Denis Pouchiline, le nouveau dirigeant de la jeune république autonome de Donetsk, parachuté après l'assassinat de Zakhartchenko, continue d'introduire dans la vie locale des "valeurs" quelque peu décalées de la situation de guerre civile dans laquelle s'enferre le Donbass. Le dernier scandale en cause date du début du mois d'août, un festival dit "patriotique" pour la jeunesse, soutenu et organisé par l'Administration de DNR, qui a principalement marqué l'opinion par des mises en scène SM, une allusion ludique aux SS et, évidemment, des "plaisanteries" douteuses sur les symboles soviétiques. L'on aurait presque pu se croire à Kiev ...
La gouvernance de Denis Pouchiline ne cesse de creuser un fossé entre la population et une pseudo-élite, qu'il conduit sur la même voie des valeurs qu'à l'époque de sa gloire MMM, l'escroquerie financière de haut vol dans laquelle il a joué un rôle central en Ukraine post-soviétique (voire notre texte ici).
Depuis, pour aller à l'essentiel, nous avons eu droit à des "colonies de vacances" VIP - cette nouvelle "élite" ne peut quand même pas éternellement supporter les inconvénients d'un conflit qui s'enlise et qui la concerne de moins en moins (voir notre texte ici sur cet étrange Lotus camp).
Nous avons eu droit à cette idée totalement absurde, stratégiquement, d'organiser à grands coups de ressources administratives, ce flashmob à Donestk appelé "Le Choix du Donbass", demandant à Zélensky de lui octroyer un "statut spécial". Heureusement, Zelensky, mal conseillé (à moins que la demande n'ait simplement été encore prématurée), n'a pas réagi. Etrange, car le fameux "statut spécial" implique le retour du Donbass dans l'Ukraine, avec un statut certes "spécial" prévoyant une relative autonomie dans l'etat ukrainien, qui pourra parfaitement être modifié plus tard, sans aucun problème. Ce genre de jeu "à-la" Sourkov a conduit en Russie à Bolotnaya, dans une région en pleine guerre civile, je n'ose imaginer les conséquences. Un jour, comme avec l'exigence russe de nettoyer la place Maïdan, lorsque le moment sera arrivé, il y aura acceptation. Ce qui coûtera très cher aux habitants. Au quotidien. Et à la Russie, à long terme.
Maintenant, nous continuons dans le scénario-catastrophe avec un festival soi-disant patriotique pour la jeunesse, organisée par l'Administration de DNR, soutenue par les anciens copains MMM de Pouchiline, Mouratov et Kramar, et mis en oeuvre par une organisation baptisée la "Jeune Garde", du nom de cette organisation de résistance de la jeunesse lors de la Seconde Guerre mondiale, dont les actions héroïques sont entrées dans la mémoire collective. Pour plus de détails sur cet évènement, lire pour les russophones l'excellent article de Kristina Melnikova ici.
Et finalement, les habitants de Donetsk ont eu droit, notamment (car heureusement, il y a aussi eu autre chose), à des mises en scènes SM, qui ont provoqué des mouvements de colère dans les réseaux sociaux (malheureusement, uniquement dans les réseaux sociaux, personne ne s'est opposé dans la vie réelle) :
Le symbole très fort de cette "Jeune garde" a de cette manière été dégradé à un point inacceptable.
Par ailleurs, les habitants ont également pu admirer le président du Conseil populaire de DNR, Vladimir Bidevka, accompagné d'un jeune homme dans une tenue SM, portant une casquette parodiant une symbolique rappelant dangereusement les symboles nazis :
Ce sont manifestement les seuls combats que soient capables de mener ces individus ... Le dirigeant des gardiens de la paix volontaire de DNR ne cessant, par ailleurs, avec les amis MMM précités, de vanter le caractère "100% authentique" de l'évènement, l'on ne reviendra donc pas sur les erreurs d'uniforme. Ils maîtrisent mieux le maniement des déguisements de sex shop, que celui des uniformes militaires.
Bref, tout cela pourrait faire sourire si le contexte était différent. Le manque de goût autant que d'un minimum vital de culture est une plaie répandue, qui dépasse largement les frontières du Donbass. Le mépris de ces "pseudo-élites" envers l'histoire, la morale ... et finalement la population, considérée en général beaucoup trop "conservatrice" (traduire aujourd'hui comme ennuyeuse, dépassée, pas dans le mouvement, manquant de légèreté, etc.) va de pair avec la décomposition de la société. Phénomène touchant à un degré divers, certes, tous les pays.
L'arrivée de Pouchiline, par ironie du sort, a d'une certaine manière "normalisé" la situation du Donbass, en la dépravant, l'amenant sur une voie bien éloignée de celle envisagée par les idéalistes comme Strelkov ou Zakhartchenko, produisant des élites bien éloignées de la première garde qui est morte dans des circonstances étonnantes - pour la plupart d'entre eux.
Ils voulaient un monde meilleur sur un bout de terre, sur leur terre, ils ont Pouchiline et sa Cour, la Cour d'un roitelet. Un roitelet fantoche qui ramène durement à la réalité ceux qui se battent pour le Donbass : ce monde global, qui entoure le Donbass sur toutes ses fragiles frontières ne peut se permettre l'espoir même d'une alternative. L'espoir est extrêmement dangereux, l'espoir donne des ailes, déplace des montagnes, fait les vrais Hommes. Or, le territoire a été bloqué, réduit, économiquement invivable, donc politiquement dépendant. De plus en plus présenté pour ce qu'il en a été fait : une monnaie d'échange dans un combat qui le dépasse.
Le patriotisme ne se décrète pas une journée pour un festival, il se vit au quotidien. Ce que savent dans leurs chairs une grande partie des habitants du Donbass. Ce que vit au quotidien une population qui se bat pour son appartenance au Monde russe. Ce qu'ignorent totalement ces "élites", dont le seul espoir est celui des vols internationaux - le dutty free y est plus intéressant. Or, s'il n'existe plus à l'aéroport de Donetsk (détruit), il fonctionne parfaitement à celui de Kiev ...
Pauvres gens, pauvre Donbass!! Mais dans les accords de Minsk, il est prévu l'autonomie des deux républiques et, une fois la chose faite, la restauration des frontières de l'Ukraine, rien de plus. Donc, "statut spécial" ou application des accords de Minsk, le Donbass reste en Ukraine, hélas! Quant à servir de monnaie d'échange, j'ose espérer que la Russie n'en arrivera pas là.
RépondreSupprimerComment les gens, là bas, supportent-ils ces clowns? après tout ce qu'ils ont vécu et vivent encore...Massacrer les héros pour les remplacer par cette chienlit...
RépondreSupprimerIl faut espérer que Vladimir tisse sa toile . Lentement . Déjà , il baise Macron , si je puis dire , il fait avancer le Nord Stream 2 , il va détacher la Finlande de l'Empire . La réintégration de l'Ukraine de l'Est , et pas seulement le Dombass , viendra en son temps .Vladimir est assez intelligent et patient pour l'obtenir sans guerre , du moins sans guerre chaude ouverte . Mais pourvu qu'il tienne . Il vieillit , et , pour l'heure , on ne voit pas de successeur . Sortir un nouveau tsar d'un chapeau ?
RépondreSupprimer" qui ont provoqué des mouvements de colère dans les réseaux sociaux (malheureusement, uniquement dans les réseaux sociaux, personne ne s'est opposé dans la vie réelle) "
RépondreSupprimerTout est dit.
En France, des millions de gens se sont montrés sympathisants des Gilets jaunes... Derrière leur écran.
Déliquescence du sens moral, absence de spiritualité : les sionistes ont presque gagné cette partie.