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vendredi 25 novembre 2011

Poutine: la victoire d'Edinaya Rossiya est nécessaire pour sauver le pays

Или будет кризис
Путин объяснил фракции «Единой России», почему нельзя проигрывать
http://www.gazeta.ru/politics/elections2011/2011/11/24_a_3847590.shtml

Lors de sa rencontre de jeudi avec la direction du parti Edinaya Rossiya, V. Poutine a déclaré que si Edinaya Rossiya n'obtient pas une majorité suffisante au Parlement, une crise sérieuse et similaire à ce qui se passe en ce moment en Europe attend la Russie. Il attend donc du Parti qu'il obtienne le nombre de mandats nécessaires.

En effet, pour V. Poutine, la Russie a pu sortir rapidement de la crise grâce à la majorité parlementaire, contrairement aux pays d'Europe où l'opposition parlementaire est trop forte.

La faiblesse de l'opposition russe a permis de limiter les discussions au sein de l'institution parlementaire, de prendre rapidement les décisions et d'adopter sans trop de discussions les textes nécessaires au prélable établis par le Gouvernement. Et cela n'a été possible que parce que le Parlement n'est contrôlé que par un seul Parti.

B. Gryzlov, président de la Douma, rappelle qu'ainsi il a été possible d'adopter 1608 textes de loi, soit 500 de plus que lors de la précédente législature. Ce qui n'aurait pas été possible dans une autre conjoncture politique.

La Russie a donc pu éviter de s'engager dans une économie spéculative, de prendre de mauvaises décisions ou simplement de ne pouvoir réagir à la situation, comme cela a été le cas en Europe, où les Etats vivent à crédit et non en fonction de leur revenu.

L'opposition critique évidemment cette position, rappelant que toutes les décisions ont été loin d'apporter un bénéfice pour le pays et qu'en Russie aussi l'économie est dans une large mesure spéculative. Ajoutant que si la dette publique a été baissée à 10% du PIB, elle est en train de remonter.

Ce discours est un dangereux mélange de populisme, d'autosatisfaction et de mauvaise foi.

Tout d'abord, la quantité des lois adoptées est loin de garantir leur qualité, il suffit pour cela de voir le nombre de modifications - et leur rythme - qui sont adoptées aux textes en vigueur.

Ensuite, la présence de l'opposition permet justement le débat, ce qui est l'essence d'une institution représentative comme le Parlement, à la différence de la logique gouvernementale. Si le Gouvernement doit effectivement représenter la politique du parti vaiqueur, le Parlement doit représenter la pluralité des courants politiques de la société afin de pouvoir réellement défendre ses intérêts. Ce qui n'est pas le cas en situation de monopole artificiel.

Enfin, la majorité parlementaire ne garantie pas de faire les bons choix politiques, elle permet simplement de les adopter plus facilement, quelle que soit la position du reste de la société. Ce qui dangereux à terme. La crise en Europe ne peut donc en aucun cas être attribuée à l'existence d'une opposition parlementaire. Etablir un lien entre la composition formelle du Parlement et la résolution de la crise est une absurdité totale.

jeudi 24 novembre 2011

Pour Medvedev, la dépendance de la justice est de la responsabilité des juges

Voir: http://pravo.ru/news/view/64752/

En Russie, depuis longtemps, existe une pratique très bien répandue selon laquelle des personnes intéressées et influentes téléphonent au juge afin de le contraindre à prendre une décision dans un sens déterminé, qui souvent ne correspond pas au respect des règles juridiques en la matière. Cette pratique s'appelle "le droit du téléphone".

Quelle que soit la personne qui téléphone, la pratique est choquante et dangereuse.

Choquante, car elle suppose que le poids personnel d'un individu est plus fort que celui de la loi. Choquante, car elle suppose que le juge n'est qu'un technicien, mis en place pour servir des intérêts particuliers et déterminés, supérieurs à ceux de la loi.

Dangereuse, car, en soi, elle constitue une forme de nihilisme juridique. Dangereuse, car elle détruit l'état de droit. Dangereuse, car la parodie de justice conduit au féodalisme, dans le cadre duquel les rapports personnels déterminent les rapports abstraits entre le pouvoir et la société.

Et même si cette pratique existe à des degrès divers dans toutes les sociétés, elle est unanimement condamnée. Or, le Président Medvedev, grand défenseur de l'indépendance de la justice, grand prophète de la modernisation et de la libéralisation de l'Etat russe veut par sa personne légitimer cette pratique.

Lors de sa rencontre avec les responsables du ministère de l'intérieur, de la Procuratura générale, du Comité d'enquête et avec des représentants de la société civile, notamment des membres de la Chambre Sociale de la Fédération de Russie, D. Medvedev n'a rient trouvé de mieux à dire que les pressions exercées par les autres branches du pouvoir sur la justice sont normales, cette pratique existant dans d'autres pays. En effet, l'Etat doit avoir la possibilité de faire connaître sa position au juge avant qu'il ne prenne sa décision. Simplement, il faut le faire de manière beaucoup plus intelligente que par un coup de téléphone. Par ailleurs, s'il est possible de téléphoner directement au juge sur son téléphone portable, celui-ci est directement responsable, il n'a qu'à ne pas donner son numéro (sic!). Il rappelle aussi qu'à la Cour supérieure d'arbitrage (juridiction compétente pour les litiges économiques) les juges ont proposé d'enregistrer systématiquement ces communications pour réduire leur influence.

Le cynisme et la légèreté dont fait preuve le chef de l'Etat russe sont inacceptables. Pour les juges qui devraient y voir une insulte directe. Pour la société civile à qui il dit clairement de ne pas attendre une justice impartiale en Russie.

Cela a au moins le mérite de clarifier la situation s'il restait encore un doute.

mercredi 23 novembre 2011

Les autorisations de vote en dehors de sa circonscription ou comment développer un instrument de falsification

Общеоткрепляющее
На выборах в Госдуму будет выдано рекордное количество открепительных удостоверений
http://www.gazeta.ru/politics/elections2011/2011/11/22_a_3844442.shtml

Dans plusieurs régions de Russie, les autorisations de voter en dehors de sa circonscription, délivrées par les commissions électorales régionales, ont augmenté de 5 à 10 fois par rapport à 2007. Cette tendance inquiète les partis d'opposition et les experts qui y voient un moyen de falsifier le vote au profit d'Edinaya Rossiya.

Dans certaines régions, les chiffres sont simplement effarants. A encore deux semaines des élections, dans l'Oblast de Briansk ont déjà été délivrées 10 863 autorisations (contre seulement 636 en 2007), dans l'Oblast de Toula 11 557 (2048 en 2007), dans l'Oblast de Kostroma 542 (179 en 2007), dans l'Oblast de Nijni-Novgorod 2570 (508 en 2007), dans le Kraï de l'Altaï 2621 (481 en 2007) et dans le district autonome de la Tchoukotka 1937 (205 en 2007).

Dans l'Oblast de Vladimir ont été données 10 fois plus d'autorisation de vote en dehors de sa circonscription qu'en 2007, dans l'Oblast d'Ivanovo 9 fois plus, dans les Oblasts de Novosibirsk, de Tambov et de Saratov 5 fois plus, dans les Oblasts de Tchéliabinsk et d'amour 4,5 fois plus et dans l'Oblast de Kaluga 4 fois plus.

Selon G. Golossov, professeur à la faculté de sciences politiques et de sociologie de l'Université européenne de Saint Petersbourg, le recours aux autorisations de vote en dehors de sa circonscription est une forme de l'utilisation des ressources administratives. Moins la participation réelle est forte, plus effectif sera ce moyen, puisqu'il permet alors d'organiser le vote "surveillé" de groupes de personnes dans des circonscriptions déterminées. Toutefois, ce mécanisme n'est pas le plus déterminant dans le processus de falsification des élections, qui reste celui de la falsification directe des résultats, également d'autant plus efficace que le taux réel de participation est faible.

Dans certains cas, la pratique conduit, par exemple, le personnel médical à inciter les patients à obtenir cette autorisation pour ensuite la donner à une infermière ... qui se charge du reste.

Mais le plus dangereux est le risque de pouvoir voter plusieurs fois pour une seule personne dans plusieurs bureaux de vote, quand on lui donne un bulletin sans marquer l'utilisation de l'autorisation de vote, qui peut alors être réutilisée ailleurs.

Heureusement cette tendance n'est pas généralisée. Par exemple, dans l'Oblast de Kirov le nombre d'autorisation a diminué par rapport à 2007, passant de 5266 à 1224 ou à Moscou où les chiffres sont tombés de 24 807 à 13 956. Dans ces deux régions, les dirigeants n'ont pas de proches soutiens à Edinaya Rossiya, selon les experts.

Edinaya Rossiya, pour sa part, ne voit pas de raison de s'inquiéter d'un risque de falsification lié à l'utilisation des autorisations de vote en dehors de sa circonscription. Les observateurs et les représentants des partis étant évidemment là pour veiller au bon déroulement des processus de vote.

Le renforcement de cette pratique - et les riques potentiels qu'elle contient - souligne la nécessité pour Edinaya Rossiya de récupérer toutes les voix possibles. Ces élections semblent marquées par le renforcement de l'utilisation des ressources administratives, ce qui marque plutôt l'affaiblissement réel du parti.

mardi 22 novembre 2011

Le pouvoir prend peur: le film sur Khodorkovsky pourrait perturber les élections

Власти пытаются сорвать российский прокат фильма Кирилла Туши «Ходорковский»
Комментирует Юрий Кацман, главный редактор интернет-газеты F5




La sortie du film de Cyril Tuschi "Khodorkovski", qui a provoqué tant de remous au 61e festival de Berlin, est prévue en Russie pour le 1er décembre. Nous rappellerons que ce film a pris cinq années de tournage et est essentiellement constitué d'un montage de documents et d'interview tant de Khodorkovsky, que des personnages influents de la Russie d'aujourd'hui, notamment V. Poutine.


Les élections parlementaires étant prévues pour le 4 décembre, les salles de cinéma, sous la pression du pouvoir, les unes après les autres, prennent peur et trouvent des prétextes pour ne pas présenter le film.


Comme le signal le site Uralweb.ru, la présentation du film "Khodorkovski" est absent du programme des salles de cinéma d'Ekaterinbourg pour décembre. Ils supposent que cela s'explique par le fait que la première est prévue à trois jours des élections parlementaires et les bisnessman ont peut de provoquer une situation conflictuelle avec les pouvoirs locaux. Les directeurs de salles expliquent simplement que le film ne correspond pas à une demande réelle de la population.


Dans les autres régions, la situation est semblable. L'agence d'information "SuperOmsk" précise que le film ne sera pas non montré à Omsk. Comme dans l'oural, les salles se fondent sur la faible perspective commerciale du film, mais dans les couloirs ils reconnaissent que ce film est une bombe et peut réellement porter préjudice au pouvoir à trois jours des élections, raison pour laquelle ils ne veulent pas avoir de problèmes.


Comme l'explique V. Vinogradov, tous les cinémas appartiennent à des députés, il y a donc vraissemblablement eu des consignes. Le président des enterpreneurs de Omsk, P. Krutchinsky, précise encore que le corps des députés est particulièrement dépendant de l'administration, ils ne prendront aucun risque, même si commercialement ce pourrait être intéressant.


Actuellement, il est clair que le film sera présenté dans 7 villes de Russie, notamment Moscou, mais pas Saint Petersbourg.


Selon Y. Katsman, l'argument selon lequel les films documentaires ne sont pas rentables, ce qui expliquerait le refus de diffuser le film "Khodorkovski" ne tient pas, puisque les salles avaient donnés un accord préalable quant à la diffusion. Donc, l'intérêt existe. Pour que ce changement brutal de position puisse s'expliquer, il faut certainement chercher les raisons dans des "recommandations" qui ont pu être données, de surtout ne pas sortir le film avant les élections. Toutefois, il n'est pas clair si le film aurait eu plus de facilité à sortir dans les salles si la première n'avait pas été prévue pour le 1er décembre.


Les problèmes de diffusion rencontrés par le film "Khodorkovski" sont symptomatiques des relations actuelles en Russie entre le pouvoir et la société. Il n'est pas interdit, mais il est de manière informelle déconseillé de le sortir. Comme la libération anticipée de M. Khodorkovsky n'a pas été refusée, mais noyée dans des difficultés administratives. Nous ne somme plus à l'époque de la terreur stalinienne. L'interdit ne tombe plus comme un couperêt de l'extérieur. Nous sommes dans une période beaucoup plus complexe. L'interdit a été intériorisé. Il ne s'agit plus de censure mais d'une autocensure. Nous nous limitons nous même dès que le vent tourne, voire avant même qu'il n'ait commencé à tourné. L'interdit est d'autant mieux intériorisé, que la frontière entre le permis et l'interdit est floue. Il faut donc se protéger de tout, de déplaire, de déranger et se protéger de soi-même. La période est d'autant plus destructrice pour les individus qu'elle les conduit à être leurs propres bourreaux. Il faudra d'abord se libérer de soi-même pour pouvoir se libérer de l'emprise du pouvoir.

lundi 21 novembre 2011

Poutine sifflé par 20 000 personnes: la fin d'un mythe?

Путина приветственно освистали
Путина освистали с трибун «Олимпийского»


Pour la première fois dans sa carrière politique, le 20 novembre V. Poutine se fait siffler en public, lors du combat de boxe dans le complexe sportif Olimpisky. Immédiatement la vidéo passe sur internet. Immédiatement la bande son est modifiée pour les médias.

Au moment où V. Poutine monte sur le ring pour féliciter le vainqueur, il est accueilli avec des sifflements qui montent en intensité. Sur la bande, il est possible de voir son malaise, il tente de forcer sa voix pour couvrir le bruit, mais la voix tremble un peu. Dans la salle, il y a plus de 20000 spectateurs.

Les journalistes présents affirment que le bruit était tellement fort qu'il était presque impossible d'entendre ce que le Premier ministre disait au vainqueur. A certains moments, au milieu des sifflements, surgissaient des interpellations comme "honte", "quelle horreur" et la fin du discours de V. Poutine était ponctuée par des cris "vas t'en".

Les chaînes de télévision fédérale ont modifié la bande son en enlevant les sifflements. Le président de la fédération de boxe affirme que le comportement des spectateurs était choquant. Le Premier ministre a été particullièrement surpris, cela s'est senti au changement du timbre de sa voix, mais il pu contenir ses émotions.

Les supporters de Poutine estiment que cette interprétation de l'évènement est simplement montée par l'opposition. Les conseillers en communication du parti estiment pour leur part que les cris étaient des cris de "hourra" et les sifflements étaient adressés au perdant du combat de boxe.

Il semble que le pouvoir entre dans une nouvelle phase. Alors que tous tenaient pour acquis sinon le soutien générale, au moins le silence général, les voix commencent à monter ... dans des endroits où elles ne sont pas attendues. Ce n'est pas une manifestation organisée par l'opposition, mais un simple évènement sportif, avec de simples spectateurs, qui ne sont pas des activistes, mais de simples citoyens. La valeur symbolique de l'incident est justement ici. Il est toujours possible de fermer les yeux et de tenter de maquiller les faits. Cela peut fonctionner un certain temps. Pas très longtemps. Comme Edinaya Rossiya a encore le réel soutien d'une part importante de la société, il lui serait plus utile de tirer les leçons de cette montée spontanée de mécontentement.

Le mécontentement ici exprimé ne s'adresse pas à une politique concrète menée par Edinaya Rossiya, il s'adresse directement à V. Poutine et à travers lui à la "tendémocratie". Les gens montrent leur énervement de ne pouvoir décider qui ils peuvent voir au pouvoir. Leur fatigue de trouver constamment face à eux les mêmes visages. Les faux changements. La prise en compte d'intérêts qui ne les concerne pas.

Il est toujours possible de minimiser la portée politique de cet évènement. Cela n'empêchera pas la victoire de Edinaya Rossiya aux législatives. Cela n'empêchera pas la victoire de Poutine aux présidentielles, ni l'arrivée de Medvedev au Gouvernement. Cela ne changera rien dans un temps proche. Pour la simple raison que le régime actuel est trop rigide pour fonctionner autrement. Mais cela démontre qu'il leur faudra renforcer le poids des ressources administratives pour se tenir encore en place quelques temps.

La question qui se pose maintenant est celle de l'après et du passage à cet après. Espérons que la Russie évitera le sénario libyen.