Trump continue à déployer une politique internationale, dont le cynisme est poussé à l'extrême. Les élites globalistes ont manifestement fait le choix d'une forme extrême du néolibéralisme, qui arrive à ses limites, vidé de l'hypocrisie des "valeurs" derrière lesquelles il cachait sa mauvaise conscience. Au moins avait-il une conscience. On oublie les manières, on garde le fond : Gaza doit être vidée des Palestiniens, appartenir aux Etats-Unis et tout ira bien. La Pax Americana, dans sa version primaire, anti-civilisationnelle, un Far West global.
Le chaos politico-communicationnel produit par Trump commence à prendre forme. Lorsqu'il annonçait la fin de la période du wokisme, il ne s'agissait pas de revenir à une politique plus respectueuse des hommes et des pays. Il s'agissait d'une démarche brute, d'un néolibéralisme primaire, arrivant à sa fin en touchant ses extrêmes : tout a un coût et seul le coût compte. Il n'y a plus de wokisme, plus de droit de l'hommisme, plus de fausse démocratisation. Certes. De toute manière cela coûtait trop cher et ne produisait plus les effets attendus.
Mais la ligne profonde ne change pas, simplement il n'y met plus les formes. Les livraisons d'armes pour l'Ukraine ont repris. L'USAID passe sous contrôle du Secrétaire d'Etat, l'approche sera plus pragmatique. La nuance droit de l'hommisme ne convainc plus, l'approche sera alors plus directe. Chantage aux tarifs douaniers, guerre économique et soumission totale.
Gaza illustre parfaitement cela. Dans sa conférence de presse à Washington aux côtés du Premier ministre israélien Netanyahu, Trump déclare aux journalistes que les Etats-Unis pourraient prendre Gaza, vidé de sa population palestinienne - définitivement.
« Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza et nous ferons du bon boulot avec elle aussi (...). Nous en serons propriétaires et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses non explosées et autres armes sur le site, du nivellement du site et de l’élimination des bâtiments détruits »
Bref, Trump estime pouvoir en faire la Riviera du Moyen-Orient. Mais pour cela, il ne doit pas y avoir de Palestiniens. Et le cynisme est poussé à son comble :
« Je ne pense pas que les gens devraient retourner à Gaza », a déclaré Trump dans le Bureau ovale plus tôt dans la journée. « J’ai entendu dire que Gaza leur a porté malheur. Ils vivent comme un enfer. Ils vivent comme s’ils vivaient en enfer. Gaza n’est pas un endroit où les gens peuvent vivre, et la seule raison pour laquelle ils veulent y retourner, et j’en suis convaincu, c’est qu’ils n’ont pas d’autre choix. »
Si l'on se place du point de vue des Etats et des peuples, il ne propose rien d'autre qu'un déplacement massif de plus d'un million de personnes, ce qui constitue un crime au sens du droit international humanitaire. Mais lui nie le droit humanitaire, comme il nie la souveraineté des Etats. Il n'y a que des territoires, qui peuvent être intéressants ou non pour les Etats-Unis, question de prix. Trump propose même de construire aux Palestiniens privés de leur pays de jolies petites zones - on n'appelle pas ça des camps ?
On achète une entreprise, on vire le personnel et on rationalise l'exploitation. C'est ce à quoi notre monde déshumanisé en est réduit. En tout cas, ce à quoi les élites globalistes tentent de nous faire arriver. Vous n'avez plus voulu du droit de l'hommisme, le wokisme vous dérange ? Ok, on ne va plus prendre de gant. La Pax Americana sera une chape de plomb. Vous serez tellement étouffés, que vous n'aurez plus la force de relever la tête.
Le Hamas s'indigne, la Chine condamne à juste titre un plan de déplacement massif forcé de populations. Il est intéressant de noter, que cette proposition intervient alors qu'un cessez-le-feu a été négocié et que des pourparlers de paix doivent se tenir. C'est à méditer. Notamment par la Russie.
Pas gagné pour autant, les juifs migrent moins vers la Terre promise (au chaos), et même le flux s'inverse.
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