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mercredi 27 septembre 2017

Que signifie la volonté d'indépendance de la Catalogne?



Avant la tenue du referendum sur l'indépendance de la Catalogne, organisé contre la légalité espagnole, mais porté par le fantasme de la toute puissance des minorités agissant, évidemment, contre les Etats répressifs, il est bon de revenir avec la tête froide sur ce qui se passe chez notre voisin. Car ce peut aussi se passer chez nous. C'est non seulement l'intégrité de l'Etat espagnol qui est en jeu, mais la possibilité de préserver les Etats dans le cadre de l'Union européenne.


Quand un référendum d'indépendance est-il légal?

Malgré la décision du Tribunal constitutionnel déclarant inconstitutionnelle la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne, les autorités locales le maintiennent, ce qui ne manque pas de soulever la question de sa légalité.

Finalement, il y a deux situations, très différentes l'une de l'autre. La première concerne le cas de la défaillance de l'Etat. Après un coup d'Etat, une révolution, lorsque le fonctionnement régulier des institutions n'est pas assuré par l'Etat, une partie du territoire peut décider de son indépendance sans avoir à obtenir l'accord du centre politique du pays, celui-ci étant inexistant ou illégitime. Ce fut le cas, par exemple, dans notre histoire récente, de la Crimée. Après le coup d'Etat de 2014, la suspension de la Cour constitutionnelle, l'occupation des organes de pouvoir (Parlement, Gouvernement), la prise illégale de la présidence du pays, des régions ont pu organiser un référendum. La Crimée a ainsi voté son indépendance. L'autre situation est celle de l'accord de l'Etat central, comme l'Ecosse a pu organiser un referendum avec l'accord du gouvernement britanique.

En dehors de ces deux cas de figures, c'est-à-dire lors de l'existence de structures étatiques et en l'absence d'un accord de l'Etat, celui-ci est non seulement en droit, mais en devoir, d'interdire par tous les moyens légaux la tenue d'un referendum pouvant entraîner une atteinte à l'intégrité territoriale du pays. Ce que finalement fait l'Etat espagnol en interpellant les séparatistes, en confisquant le matériel du vote, etc. 

De la démocratie au populisme

Les déclarations rappelant la période de Franco ne sont que du populisme ... ou de la naïveté:
« Je suis née sous Franco, et ces actions me font penser à cette période, lance Mme Mondelo, marchande de journaux au centre-ville, qui donne simplement son nom de famille. Cela me surprend que l’on nous empêche de voter dans un pays dit démocratique. »
L'on y retrouve ce fond de populisme qui cache mal l'anarchisme. Le droit de vote est lui aussi régulé. Imaginez qu'il soit possible d'organiser des présidentielles ou des législatives, des municipales, à chaque fois qu'une minorité en a l'envie. Le pays plongerait rapidement dans le chaos. Comme toute chose, la démocratie doit être organisée et les règles s'appliquent à tout le monde, y compris aux minorités.

Il est bon de rappeler, par ailleurs, que la démocratie est le pouvoir de la majorité sur les minorités, elle les respecte, mais elle dirige. Or, ici comme souvent, c'est l'intérêt d'une minorité agissante et bruyante qui couvre le silence d'une majorité plus calme, défendue par l'Etat. Or, le silence de cette majorité fait penser que l'Etat agit pour lui-même, ce qui est loin d'être le cas:


Et n'oublions pas que seulement 25% des catalans se sentent catalans sans être espagnols. Ce sont ces 25% qui sont médiatisés. L'on arrive ainsi au pronostic de victoire du Oui au referendum, en comptant sur l'abstention:


Mais comment ici reprocher aux gens de ne pas participer à un referendum illégal? Ce serait leur reprocher de ne pas être indépendantiste. 

A qui profite le crime?

Quoi qu'il en soit, le sentiment d'appartenir à un même peuple a été remis en cause par l'exacerbation des sentiments locaux. Ce qui est le résultat des programmes scolaires focalisant l'attention sur l'histoire et la géographie locale, de la chaîne de télévision catalane développant une véritable idéologie séparatiste, etc. 

Les nations se construisent sur la négation des différences au profit d'une histoire commune. C'est un choix politique qui était celui des Etats-Nations indépendants et souverains. Le développement des langues régionales, des cultures régionales permet d'éloigner les populations locales de l'Etat et donc de le remettre en cause. Sans souveraineté, l'Etat n'est plus nécessaire.

D'une manière générale, cela sert les intérêts d'une Union européenne des régions, vers laquelle on peut revenir. Les Etats sont incompatibles avec le développement de l'Union européenne, car leurs compétences doivent être transimises au niveau européen, qui en plus a le mérite d'être totalement irresponsable politiquement devant les peuples. Bref, d'être a-démocratique. C'est dans cette logique que l'on peut lire les propositions de Macron pour l'Europe: uniformiser dans une logique de dérèglementation et transfert des fonctions régaliennes vers les structures européennes.

Que faire alors d'une coquille vide, celle de l'Etat vidé de ses fonctions? Rien, il sera dépassé. Enfin, l'Etat nation sera dépassé, car les fonctions étatique resteront, mais seront déplacées vers les structures européennes avec une antenne technique au niveau régional. Ce qui présente le grand avantage de ne plus permettre d'avoir de politique en Europe hors de l'UE, les régions européennes étant trop faibles pour être des acteurs politiques. Et l'Ecosse veut sortir de la Grande Bretagne, mais rester dans l'UE. Et pourquoi pas la Catalogne? Et ensuite le Pays basque, évidemment réunifié, un peu comme les kurdes? Cet avenir vous convient?

6 commentaires:

  1. L'aspect affectif est important; en France on peut être Provençal, Alsacien, Breton tout autant que Français. Le but de l'UE et des mondialistes est de faire en sorte que les voisins ne soient voisins que physiquement; il en est ainsi des régions comme le Kurdistan Irakien ou l'ex-Yougoslavie: enfoncer des "coins", diviser, comme individuellement faire des... individus/robots producteurs/consommateurs, des "Hommes" réduits à n'être que des tubes-digestifs qui produisent du superflu au service de parasites ploutocrates!

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  2. "Cet avenir vous convient?" il est évidemment difficile de répondre simplement à cette question puisque notre avenir sans aucune intervention séparatiste ne nous appartient déjà plus en tant qu' État-Nation.
    États-Nations dominés à leur tour par de nouveaux dominants auto-proclamés grâce à la violence bancaire.
    Évoquer la Démocratie pour donner un ton de conscience populaire à cette histoire participe à une envie de restaurer un passé imaginaire.
    Je pense que les consciences dites séparatistes reflètent davantage l’envie qu’ont encore des humains de pouvoir partager des modes de vies que leurs ancêtres ne renieraient pas. Un territoire, une langue, une histoire. Les États se sont toujours créés par la violence militaire et ont donc toujours tentés de fédérer des contrées dont l’histoire et la langue rendaient difficile de contrôler les populations à travers un axe linguistique unique.
    La Mondialisation va dissoudre ces histoires, l’âme humaine y perdra ce qui faisait sa richesse et avec le temps une langue unique sera imposée et par conséquent un mode de pensée unique. Aujourd’hui les descendants des Nations Indiennes d’Amérique du Nord parlent tous l’anglo-américain.
    Cet avenir vous convient-il ?

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  3. La volonté d’indépendance catalane est multifactorielle. Certes, d’une manière générale les États-Nations sont réduits à être une coquille vide. Dès le lendemain de la Deuxième Guerre, tout fut mis en œuvre pour détruire l’âme de l’Europe initiée par la création des Nations-Unis. Vint ensuite, le Marché Commun, puis l’union des 6, 12 etc. qui ont abouti à l’Union européenne. Bien sûr un des vecteurs fut l’universalisme, culpabilisant du même coup les réactions nationalistes pour avoir été les grands responsables des malheurs de l’humanité allant de l’Inquisition à l’holocauste sans oublier les Africains et peuples d’Amérique et d’Océanie. Tout ça à coups de tapage médiatique. Coupable ; pour être pardonné, faut faire pénitence et au diable les traditions ancestrales. Pour cela il faut s’ouvrir à l’autre, apprendre à l’accepter au nom l’humanité, de culture universelle de la grande famille des hommes, et des droits de l’homme, sinon on est raciste. Le racisme à la papa est une hérésie de nos jours. Le racisme moderne est empreint d’humanisme, on encourage les bombardements de nations au nom des droits des peuples, que l’on accueille en déroulant le tapis rouge. Combinez ce cafouillis à une tendance encouragé à la boulimie de consommation, qui conforte tout un chacun à se sentir plus intelligent que les autres, comme le téléphone du même nom, et vous obtenez l’Europe d’aujourd’hui : un ensemble de Nations moribondes.
    L’indépendantisme catalan est aussi, à mon sens, une réaction de préservation identitaire, en réaction à l’amalgame suicidaire des peuples d’Europe. Ce que je déplore c’est ce manque de conscience chez les espagnoles comme chez tous les européens sur le caractère historique de leur pays qui aurait préservé une cohésion des communautés y compris les Catalans. Mais pour cela il aurait fallu une réflexion éclairée d’une profonde connaissance de leur histoire, mais aujourd’hui, demander à quelqu’un de réfléchir revient à lui demander de se jeter par la fenêtre.
    Pour répondre à votre question, chère Madame ; non, cet avenir ne me convient pas, mais nous y allons tête baissée.

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    1. Très bonne analyse à laquelle j’adhère totalement.

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  4. Bonsoir Karine, il faut rappeler que l'UE souhaite ardemment la ratification par les Etats de la charte des langues régionales et... minoritaires ; c'est une arme de destruction massive contre la France notamment ; le problème est que nous avons oublié que l'histoire est tragique et que nous ne sommes pas à l'abri d'une implosion !

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    1. La France n'a rien ratifié du tout et le Sénat a enterré définitivement le projet.

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