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mercredi 2 juillet 2014

Russie/OSCE: l'heure d'un choix stratégique est arrivée

Бенджамин Кардин

La délégation russe, dirigée par le président de la Douma S. Narychkine, a participé à la réunion de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE qui s'est tenue à Bakou du 28 juin au 2 juillet. Les résultats sont considérés comme particulièrement satisfaisants par la délégation russe: deux résolutions anti-russes ont été adoptées, un amendement proposé par la Russie demandant la mise en place de réunions ternaires Ukraine-Russie-OSCE (qui existe déjà) a été accepté, mais la Russie a quand même voté contre le texte de la résolution car il est totalement anti-russe. Un beau succès. Comme l'affirme la délégation russe sur tous les tons. Comment expliquer la crise de "psakisme" aigüe qui semble toucher de plein fouet la diplomatie russe, pourtant si efficace ces derniers temps?

Il semble quand même difficile de croire que la Russie pense encore que l'OSCE soit un organe objectif représentant les intérêts européens. La diplomatie russe est trop développée pour lui donner l'excuse de la bêtise ou de l'incompétence. Mais la croyance en l'existence tout aussi miraculeuse que fantomatique d'un exceptionnel Plan commence également à faire long feu. Donc partons des faits.
Lors de la réunion de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE à Bakou, la Russie a réussi à faire insérer dans la première résolution un amendement prévoyant la mise en place d'un dialogue tripartite Ukraine/ Russie / OSCE, comme cela fut déjà mis en place. Mais de toute manière la Russie a voté contre la résolution car son caractère anti-russe était trop fort pour elle: contestation de la Crimée et de Sébastopole, accusation d'escalade guerrière en Artique et non exécution des obligations découlant du cessez-le-feu de ... 2008 contre la Géorgie. Sans oublier l'adoption de la deuxième résolution anti-russe proposée par le sénateur américain B. Cardin, condamnant en bloc la Russie pour la violation des accords d'Helsinki dans ses relations avec l'Ukraine, la violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté ukrainienne.
Pourtant, la délégation russe considère qu'elle a obtenu un grand succès. Son amour propre est sauf: contrairement à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, ici on la respecte et on l'écoute avec beaucoup d'attention. Je ne savais pas les diplomates russes si sensibles. Car finalement et ici et là-bas, ils ne sont pas écoutés, leurs arguments ne sont pas discutés, les preuves apportées concernant les crimes commis par l'armée ukrainienne ne sont pas examinées. Ecouter quelqu'un ce n'est pas simplement le laisser parler, c'est réfléchir à ce qu'il dit. Et pour l'OSCE, il est d'autant plus facile de laisser parler, que la grande majorité des membres est anti-russe, elle peut se permettre de tenir les apparences, les résolutions passent sans problèmes. Pour le Conseil de l'Europe, la situation est quelque peu différente, car il existe encore des pays réellement européens, il ne faut donc pas prendre le risque d'une discussion.
Ensuite, autre succès du point de vue russe, elle a obtenu un espace de discussion. Qu'elle avait déjà, soit, mais cette fois elle a dû mendier ce qui lui était déjà acquis. Etrange victoire. Sur le fond, une autre question se pose: pour parler de quoi? Du cessez-le-feu? Du corridor humanitaire? D'une réalité virtuelle qui coûte très cher en vies humaines?
Malgré tout cela, certains croient encore au soutien de la Russie, voire de V. Poutine personnellement, à la construction de Novorossia. Toutefois, les doutes sont permis. Le discours ambiant change radicalement. Par une campagne de désinformation, en Russie, il y a une tentative évidente de vouloir discréditer des forces combattantes sur place. Ainsi, un des commandants à Donetsk, Igor Bezler ("Bes"), a été accusé sur Ria Novosty de vouloir organiser un coup d'état et prendre le pouvoir sur place. Ce qui a été démenti ensuite sur d'autres sites. Bientôt, une telle campagne pourrait être mise en place contre Strelkov ou Gubarev, il n'y aurait là rien d'étonnant.
Car malgré l'ambiance anti-russe renforcée et clairement affichée, la Russie ne cesse ces derniers temps de lâcher du terrain. Un exemple particulièrement évident: V. Poutine propose aux forces militaires ukrainiennes de contrôler ensemble la frontière. Finalement, ce pourrait se faire sous la forme d'observateurs. Ainsi, des membres de l'OSCE et des gardes-frontières ukrainiens pourraient se baser côté russe dans les postes frontières. Idée de génie quand les combattants de Novorossia se battent pour prendre le contrôle de la frontière. Cela ressemble beaucoup à un coup de poignard dans le dos. Et ce pas pose presque officiellement la Russie en partie au conflit, ce contre quoi elle a toujours lutté.
Ces réactions s'expliqueraient, selon A. Douguine, par l'ascendant qu'a pris ce qu'il appelle la 6e colonne dans les structures de pouvoir. Il s'agit de libéraux russes intégrés, systémiques, défendant avec beaucoup plus de doigté que la 5e colonne des intérêts qui ont tendance à affaiblir la Russie. Car ils ont la naïveté de croire qu'il est possible de préserver son espace économique en renonçant à toute confrontation politique. Et en ayant une peur panique d'un retour à la guerre froide en général, en tenant compte des intérêts particuliers mais forts d'une fraction axée sur le business, la Russie a des difficultés a développer une politique claire et stable sur une longue période. Ce qui l'affaiblie sérieusement et même la ridiculise parfois. Comment en effet ne pas analyser la proposition des Etats Unis de revoir à la baisse les sanctions économiques si la Russie renonce aux Mistrals français? C'est une giffle diplomatique monumentale. Et V. Poutine l'a bien sentie en appelant cela du chantage. C'est un chantage vulgaire, mais significatif, car il est devenu possible.
En conclusion, il serait bien que la diplomatie russe se souvienne que la discussion n'est pas un but en soi. Qu'il serait même profitable qu'elle ait un but précis à atteindre. Car "la paix en Ukraine", n'est pas un but, en tout cas pas pour la Russie. C'est un moyen. Mais un moyen pour quoi? La défense de l'unité territoriale ukrainienne? Garder la Crimée et Sébastopole? Créer Novorossia? Préserver sa position dans le marché énergétique? Renforcer sa position dans un monde multipolaire?
Pour quoi? Car ces différents buts, aussi louables soient ils, ne sont pas tous compatibles entre eux. L'heure du choix est arrivée.

2 commentaires:

  1. les mistrals sont des navires de projection porte-hélicoptères

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    1. Effectivement, je ne sais pas pourquoi j'ai noté avion ... Merci pour la correction :)

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