque, ce banditisme d'Etat, se passe dans le silence complice de la communauté internationale, des institutions internationales, des ONG, de ces figures médiatiques si promptes habituellement à draper leur dignité dans des hashtags. Ici rien. Il est difficile de qualifier une telle hypocrisie, tant de bassesses. 



1 commentaire:

  1. J'ai lu qu'en Ukraine les eglises, sauf les monuments historiques, appartiennent aux paroisses. Donc si cette dernière décide de quitter le patriarchat de Moscou elle le fait avec les murs. Les laures appartiennent à l'état.

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