Comme nous l'avons écrit hier, les vents tournent sur la scène géopolitique. Et ils ne peuvent manquer de toucher l'Ukraine, l'un des éléments de pression dans les rapports US/Russie. Cela peut s'expliquer par l'incompétence crasse des dirigeants ukrainiens placés à Kiev, mais il est clair que l'attitude change tant aux Etats Unis qu'à Berlin, indépendamment de la politique menée localement en Ukraine.
Hier, le Président et le Premier ministre ukrainien étaient en tournée européenne. Le Président en Allemagne, le Premier ministre en France, la hiérarchie en tout plan devant être respectée. A la fin de sa discussion avec M. Valls, Yatséniuk sort et descend les marches du perron de Matignon pour répondre aux questions des journalistes. Voici la vidéo:
Il ne s'attend pas à la question du journaliste F. Saillot pour Eurasie express sur le génocide qu'il commet contre la population du Donbass. Et, Yatséniuk, au lieu de commencer par affirmer qu'il n'y a pas de génocide dans le Donbass, explique qu'il est obligé de le perpétrer à cause de la politique de V. Poutine. Pour enfoncer le clou, le Premier ministre ukrainien affirme que la reprise des combats est presque inévitable. Un tel niveau d'incompétence est une chose rare. Et comme tout ce qui est rare est cher, ça coûte cher. Et l'Europe commence effectivement à le payer très cher.
C'est peut être pourquoi, de leur côté, P. Poroshenko et A. Merkel n'ont pas pris le risque de répondre aux journalistes. Ils ont simplement lu leur texte et sont partis. L'on notera toutefois que les journalistes de DW ne s'en sont pas contentés et sont allés poursuivre les protagonistes de leurs questions jusque dans les couloirs. Il en est ressorti que le double discours de Poroshenko, prônant la paix et le respect des accords de Minsk devant un auditoire européen et appelant à la reprise par la force, notamment, de l'aéroport de Donetsk pour les ukrainiens, commence à faire long feu. Cette position irrite légèrement dans l'entourage de A. Merkel, même si elle, de son côté, garde son discours inchangé. Autrement dit, la fissure devient apparente, mais n'est pas encore critique. Et pour cause, l'intérêt n'est pas de prendre une position claire et définitive, mais de garder la plaie saignante, sans trop l'infecter.
Or, l'infection semble se propager et les "partenaires" américains commencent à se mettre en retrait. Ce qui s'annonçait à l'issue de la rencontre de J. Kerry avec son homologue russe S. Lavrov, puis avec le Président russe, V. Poutine. Deux anecdotes ... significatives.
La première concerne la composition du Conseil international auprès du Président ukrainien pour les réformes. L'Ukraine étant habitué à une tutelle internationale, elle a voulu créer un organe supplémentaire en ce Conseil. Il est présidé par l'ancien Président géorgien Saakachvilli, inculpé dans son pays, où il ne peut donc retourner en raison des crimes commis lors de sa présidence. Ce Conseil comprend tout le gratin "européen" avec, par exemple :
- Carl Bildt : ancien chef du parti conservateur suédois, ministre des affaires étrangères. Mais avant cela, il fut en charge pour l'Union européenne en 95-97 de la Bosnie-Herzégovine et fut nommé envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU dans les Balkans de 99 à 2001.
- Elmar Brok: ancien député européen allemand de la CDU, a été très actif lors de la négociation des traités européens, il dirige un Think tank Les amis de l'Europe.
- Mikulas Dzurinda: ancien premier ministre slovaque.
- Andrius Kubilus: membre du Mouvement de réforme de la Lithuanie dès 1980, puis député, il sera ensuite Premier ministre.
J. McCain est sénateur de l'Arizona depuis 1987 pour les conservateurs. Sa position politique est interventionniste sur la scène internationale, à l'intérieur, contre le mariage homosexuel. En 2008, le Times le place dans la liste des 100 personnalités les plus influentes de la planète. Sa rhétorique anti-russe est connue et il fut l'un des soutiens du coup d'Etat du Maïdan en Ukraine.
Il s'agit donc de la figure phare du Conseil de Poroshenko. Et Saakachvilli a déjà annoncé que McCain lui a donné personnellement son accord, lors d'une conversation privée, pour en faire partie. L'oukase de Poroshenko est adopté. Sauf que ... McCain, soit revient sur ses paroles, soit les précise. Selon cette toute dernière version, il aurait effectivement reçu cette invitation de la part de M. Poroshenko et de M. Saakachvilli, il aurait donné un accord de principe, mais:
"J'ai également dit qu'il fallait tenir compte de certaines nuances, est-ce que cela est conforme avec nos règles éthiques. Il me faut d'abord être certain que cela soit conforme aux règles du Sénat"
Autrement dit, J. McCain recule légèrement, sans pour autant refuser. L'éthique n'empêche pas d'être dans les coulisses d'un coup d'Etats, mais de là à s'afficher publiquement ensuite, il est un pas à ne pas forcément franchir. Il faut dire que le vent à tourné, il n'est pas nécessaire de prendre des risques. J. Kerry a donné le signal, et McCain est un vieux renard de la politique.
Et prendre des risques pour qui? Poroshenko? Ce n'est pas sérieux. D'autant plus qu'il semblerait que le poids de Poroshenko chez ses amis américains soit en passe de chuter sérieusement. Sans même compter la mise en garde de Kerry dont nous parlions hier, un article intéressant est sorti sur le site de radio Liberty, la voix du Département d'Etat.
Selon cet article, P. Poroshenko aurait abusé de ses pouvoirs pour s'approprier des biens immobiliers. Il aurait également ainsi influencer sur le cours de la justice pour des affaires l'intéressant directement. Et l'article de donner des chiffres, des lieux, des adresses, des noms. Et en finissant par poser la question de savoir comment réagirait le peuple ukrainien en apprenant ces détails. Pour le moins, on peut appeler cela une mise en garde.
En conclusion, le changement de ton des Etats Unis envers la Russie va avoir un effet direct sur le soutien qui sera apporté à l'Ukraine. D'une part, les intérêts des Etats Unis changent avec le temps et ils ont besoin de l'aide de la Russie sur certains dossiers, quand le projet Ukraine s'enlise. A l'intérieur, la rhétorique "c'est la faute de Poutine, la Russie est coupable" commence à tourner court. Un coup de semonce vient d'être donné, en réponse l'armée ukrainienne intensifie les violations des accords de Minsk. Il n'est pas sûr que les "partenaires" de l'Ukraine ne finissent par retrouver la vue lorsque cela leur sera nécessaire.
J’hallucine ! Yats est vraiment un imbécile. Il se croit encore en Ukraine où on peut à peu près dire n'importe quoi à la télévision.
RépondreSupprimerIl vient de rencontrer Valls et se sent soutenu par la France. Il n'a pas l'air de savoir que l'on n'a pas dit aux Français que l'Occident perpétrait un génocide sur la population russophone en Ukraine.
Et oui ici en France les politiciens font des choses qu'il ne faut surtout pas dire aux français. Et un génocide c'est quand même pas bien dans un pays civilisé comme la France.
Quand je pense qu'il y a quelques temps encore Hollande a essayé de changer les règles du conseil de sécurité pour intervenir en cas de génocide. Ah oui, j'oubliais pas n'importe quel génocide !
Dans tous les cas, garder absolument cette vidéo au cas où tous ces gens se retrouveraient au TPI ou devant un autre tribunal. On peut toujours rêver ! Mais qu'est-ce que j'en rêve !
Yats, faudra penser à lui passer la camisole de force derrière les barreaux quand il marmonnera " tout est de la faute du méchant Poutine, méchant Poutine, méchant Poutine,...".
Questions :
RépondreSupprimerLes Ukronazis qui sévissent ne peuvent-ils pas utiliser la reprise des combats pour mettre les occidentaux devant leurs responsabilités : si nous coulons à pic, comment pensez-vous en sortir sans dommage, pour vous ? Et Comment expliquerez-vous la situation à vos opinions publiques ?
Autant de motifs qui me font craindre, que les Ukronazis qui sévissent se fichent complètement des mises en garde de l’occident concernant une éventuelle reprise des combats .
Oui, les tarés de Kiev mis en place par Nullandissime sont assez cinglés pour relancer la guerre, malgré les avertissements de Kerry.
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