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lundi 29 octobre 2018

Bolton en Russie et la préparation d'une nouvelle régulation de l'armement



Bolton, le conseiller de Trump pour les affaires étrangères, est passé par Moscou lors de sa grande tournée de promotion/explication de la politique étrangère américaine. A l'ordre du jour, outre une invitation pour Poutine en 2019, qui pour l'instant laisse perplexe vue la détérioration des relations russo-américaines après chaque rencontre au sommet, la question très médiatisée de la sortie des Etats-Unis de l'accord signé avec Gorbatchev sur les forces nucléaires à portée intermédiaires (FNI). Ce qui finalement ne fait que remettre à plat une situation internationale qui doit être renégociée en fonction d'une nouvelle réalité.


Bolton est arrivée à Moscou pour deux jours de négociations, les 23 et 24 octobre, lors desquels il s'est entretenu avec le ministre russe des affaires étrangères, avec le vice-président du Conseil de sécurité et rapidement avec le Président Poutine. Il s'est lui-même défini comme le messager, le porteur d'un message qui, en soi, n'est pas forcément mauvais pour la Russie - tout dépend de ce qu'elle en fera. 

Il s'agit évidemment de la sortie des Etats-Unis du FNI. Cette déclaration s'inscrit dans une ligne plus générale des Etats-Unis de remise en cause des accords conclus avec l'URSS à partir des années 70. Les Américains, sous Obama, sont d'abord sortis en 2002 du Traité ABM, signé à Moscou en 1972 pour la limitation des armes stratégiques, tant défensives qu'offensives. Maintenant, Trump remet en cause l'accord FNI, signé en 1987 à Washington, qui prévoit la destruction des missiles de croisière et des missiles balistiques lancés depuis le sol et ayant une portée de 500 à 5 500km. Enfin, la question de la survie du traité New Start de réduction des armes stratégiques (qui vient de SALT I, signé en 1972), dernier survivant de "l'ancien monde", qui doit être - ou non - prolongé en 2021.

Deux remarques à ce sujet. 

En ce qui concerne concrètement le traité FNI. Il ne touche pas particulièrement la question de la sécurité des Etats-Unis, en raison de leur positionnement géographique. En revanche, la sortie déjà budgétée, va avoir un impact, plus psychologique que réel, sur la sécurité en Europe. Ce traité était en fait directement dirigé contre la capacité de feu de l'URSS sur le continent européen, c'est elle qui a été la plus limitée par ce traité. Donc, d'une certaine manière, sa remise en cause sert les intérêts stratégiques de la Russie.

En ce qui concerne ces traités en général, ils ne sont plus adaptés. Premièrement, comme nous l'avons vu, la Russie a modernisé son arsenal, contournant ainsi les limitations, les Etats-Unis y travaillent également, des recherches dans ce domaine sont financés par le budget er d'autres pays ont acquis ces armes. Ensuite, la question de l'attaque par l'URSS du continent européen était un des mythes de la guerre froide permettant de justifier une présence militaire américaine, bras armé d'une prise en main politique de l'Europe, ce qui par ailleurs a très bien fonctionné. Mais tout cela a un coût et Trump remet en cause cette vision du rôle des Etats-Unis en Europe, préférant d'autres modes d'action. Sa nouvelle doctrine nucléaire ne prévoit plus le stockage d'armes au sol en Europe, il n'est donc plus nécessaire pour les Etats-Unis de prendre totalement en charge la sécurité de l'Europe, ni de rester dans ces traités:
La nouvelle «posture» américaine propose en effet de développer un nouveau type de missiles nucléaires de faible puissance, qui seront lancés depuis des sous-marins (leur évitant ainsi d’être stockés sur le territoire de pays alliés). A rebours de l’administration Obama qui, en 2010, «avait adopté l’objectif explicite de réduire à la fois le nombre et le rôle des armes atomiques au sein de la stratégie américaine de sécurité nationale», écrit l’ancien diplomate Steven Pifer, expert à la Brookings Institution et membre du Arms Control and Non-Proliferation Initiative. 
Enfin, si ces traités sont dépassés, ils n'ont plus aucune raison d'exister. Le droit international n'est là que pour fixer le rapport des forces à un moment donné. Lorsque ce rapport de forces change, ce que nous remarquons, les traités sont dépassés et doivent être renégociés. Dans un premier temps, ils sont dénoncés, ce qui laisse le temps pour établir un nouveau rapport de forces qui, une fois stabilisé dans les faits, sera acté. 

Trump agit dans la logique de la remise en cause de la globalisation, d'un retour aux Etats. La Russie peut profiter de cette période de flou qui indubitablement s'annonce pour améliorer sa position. L'Europe, elle, sera-t-elle capable de s'assumer? Pas dans le cadre de l'Union européenne en tout cas, qui elle aussi, semble appartenir à un monde dépassé.

1 commentaire:

  1. Pour la prochaine rencontre entre la Russie et les USA le 11 Novembre en France essayer de porter l'accent sur un pacte de Non-Agression

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