Les manifestations de samedi dans de nombreuses villes de Russie, le mécontentement ouvertement affiché de la population envers le pouvoir, l'absence d'un leader qui pourrait canaliser et faire "fructifier" ce mouvement populaire est en train de produire ses premiers effets.
Pour le pouvoir, un moment d'angoisse: comment canaliser ce mécontentement et l'utiliser? Pour les politiques: comment rentabiliser ce mouvement de foule et profiter de ce moment unique pour mettre en place un mouvement politique de la classe moyenne?
En d'autres termes: Prokhorov contre Koudrine? Prokhorov contre Poutine? Poutine contre Prokhorov et Koudrine?
Une inconnue: en dehors des schémas montés par ces particpants, la population arrivera-t-elle à garder le contrôle de son mouvement et à le transformer en une force d'action positive? Ou bien le mouvement sera-t-il récupéré par les joueurs traditionnels de l'échiquier politique - et peu importe lequel alors ?
Comme le remarquent les analystes, en ce qui concerne Prokhorov, bientôt les choses seront claires. Rappelons qu'aucun candidat non-kremlin n'a jamais pu enregistrer sa candidature aux présidentielles, soit pour des raisons techniques, soit parce qu'il n'a pu réunir les 2 millions de signatures nécessaires.
Hier, lors de sa conférence de presse, M. Prokhorov a annoncé sa volonté de participer aux présidentielles. Ces derniers mois, son staff aurait réussi à réunir les signatures demandées. Ils seraient en mesure de déposer sa demande officielle mercredi ou jeudi auprès de la Commission centrale électorale. Mais il ne donne aucune autre information concernant la composition de son staff électoral, de la liste de ses membres, de son programme ...
Pour les analystes, la situation sera alors claire: si sa candidature est enregistrée, il bénéficie du soutien du Kremlin, bien que niant avoir eu toute discussion avec Poutine ou Medvedev; si sa candidature n'est pas enregistrée, il agit réellement de manière indépendante et aura au moins eu la possibilité de laver son image après l'échec de sa direction du parti Pravoe delo.
En tant qu'indépendant, il a peu de chances. Toutefois, la situation politique se complique après les manifestations. Quelqu'un doit prendre en charge le mécontentement et répondre aux attentes politiques d'une population de plus en plus déçue par les partis institués. D'où l'idée de Koudrine d'une nouveau parti de droite. D'où l'annonce de Prokhorov. Même s'il est enregistré, il ne sera d'aucun danger pour Poutine, mais permettra de redonner de l'oxygène dans une vie politique au bord de la fossilisation.
S'il est officieusement lancé par le Kremlin, qui évidemment jamais ne le reconnaîtra, l'enregistrement de sa candidature ne posera pas de problèmes. Il apparaît même alors, dans le jeu intérieur, comme une alternative à l'échec de l'opération "Medvedev - grand libéral - aimé du bon peuple". En ce qui concerne le libéralisme, il n'est visible que pour une catégorie très précise de la société, quant à l'amour populaire, il suffit d'aller sur sa page Facebook et de lire les commentaires pour en avoir froid dans le dos. Comment le dirigeant d'un pays peut-il s'abaisser à ce point là?
Et là, Prokhorov devient une alternative libérale neuve. Un premier ministrable à la place d'un Medvedev en échec.
La question, qui n'a rien à voir avec les élections, reste pourtant de savoir si le Pouvoir a plus à perdre avec le maintien de Medvedev ou avec son départ.
Et la question qui a tout à voir avec les élections est de savoir si la population acceptera de se faire si facilement manipuler? Les dernières évolutions laissent perplexes ... et plein d'espoirs!
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