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vendredi 21 février 2014

La guerre se gagne en images: vers la fermeture des chaînes russes en Ukraine?

Voir: http://www.infox.ru/authority/mans/2013/12/11/Ukrainskiy_parlamyen.phtml

Alors que les chaînes ukrainiennes sont, dans leur grande majorité, acquises à l'UE, Rossiya 24 et Rossiya 1, deux chaînes russes diffusées en Ukraine sur le cable et par satellite, semblent déranger vu le contexte politique actuel.
Si nombres d'analystes soulèvent la question de la myopie politique de l'UE et des Etats Unis, des médias qui donnent en générale une vision manichéenne des choses, la petite ouverture des médias en Ukraine semble déranger certains de ses propres parlementaires.
Le discours tenu par Rossiya 24 et par Rossiya 1, qui met l'accent sur la radicalisation du mouvement de contestation et les atteintes physiques portées aux forces de l'ordre, chose inadmissible dans n'importe quel pays, dérange. Car ces chaînes font dissonance vu le contexte médiatico-politique actuel, il ne faut pas diffuser des images qui pourraient faire réfléchir la population, des images qui pourraient relativiser le combat pour la défense des valeurs européennes mené par les hommes encagoulés. Des personnes que l'on ne voudrait pas voir au pouvoir chez nous.
Donc ces chaînes ont été qualifiées, par des parlementaires ukrainiens, d'anti-ukrainiennes et ils sont prêts à en demander l'interdiction de diffusion, hors satellite. Leur traitement de l'actualité est par trop partial. Elles donnent notamment la parole à des hommes politiques, des parlementaires, des dirigeants de région ukrainiens qui ne sont pas d'accord avec les radicaux. Si le critère est la partialité, on peut faire le vide dans le champ médiatique. Mais la partialité n'apparaît en général, qu'à partir du moment où l'on ne partage pas l'idée défendue. Car derrière toute "objectivité" il y a un choix d'images et de mots. C'est humain.
A l'heure où l'Ukraine a besoin de mettre fin au conflit sanglant dans ses rues, il est évident que le combat pour les images est fondamental. De lui dépendra quelle vision le monde aura des vainqueurs et des vaincus. Mais en dépend également la crédibilité des Etats Unis et de l'UE, qui s'investissent très activement dans le conflit et ont besoin d'une "certaine" couverture médiatique des évènements, de ces manifestations pacifiques, notamment à l'intérieur du pays.
Il sera ainsi possible de diffuser, sans risquer de commentaires désobligeants, l'image du premier ministre polonais, pays tout aussi indépendant et souverain que l'Ukraine, annoncer que Yanukovych est d'accord pour des élections anticipées. Il vaut mieux en effet ne pas trop se poser de questions ...
Il sera également possible de ne pas diffuser l'image de ce gouverneur menoté et tabassé par une foule cagoulée, menacé personnellement en plus des menaces prononcées contre de la vie des membres de sa famille, tout cela pour ne pas avoir voulu signer une lettre de démission. Le visage en sang, la feuille dans les mains. Il est en place depuis quelques mois ... c'est un crime.
La guerre n'a pas besoin de liberté d'information et d'expression, elle a besoin de soldats.

jeudi 20 février 2014

Vers la banalisation de la détention des armes à feu? Une forme de légalisation de la violence privée

Voir: http://izvestia.ru/news/566216

La Russie semble s'orienter vers la réalisation du slogan "ma maison, ma forteresse", qui autorise chacun à défendre à n'importe quel prix son territoire et ses proches, à tirer sur les intrus, sans avoir à prouver que la réponse est disproportionnée à l'attaque. Il bénéficie d'une présomption de légitime défense lorsqu'il se trouve sur son territoire, la charge de la preuve étant renversée. Bienvenue dans le monde merveilleux des Westerns spaguettis.
 
Sur le site des initiatives populaires, un projet prévoyant la possibilité pour chaque individu de posséder une arme et de l'utiliser pour défendre ses biens et ses proches est sur le point d'obtenir 100 000 signatures, ce qui signifie alors la possibilité de lancer la procédure vers la Douma pour le transformer en projet de loi. Même si le Gouvernement ne le transmet pas, un député semble prêt à porter l'initiative.
 
Ce texte contient quelques particularités qu'il faut souligner, en plus du renversement de la charge de la preuve. En effet, le droit de tirer ne s'étend pas que au domicile, dans le sens strict du terme, mais couvre également les moyens de transports, les lieux de résidence (hôtel, sanatorium, etc).
 
Autrement dit, vous prenez votre voiture et vous mettez une arme dans la boîte à gants, au cas où. Vue l'ampleur de l'agressivité et de la violence sur la route, cela ne va pas améliorer les statistiques. Vous partez en vacances avec votre famille, et évidemment vous mettez une arme à feu dans vos bagages - imaginez que quelqu'un ait l'idée d'usurper votre chaise longue.
 
Si ce texte arrive à la Douma, s'il est adopté, c'est la conception de la société qui va être changée. Avec l'augmentation de la violence, sa banalisation, l'on peut s'attendre à une augmentation parallèle des dérapages, notamment parmis les enfants et les adolescents, qui grandiront dans une vision de la normalisation des armes à feu. Et de la violence qui en découle. Les jeux vidéos vont pouvoir devenir pour eux réalité.
 
D'un point de vue institutionnel, cela signifie également la reconnaissance de la légalité de la violence privée. Vous ne téléphonez plus à la police, vous tirez d'abord. La police ne fait que constater. D'une certaine manière, c'est la fin de ce que Bourdieu appelait le monopole de violence légitime.
 
 

mercredi 19 février 2014

Maïdan ou la privatisation de la démocratie

Rassurez-vous, je n'ai pas oublié que l'Ukraine est indépendante de la Russie. Bien que ce blog soit consacré à la Russie, vu ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine, il est difficile de ne pas réagir. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur la responsabilité du Président Yanukovych cherchant tantôt à rallier l'UE, tantôt demandant de l'aide à la Russie, sur la responsabilité des opposants allant aux ordres en Allemagne, sur la responsabilité de l'UE et des Etats Unis qui envoient leurs représentants faire de grands discours sur Maïdan et parlementer surtout avec les opposants pour faire pression ensuite sur Yanukovych. Beaucoup de choses ont été écrites.
Et depuis nos appartements confortables et bien chauffés l'on s'émerveille sur la démocratie directe, celle qui doit réveiller les vielles démocraties endormies dans leurs procédures poussiéreuses et trop lourdes. Ces procédures qui dépossèdent le bon peuple de son bon vouloir.
Et l'on détourne les yeux quand le sang coule, quand la ville brûle. Les méchants et les gentils sont bien classés, rangés dans leur boîte, étiquetés. Sans erreurs. Les pro-occidentaux sont gentils, les pro-russes sont méchants. Les représentants du pouvoir sont méchants, les manifestants et les opposants sont gentils. Pourquoi? Parce qu'il ne peut en être autrement. Parce qu'il y a eu, au début, des manifestants pacifiques. Et leur aura continue à voiler les exactions de groupuscules extrémistes affiliés à Bandera, continue à légitimer le discours modéré et bien pensant. Même leur absence est couverte.
A Ivano-Frankovsk, les manifestants ont pris d'assaut le dépôt de la police locale. Ils y ont gagné 120 pistolets automatiques, 20 mitraillettes et environ 5 millons de cartouches. Tout l'arsenal des force de l'ordre locales.
Et il faut continuer à négocier. Il faut parlementer. Même si cela ne mène à rien. L'UE l'exige. C'est le jeu démocratique qui l'impose, la modération avant tout. Et dans la nuit, de nouveau, Yanukovych rencontre les leaders de Maïdan. Résultat nul.
Hier, des manifestants s'attaquent au siège du Parti des Régions, symbole du pouvoir. Quand ils commencent à le prendre d'assaut. Un homme sort. Juste un homme, un ingénieur, pas même un politicien. Il explique à la foule qu'il faudrait laisser sortir les femmes qui sont à l'intérieur. Il est tué.Une balle dans la tête.
A ce stade, il ne s'agit plus de modération, mais de faiblesse. Celle d'un Chef d'Etat qui ne se comporte pas comme tel. D'un Chef d'Etat qui se cache derrière une façade de procédures démocratiques pour ne pas montrer à la face de tous la faiblesse de son pouvoir. Son incapacité à décider, à restaurer l'ordre. A force de corruption, à force de compromission, il ne peut plus agir. Même ses députés semblent quelque peu dépités. Un jour ils affirment que l'ordre sera rétabli, le lendemain que l'ordre n'a pas été donné. A ce jeu, l'actuel Président ne peut sortir que perdant. Il a déjà perdu. Car ses forces, encore loyales, ne pourront logtemps soutenir une absence de politique. La situation ne se règlera pas d'elle même.
Dans la nuit, des policiers prennent en chasse une jeep noire. Elle se laisse rattraper et sans même descendre du véhicule, les hommes à l'intérieur abattent les policiers.
Et pendant ce temps, la crise se radicalise. Il n'y a jamais de vide dans le pouvoir. Si l'Etat ne le garde pas, d'autres le prennent. Peu importe la manière. Peu importe les formes. Peu importe le sang et les flammes. Le but n'est pas la démocratie, c'est le pouvoir lui-même. Un pouvoir qui se conquiert par la force, ne se garde que par la force. Donc ces opposants ne seront jamais les fondateurs de la démocratie ukrainienne.
En une nuit, 10 policiers abattus, 350 hospitalisés, 74 dans un état grave. 13 manifestants morts, 240 hospitalisés. On compte également la mort de journalistes, d'enfants. Le métro et les moyens de transports sont arrêtés à Kiev et la circulation vers la ville sera réduite la nuit. Une situation d'urgence qui ne porte pas son nom.
Voici exactement ce que ces lourdes procédures démocratiques, qui volent le pouvoir au peuple, permettent d'éviter en Occident. Voici exactement pourquoi il existe une frontière très nette entre une manifestation et une tentative de renversement de régime. Le soir, les manifestants rentrent chez eux. Car le but est de faire passer un message, pas de prendre le pouvoir. Ce pouvoir, ils l'expriment lors des élections. Qui d'ailleurs devaient avoir lieu en Ukraine dans peu de temps. Alors pourquoi courir? Parce que l'opposition ne peut pas gagner les élections en situation normale. Il faut donc créer les conditions permettant d'accéder au pouvoir sans avoir à se confronter au peuple, à tout le peuple, pas simplement à celui de Maïdan. 
Ce qui se passe à Maïdan n'est pas l'expression de mécanismes de démocratie directe, c'est l'inverse de la démocratie. C'est l'expression de la volonté de gouverner d'une minorité sur la majorité. Mais le Président ukrainien, en montrant sa faiblesse, se discrédite et discrédite le pouvoir d'Etat. Son absence de politique engendre un risque réel que le pouvoir ne bascule entre les mains de nationalistes extrémistes ou entre les mains de l' armée.
Combien de temps Bruxelle ou Washington supporteraient-il la remise en cause de leur pouvoir par la rue? Vous me direz, la situation et différente, car le régime est différent. Mais l'être humain a cela de merveilleux, qu'il trouve toujours ce qu'il cherche. Au cas où, il est possible de lui indiquer le chemin.

mardi 18 février 2014

Renforcement du combat pour le traitement et la réhabilitation des drogués

Voir: http://izvestia.ru/news/566000

La Russie décide de s'attaquer sérieusement à la question du traitement et de la réhabilitation des drogués. Ainsi, une enveloppe budgétaire annuelle de 23 à 25 milliards de rouble peut être débloquée. Cette annonce a relancé le combat des structures qui doivent prendre en charge cette politique publique, et donc le financement. Ainsi la guerre fait rage entre le ministère de la santé et le département fédérale de lutte contre la drogue et les narcotraficants. Or, le problème est sérieux, on compte en Russie environ 1,5 millions de personnes dépendantes de la drogue.
 
Le département fédéral est à l'origine compétent, justement, pour la lutte contre les narcotraficants, il n'a aucune compétence en ce qui concerne le traitement et la réhabilitation. Et la Cour des compte l'a épinglé pour le manque d'efficacité des mesures prises en matière de profilactique ainsi que de l'efficacité de l'utilisation des fonds publics qui lui avaient été attribués. D'une manière générale, la demande du département fédéral de lui reconnaître cette compétence est loin de faire l'unanimité et de convaincre.
 
Pour sa part, le ministère de la santé estime que la conduite de cette politique publique lui revient naturellement, rappelant que le département fédéral, pour sa part, n'a pas les structures et les spécialistes nécessaires.
 
Si cette lutte d'influence continue, il est à espérer qu'elle ne nuira pas trop à la prise en charge de la désintoxication et de la réhabilitation des personnes dépendantes. E. Roïzman, maire d'Ekaterinbourg et responsable de l'organisation "Ville sans drogue" souligne à juste titre que chacun doit remplir les missions qui lui ont été fixées. Le département fédéral de lutte contre la drogue et les narcotraficants devraient plutôt renforcer son action en matière de lutte contre les vendeurs de drogue.
 
Toutefois, il faut remarquer la tentative, à cette occasion, de renforcer le contrôle étatique sur les structures privées qui s'occupent de désintoxication. Ce qui pourrait être positif, car les proches et la famille des personnes dépendantes sont prêtes à payer des fortunes pour obtenir des résultats. Un certain contrôle est donc nécessaire.
 
E. Roïzman souligne également la nécessité de renforcer les mécanismes de soins forcés, contre la volonté de l'individu concerné, mécanismes trop faibles aujourd'hui en Russie, et qui ne peuvent être qu'entre les mains de l'Etat. Il existe à ce jour seulement 4 centres publics de désintoxication permettant de forcer l'individu à se soigner. C'est trop peu.

lundi 17 février 2014

Quand le business détourne la politique

Voir: http://izvestia.ru/news/565930

Chacun se prépare aux élections de l'assemblée locale de Moscou. Le parti de Prokhorov, Grajdanskaya Platforma est, pour sa part, prêt à lancer la candidature du vice-président de la Sberbank à Moscou, Denis Konstantinov.
 
L'intérêt réside dans l'explication du choix du parti au nom duquel ce candidat novice veut se présenter et les raisons politico-économiques qui peuvent le pousser à entrer en politique. Les deux aspects étant liés.
 
Tout d'abord sur le choix du parti. Il est plus facile d'entrer à Grajdanskaya Platforma qu'à Edinaya Rossiya, car ils sont moins regardant sur le potentiel électoral du candidat. Autrement dit, peu importe le parti, l'essentiel est de participer et de pouvoir être élu. Il ne s'agit donc pas d'idéologie, pas de politique. Puisque normalement, le parti de Prokhorov est dans l'opposition. Donc hésiter entre le parti du pouvoir et un parti d'opposition montre la largesse de vues politiques de M. Konstantinov, mais également l'absence d'ambition politique du parti qui l'accueil. On soulignera également que dans son équipe de campage, on retrouve Nonna Kagramanian, de l'administration présidentielle.
 
Le lancement de cette candidature, dit-on, peut être le fait propre de D. Konstantinov, mais il y a de fortes chances que ce soit la décision de H. Gref, qui dirige la Sberbank. Soit celui-ci à des projets à Moscou et il serait bon d'avoir un homme dans la place, soit, de toute manière, infiltrer l'assemblée locale de la ville de Moscou ne peut que servir les intérêts de la Sberbank. Bref, appelons un chat un chat, c'est du lobbying. Mais qui utilise les élections, donc les détourne. Car le député n'est pas élu au nom de la Sberbank, mais pour représenter la population de l'arrondissement qui a voté pour lui.
 
Ce mélange entre le business et la politique est le meilleur moyen de détruire les institutions représentatives, qui sont à la source de la légitimité des organes d'Etat, donc de l'Etat lui-même. Une plus grande restriction du droit à être élu serait la bien venue, même si, pour cela, il est nécessaire de lancer une réelle réflexion sur la place respective du business et du politique. Tout n'est pas politique, tout n'est pas économique, sauf à vouloir tuer les deux.