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samedi 15 mars 2014

Russie-Etats Unis: les enjeux de Kharkov

Voir: http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1047574
http://warsonline.info/ukraine/amerikanskiy-bespilotnik-mq-5b-perechvachen-v-nebe-nad-krimom.html
http://www.pravda.com.ua/rus/news/2014/02/24/7016123/
http://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%94%D0%B5%D0%BB%D0%BE_%D0%9F%D0%B0%D0%B2%D0%BB%D0%B8%D1%87%D0%B5%D0%BD%D0%BA%D0%BE
http://www.objectiv.tv/281211/64684.html
http://pn14.info/?p=149068
http://www.vz.ru/news/2014/3/12/676746.html
http://www.vesti.ru/doc.html?id=1377683

La situation en Ukraine a pris cette nuit un tournant dangereux, même s'il est difficile de dire qu'il fut inattendu. Le sang a coulé à Kharkov et des membres locaux de Secteur droit ont été arrêtés par la police locale. Mais pour comprendre ce qui se passe, il faut tout d'abord replacer les faits dans le contexte général.
La révolte de la Crimée qui se dirige vers un rattachement à la Russie a surpris tout le monde. Personne n'imaginait qu'un tel pas fut possible, aussi vite et aussi volontairement de la part de la population locale. Les dérapages politiques de Kiev, la radicalisation de sa politique envers les russes, ont conduit les habitants à vouloir sortir d'un pays dans lequel ils se sentent rejetés et maintenant même en danger.
Or, leur initiative a mis à mal le plan américano-européen reposant sur l'organisation d'un grand mouvement populaire allant comme un seul homme en chantant les valeurs européennes rejoindre le giron de l'UE, rejetant la Russie et ses menaces dénoncées dans les médias occidentaux. Finalement, il n'y a pas de consensus, les valeurs avancées sont celles de l'extrême droite et la Russie devient plutôt une planche de salut. Le contrôle de l'information ni les provovations n'y font rien, les populations de l'Est rejettent les gouverneurs qu'on leur envoie, soutiennent ceux qu'elles ont choisis et qui sont emprisonnés à Kiev les uns après les autres.
Face à cette dislocation, Kiev a du réagir. La Rada décide de libérer des "prisonniers politiques". On compte essentiellement des personnes qui ont tué ces dernières années des policiers ou des magistrats. Par exemple le père et le fils Pavlitchenko. Ils furent arrêtés en 2011 pour avoir assassiné le juge qui leur avait refusé le droit d'agrandir illégalement leur appartement. Le fondement politique est absolument évident. Il s'agit aussi de la libération de Andrey Biletsky, extrémiste notoire, qui a tué un ancien comparse venu dans les locaux de leur organisation à Kharkov. Or, l'extrémisme est bien vu aujourd'hui en Ukraine, il donc non seulement été libéré, mais a pris la tête du Secteur droit-Est que Iaroch vient de mettre en place il y a quelques jours pour reprendre en main ces régions indisciplinées.
Et le résultat ne s'est pas fait attendre. Hier soir à Kharkov explose un conflit entre les anti-Maïdan et des arrivants d'Ukraine de l'ouest. Ces derniers disposent d'armes automatiques et tirent, lacent des coktails molotov, etc et tuent deux personnes, sans compter les blessés. Le combat commence dans la rue et finalement se termine dans le bâtiment du Secteur droit. La police arrive à faire reculer les anti-Maïdan et commence des négociations avec les membres de Secteur droit pour faire cesser le feu. Trois personnes sont prises en otages, dont le policier qui menait les pourparlers. Le Maire de la ville reprend les pourparlers et finalement les armes sont déposées, les otages relâchés et les membres de Secteur droit arrêtés par la police. Pour calmer la foule qui ne voulait pas les voir relâcher en toute impunité, le Maire garantit personnellement qu'ils seront amenés au poste de police.
La situation devient cocasse, si l'on peut dire. Car Secteur droit est une force politique de premier ordre à Kiev et ses membres n'agissent pas sans instructions. Mais la police, quand les choses vont trop loin, est obligée d'intervenir pour rétablir l'ordre. Car la pression de la population locale ne peut être éternellement ignorée. C'est une petite victoire du droit sur la bestialité, mais l'avenir montrera quelle en sera la portée. S'ils sont rapidement libérés, la population risque de réagir violemment, s'ils sont incarcérés, Secteur droit va réagir violemment. C'est une impasse. Et une action contreproductive pour Kiev.
Parallèlement à ces mouvements de terrain, des tentatives d'intervention plus globales se superposent. Au début, des médias assez marginaux avaient lancé l'information selon laquelle deux drones américains survolant le territoire de la Crimée avaient été mis hors d'état par la Russie. Le temps passe et le jeu se précise. Le site officiel de Rostekhnology, hier soir, met en ligne un communiqué officiel : un drone américain a été mis hors d'état de fonctionner par le système russe Avtobaza qui permet de désactiver à distance en coupant les communications. Ce matin, ce communiqué est remplacé par un autre affirmant que Rostekhnology ne confirme pas l'utilisation du système Avtobaza en Crimée, mais ... met en lien le même texte "transféré" vers la revue Voenny Obozrevatel. Ceci permet de lancer le message, permet aux Etats Unis de démentir l'utilisation du drône, mais ils sont au courant que celui-ci a été repréré et désactivé. Pour éviter toute possibilité de doute, le numéro du drone est également indiqué. Il est également expliqué que le groupe de drones a été déplacé par les Etats Unis de la Bavière vers le centre de l'Ukraine début mars.
Mais le jeu ne s'arrête pas là, ce serait trop facile. La guerre moderne est plus technologique qu'humaine. Il faut toujours des hommes pour tirer, mais ce n'est pas uniquement cela qui va déterminer le résultat du conflit. Or, le conflit entre les Etats Unis et la Russie bat son plein. Cette nuit toujours, le ministère russe des télécommunications indique que la tentative menée pour désactiver le satellite russe de télécommunication a échouée, la tentative vient de l'ouest de l'Ukraine. Le système Avtobaza pourra donc continuer de fonctionner sans accroc. 
Tout cela donne l'impression que la coalition américano-européenne ne sait pas très bien comment agir. D'une part, il y a des tentives plus globales visant à préserver coûte que coûte le monopole américain d'hégémonie en sous-estimant les capacités de résistance et de réaction de la Russie qui n'est plus celle des années 90 et encore moins celle de l'époque soviétique, d'autre part ils ne semblent plus vraiment contrôler la situation sur le terrain et laissent trop de marge de manoeuvre à des individus qui n'ont aucune vision politique à long terme. Cette erreur stratégique risque de provoquer un effet inverse. Pour l'instant, les populations de l'Ukraine de l'Est ne veulent pas sortir d'Ukraine, elles veulent être écoutées et respectées, avoir des droits qui soient respectés, et demandent la fédéralisation du pays. Mais à ce jeu-là, ils risquent de les pousser dans les bras de la Russie.

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