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lundi 1 février 2016

Le revenu universel et la fin de l'état providence


Une vague populiste se déverse sur les états voulant faire passer l'apparition possible d'un revenu universel comme l'avènement tant attendu de l'état providence. Le véritble socialisme enfin réalisé et par les pays capitalistes en prime. Plus de chômage, car plus de travail. Un véritable miracle.

Si miracle il y a, il est dans la manière dont les populations sont préparées pour accepter des mesures devant conduire à la remise en cause des acquis sociaux et à la protection étatique. Ce qui tombe bien lors des négociations du Traité transatlantique prévoyant la privatisation des services publics.

Petite opération de démystification.


Qu'est ce que le revenu universel

L'idée d'un revenu universel fait son chemin depuis les années 70. D'origine américaine, l'idée n'a pourtant pas été réalisée aux Etats Unis, sauf en partie en Alaska. Ensuite, les approches ont variées en Europe, en passant par la Belgique. Pour ensuite être l'objet de toute une machine institutionnelle:
"C’est aux Etats-Unis qu’est apparue, après guerre, l’idée d’un revenu de base progressiste. Initiateur en 1968, avec Paul Samuelson, John Kenneth Galbraith et mille deux cents autres économistes, d’un appel en ce sens, Tobin fait introduire son projet de demogrant dans le programme de George McGovern, dont il est le conseiller, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 1972. Avec la lourde défaite du candidat démocrate face à Richard Nixon, le projet est enterré."
Enterré aux Etats Unis, il prend son chemin véritable, celui de l'Europe:
"Il refait surface en Europe, d’abord dans les Pays-Bas des années 1980 (6). En Belgique, un groupe de chercheurs et de syndicalistes crée en 1984, autour de l’économiste et philosophe Philippe Van Parijs, le Collectif Charles Fourier. Un colloque organisé en 1986 à l’Université catholique de Louvain donne naissance au Réseau européen pour le revenu de base (Basic Income European Network, BIEN), qui deviendra mondial (Basic Income Earth Network) en 2004. "
Et selon les pays, il est envisagé différemment. L'idée fondatrice est de permettre à chacun de ne plus avoir peur de la pauvreté, de pouvoir choisir un travail qui l'intéresse. Bref, le travail dans la joie. Dans les faits, les pays envisagent des revenus minimums allant de quelques centaines d'euros à un millier, supprimant en parallèle les aides sociales diverses et variées, les pensions de retraites, etc. 

La Finlande devrait le mettre en oeuvre début 2017:
"Pour le gouvernement, il s'agit de lutter contre la pauvreté. Un salaire minimum commun remplacerait alors toutes aides sociales en vigueur. Un Finlandais verrait donc s'évaporer ses aides au logement, aux études, au chômage mais aussi sa pension de retraite. Les citoyens qui souhaitent avoir un niveau de vie plus élevé pourront bien sûr compléter ce revenu de base en étant salarié, artisan ou entrepreneur. "
Le Québec l'envisage, la France en parle. Le débat reste toujours social, comment couper les aides sociales, de combien ce revenu doit-il être,etc. C'est en quelque sorte la version "des pauvres".

La Suisse doit proposer une version plus attrayante pour ses citoyens qui ne se contenteront pas de la version soutien social minimal proposée dans les autres pays, moins riches. Ainsi, plus de 2000 euros par personnes et par mois, plus encore pour les enfants. Chacun pouvant alors choisir de travailler ou non, là il veut, comme il veut. Le Paradis sur Terre. Ou l'Enfer à petit feu. Comme il est bien commu, l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Sauf que les intentions ici ne sont pas forcément si bonnes et la sincérité des gouvernants et des idéologues laisse songeur.

L'expérience russe: la monétarisation des aides sociales et l'appauvrissement des catégories sensibles

Ce processus, soi-disant social jusqu'au paroxisme, a été, dans sa logique, déjà mis en place en Russie sous l'égide des ministres néolibéraux aux commandes au début des années 2000. En 2004, sous l'impulsion des ministres A. Koudrine et M. Zurabov a été adopté la loi sur la monétarisation des aides sociales.

L'idée était elle aussi très simple. Au lieu de donner des avantages en nature à certaines catégories de la population, le Gouvernement va leur donner de l'argent qu'ils utiliseront comme ils veulent. Cette réforme a concerné essentiellement les retraités, les invalides, les militaires. Ils devaient payer les médicaments, les transports, n'avaient plus d'aides au logement.

De nombreuses manifestations ont eu lieu, car la population a été fortement appauvrie, le montant alloué ne couvrant pas les frais réels. Les gens furent obligés d'économiser sur les soins, sur la nourriture, etc. Mais la réforme a permis ainsi de faire des économies budgétaires, sur le dos des catégories socialement fragiles. Le Conseil pour les droits de l'homme, à l'époque, avait même demandé la suspension de la loi pour raison d'urgence sociale. Sans compter que Zurabov avait déclaré qu'il fallait absolument stabiliser les tarifs de chauffage, d'eau et d'électricité s'ils ne sont plus subventionnés, faute de quoi les gens vont avoir de sérieuses difficultés. Finalement, le financement a été régulièrement augmenté, réformé, mais reste en vigueur. Et encore aujourd'hui se pose la question de revenir à une aide matérielle.

Le recul de l'état et la corruption de la population

Au-delà des buts à première vue louables affichés, la mesure semble surprenante à l'heure des plans d'austérité, de la sévérité budgétaire, de la course à la rentabilité. Plus que surprenant. Car soi l'état veut faire des économies, soi il veut aider la population, les deux voies ne peuvent être concommittantes.

Ce n'est pas l'état providence réalisé, mais le néo-libéralisme incarné dont il s'agit en réalité. Car, cette démarche entraîne obligatoirement le recul de l'état. L'individu roi est laissé face à lui-même. Combien coûtent réellement l'enseignement, les hospitalisations, les médicaments, les transports? Quelques centaines d'euros permettront juste de survivre. Mais c'est toujours attrayant de dire; vous aurez de l'argent matériel entre vos mains, les billets vous pourrez les palper, et vous serez maître de les utiliser comme bon vous semble. C'est attrayant, mais c'est faux, car les gens à revenus limités vont économiser sur les frais de santé, sur les examens etc. Nous allons alors vers une société qui risque de fortement se différencier, de tuer la classe moyenne qui est le ciment social.

Cette réforme aussi tombe merveilleusement bien au moment des discussions autour du traité transatlantique et de la privatisation des services publics. 
"Les services publics de l’eau, de l’éducation, de la santé, des transports, mais aussi l’échange sans restriction de données. Tout est sur la table du nouvel accord commercial que négocient dans le plus grand secret, les Etats-Unis, l’Union européenne et une vingtaine d’autres Etats depuis deux ans dans les locaux de l’ambassade d’Australie à Genève.
La négociation porte sur le commerce des services et vise notamment une vaste libéralisation des services publics. Les tractations de cet Accord sur le commerce des services (ACS en français, Trade In Services Agreement en anglais) devaient rester secrètes « jusqu’à cinq ans après la conclusion d’un accord » ou la fin des négociations en cas d’échec."
Et cela concerne justement les services pour lesquels il est question de retirer les aides sociales et de la monétariser, comme en Russie finalement. Ainsi on peut privatiser les services, c'est-à-dire les vendre aux entreprises. Mais sont-ils rentables? Peu importe, ils le deviendront, simplement parce qu'il ne sera plus question d'intérêt général. Il suffit de voir les problèmes de la poste et des chemins de fer privatisés en Angleterre pour apprécier le dégrè de prise en compte de l'intérêt social.

Ici se posent encore quelques questions. Où en sommes nous avec la réduction des déficits publics? Soit ce n'est plus grave, car il existe un impératif idéologique plus important et que les déficits finalement affaiblissent l'état ce qui n'est pas si mauvais, soit il faut lutter contre leur aggravation et la compensation financière ne peut être trop importante. 

Ensuite, quid de la productivité? On appréciera à ce sujet le fait que l'idée réapparaissent maintenant, en pleine arrivée massive de populations étrangères en Europe. Car si les "nationaux" ont le droit de ne plus vouloir travailler, on fait place neuve pour des populations peu formées, certes, mais payées pas cher. Comme le dit le FMI, il faut intégrer rapidement les populations immigrées sur le marché du travail. On vend ainsi le dumping social.

Le fait que cela aille totalement à l'encontre de la conception du réfugié, qui n'est là qu'en attendant de rentrer chez lui, ne semble pas déranger. Nous sommes donc bien face à une immigration de masse, qui n'a rien à voir avec l'urgence de prendre en charge des réfugiés en danger.

Enfin, sur le plan personnel, l'individu est censé mieux se réaliser lorsqu'il n'a plus aucune obligation ni contrainte ni peur. Je ne sais pas où cette explication a été trouvée, elle est plus que surprenante. Chacun a toujours besoin de stimuli pour se réaliser, il faut dépasser des obstacles pour avancer et pas se fragiliser entre un thé bien chaud et une réflexion profonde, longue et languissante sur le but de la vie.

Le seul endroit où les êtres humains n'auront absolument aucun obstacle à surmonter, n'auront jamais besoin de se dépasser, où la température sera toujours la même, où aujourd'hui ressemblera à demain, c'est à la morgue.

7 commentaires:

  1. Les 2 systèmes:
    - le 1 avec la productivité (physique) et la qualification
    - le 2 -avec le résumé en qques mot des 200 000 dollars d'un "bon"' MBA-, "j'achète pas cher et je vends cher."

    Notre devoir est de lutter d'abord contre le Mal du 2, car c'est en éradiquant le Mal, au jour le jour, que nous arriverons aux solutions pour le système du Bien (le 1).

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  2. Analyse très intéressante. Toutefois, en ce qui concerne la Suisse, supprimer les aides sociales ne rapporte pas grand chose à l'état. En effet, l'assurance maladie est payée par le citoyen, une grande part de la retraite se fait par capitalisation, etc... Les cotisations sociales ne coûtent à l'employeur que 20 à 25 % du salaire. Seuls les cantons, en charge des "hospices" pourraient faire de réelles économies. Voilà pourquoi (entre autres), votre analyse parfaitement valable pour les pays européens, l'est, je pense, beaucoup moins pour la Suisse.

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    1. Votre conclusion Madame Bechet-Golovko est d'un humour décapant ; elle m'a fait rire aux éclats!!

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    2. Je trouve votre conclusion d'un humour décapant ! Excellent!!!

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  3. La servitude volontaire ... ou comment faire perdurer ce capitalisme si profitable a une minorité.

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  4. Le revenu universel est la voie royale pour l'instauration de la marque de la bête. Les gens vont qui n'auront plus de travail vont s'habituer à toucher ce providentiel revenu, puis il faudra se faire pucer pour le percevoir.
    Nous sommes en pleine réalisation des prophéties bibliques avec l'invasion des migrants et bientôt la Russie qui nous attaquera.

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  5. Décapante, la dernière flèche, en effet!
    Le sujet et ce que l'on peut supposer de son devenir, m'a fait penser à l'histoire (la belle histoire!) de l"Europe de la paix". Un peu le style attrape gogos

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