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mardi 21 août 2012

Election du maire de Khimki: l'opposition entre dans le jeu politique

Voir: http://www.kommersant.ru/doc/2005161

Suite à la démission du maire de la petite ville de Khimki, aux portes de Moscou, célèbre pour le combat mené par les habitants contre le tracé d'une voie rapide reliant Moscou à Saint Petersbourg, traversant la forêt et portant un préjudice certain à l'environnement, de nouvelles élections doivent être organisées le 14 octobre.

En dehors du candidat Edinaya Rossiya, la surprise vient de l'opposition. Personnalité forte de la société civile, à la tête du mouvement de contestation du tracé, fortement active lors des manifestations de cette année, Evguénia Tchirikova présente finalement sa candidature après de nombreuses hésitations. Elle avait tout d'abord ne pas vouloir se présenter, préférant s'occuper des différents programmes écologiques, mais suite aux demandes d'un grand nombre de ses partisans, elle a changé d'avis. Il faut rappeler que E. Tchirikova avait déjà participé aux élections municipales de 2009, où elle était arrivée en troisième position avec un score honorable de 15%. Ceci lui garantie une certaine expérience et permettra d'apprécier son évolution.

Sa décision de participer aux élections municipales est un très bon signe. Cela montre l'évolution du mouvement contestataire, qui, en entrant dans le jeu politique par l'intermédiaire des élections, fait preuve d'une volonté constructive de changement, ce qui devrait avoir une répercussion positive sur son image dans l'électorat et, avec le temps, permettra de normaliser la situation: voter pour un candidat de l'opposition alors "dure" peut devenir un acte normal. Sur cette voie peut se construire un réel pluralisme politique.

Il est a souhaiter également que l'opposition ait tiré les leçons de l'échec du bloggeur Varlamov aux élections de Omsk cette année. En tête des blogs, il était arrivé en vainqueur dans la ville ... et n'avait pu réunir les 10 000 signatures nécessaires pour l'enregistrement de sa candidature, faute d'un soutien réel de la population, dans cette ville de plus d'un million d'habitants. Ce qui a illustré tout l'espace qui existe entre "le monde" d'internet, avec ses figures de proue, et le "monde" réel, avec ses besoins très concrets.

En ce qui concerne les élections de Khimki, l'opposition réagit de manière différente, selon sa nature, à la cadidature de E. Tchirikova. Les mouvements, qui ne sont pas des partis politiques, et des représentants de la société civile, comme l'organisation de Koudrine ou le bloggeur Navalny, les mouvements politiques qui savent ne pouvoir remporter ces élections, comme le mouvement de Udaltsov, toute cette partie de la société civile soutient la cadidature de E. Tchirikova, car c'est une candidature réelle qui a une chance de succès. Mais les partis d'opposition qui voient bien en elle une cadidature réelle, voient également en elle une concurrente. Les communistes pensent présenter leur propre candidat. Le parti républicain PARNAS ou encore Iabloko, sont également plus froids, rappelant que Tchirikova n'avait pas mené de consultation au sein du mouvement des partis d'opposition avant de présenter sa candidature, ils peuvent donc difficilement maintenant la soutenir car ils pensaient présenter également leur candidat.

Bref, la vie politique s'anime. Chacun veut présenter des candidats, ce qui est un excellent signe. L'idée d'une candidature unique pour toute l'opposition n'est pas réaliste, et le petit exemple de Khimki le montre. Et tant mieux, car la vie politique n'a pas besoin qu'un groupe réduit choisisse qui doit être candidat ou élu, c'est aux électeurs de faire de choix.

Pour sa part, le gouverneur Choïgu, qui a plutôt bonne réputation dans la population, a promis de garantir des élections nettes. Et c'est effectivement l'intérêt du pouvoir. Si E. Tchirikova gagne, elle entre dans les mécanismes d'Etats, elle est obligée de normaliser ses relations avec la région et avec le Centre pour des raisons budgétaires, elle devient une figure "normale" de la politique, doit s'occuper de différentes questions et pas seulement d'écologie et des manifestations. Bref, elle devient moins "opposante radicale" pour se transformer en un élément du système d'Etat, ce qui n'enlève rien à sa liberté de penser, de s'opposer, mais les moyens changent. Elle-même affirme vouloir montrer ce qu'est une politique "normale" de la ville.

Décidément, en Russie comme en France, nous entrons dans l'ère de la normalité politique!

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