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mercredi 7 novembre 2012

Les leçons du renvoi du ministre de la défense Serdiukov: la voie de la normalisation

Voir: http://www.vedomosti.ru/opinion/news/5792011/putin_v_okruzhenii
http://www.gazeta.ru/comments/2012/11/06_e_4842373.shtml

A la suite des scandales financiers de corruption et de détournement de fond liés ces derniers temps au ministère de la défense et à la personne même de A. Serdiukov, V. Poutine a pris la décision de le renvoyer et, sur proposition de D. Medvedev (officiellement), de nommer O. Choïgu à sa place, qui n'est dès lors plus gouverneur de la région de Moscou.
 
La réaction est plutôt saine. Un ministre convaincu de corruption, dont l'activité est entâchée de scandales ne peut rester en place. C'est une décision normale, signe d'une bonne vitalité et de la vie politique - contre la logique des clans longtemps en place - et de la logique de l'intérêt d'Etat qui exige une utilisation sinon rationnelle du moins "légale" des fonds budgétaires attribués, surtout si l'on tient compte du fait que le budget de l'armée doit être augmenté afin de moderniser l'institution.
 
Et là, surprise, la presse libérale critique. Elle souligne que cette attitude n'était pas dans les habitudes de V. Poutine, ce qui est indéniable, et donc que cela montre les difficultés de son clan qui serait au bord de la crise (pour vedomosti). Conclusion surprenante que de qualifier de "crise" une décision allant dans le sens d'une normalisation des rapports politiques. Selon un autre quotidien libéral (gazeta.ru), les faits de corruption n'étaient pas si graves, les détournements de fond sont habituels, donc cela ne peut être le fondement du renvoi de A. Serdiukov. La raison ne peut non plus être dans le conflit permanent qu'il entretient avec les cadres de l'armée en raison de sa politique de réduction des effectifs, de réorganisation des structures, d'achats essentiellement d'armements étrangers au détriement d'une industrie militaire nationale qui a toujours été un élément stratégique pour un Etat souverain et indépendant, industrie qui a besoin du soutien de l'armée. Position largement défendue par la bulle ultra libérale. Mais le plus mausant est qu'ils soutiennent également qu'une telle politique n'aurait pu être menée sans l'avale du pouvoir. La contradiction est alors poussée à son maximum. 
 
Cette position défendue par la presse libérale n'a, en soi même, rien d'anormal. Il existe différentes conceptions de la politique étatique, différentes voies pour la réaliser, ce qui se traduit par une presse diversifiée. Une presse qui soutient les décisions prises par la majorité politique, a priori. Une presse qui les dénigre, a priori. Schéma tout à fait normal, si l'on applique à la Russie les mêmes critères d'appréciation que pour les Etats politiquement développés. Il y a donc bien une presse d'opposition bien intégrée, qui n'est pas une presse objective mais partisane, ce qui est encore normal.
 
Autrement dit, un des grands enseignements du renvoi du ministre de la défense A. Serdiukov est le chemin pris vers une normalisation. Mais le chemin est long et les tentations sont grandes, espérons qu'il se poursuivra. Il est également souhaitable qu'une complexification des critères d'analyse du système russe entre dans les moeurs, afin d'en saisir réellement les subtilités et ne pas tomber dans les analyses idéologiques caricaturales qui ne font pas avancer le débat.

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