Le président russe, Vladimir Poutine, est attendu aujourd'hui au Fort Brégançon pour un entretien avec Emmanuel Macron. Au-delà du fait même que la rencontre ait servi de fondement à une nouvelle vague russophobe dans les médias français, il est logique de s'interroger sur son opportunité: est-ce la bonne date et que peut-il en sortir ?
Pour soutenir l'importance - a priori - de cette rencontre entre Macron et Poutine, les commentateurs soutiennent que, en soi, le fait que les Chefs d'Etats discutent, est une bonne chose, c'est la diplomatie, que les relations entre la France et la Russie n'ont jamais été aussi mauvaises depuis, voire même à l'époque de la guerre froide. Rappelons toutefois que les relations diplomatiques entre la France et la Russie continuent, que Macron et Poutine se sont déjà rencontrés souvent depuis de début du mandat présidentiel de Macron, que le Président russe a été immédiatement invité dès la prise de fonctions du Président français, que Macron fut l'invité privilégié du Forum de St Pétersbourg, qu'il est allé soutenir l'équipe de France de foot en Russie, etc.
Et les relations sont toujours aussi mauvaises, il n'est pas question de remettre en cause les sanctions économiques, la russophobie médiatico-politique se porte à merveille, la France n'a pas fait bougé d'un iota sa position internationale exclusivement pro-atlantiste envers et contre tout. Contre le bon sens et envers ses intérêts nationaux. Donc la répétition mécanique de rencontres ne permet pas tout aussi mécaniquement l'amélioration de relations entre les pays.
Une rencontre en soi n'est ni bonne, ni mauvaise. Cela dépend de ce que l'on entend en faire, des buts politiques qui sont poursuivis de part et d'autre. Côté français, la situation est assez claire. Macron a besoin, en pleine crise intérieure, de redorer son image à l'international, surtout après la tension des relations avec différents leaders importants pour la France, comme les Etats-Unis et l'Allemagne. Mais justement aussi à cause de cela, le poids international de la France est en chute libre et elle ne peut plus significativement peser sur la résolution de beaucoup de crises. Indépendamment de cela, même si la France avait le début d'une miette de volonté politique propre, il n'est pas certain qu'à ce jour elle ait les moyens de la mettre en oeuvre.
Certes, Macron peut discuter avec Poutine de l'Iran, des traités militaires liant les Etats-Unis et la Russie, du Venezuela ou même de la Syrie. Ils peuvent parler. Mais quelle importance cela aura sur la résolution de ces crises ? Ces conflits sont plus ou moins directement liés au rapport de forces russo-américain, où ni la France, ni l'UE ne pourront avoir une influence réelle en tant qu'intermédiaire. Elles ne peuvent qu'être des pions placés sur un échiquier, dont elles ne maîtrisent pas la configuration. La seule position rationnelle pour la France serait de soutenir la Russie dans ces conflits, afin de participer à la restriction de la domination atlantiste, qui conduit la communauté internationale dans une impasse, puisque, comme nous le voyons, aucun conflit ne peut être aujourd'hui définitivement résolu.
Et le fait que cette réunion de travail soit organisée avant le G7 n'y change rien. Macron ne portera pas les intérêts de la Russie à ce sommet, n'en apparaîtra pas plus fort. Quant à la Russie, en venant en France quelques jours avant la tenue d'un sommet dont elle a été écartée, sa position est en soi affaiblie.
Malheureusement, le seul domaine dans lequel Macron peut avoir du poids est principalement en ce qui concerne la légitimation du nouveau Président ukrainien, Zelensky. En se transformant en lobbyiste des intérêts américano-ukrainiens afin de réintroduire la Russie dans cette farce de pourparlers, comme ce fut le cas lors de l'instauration du Format Normandie avec Porochenko. A ce jour, Poutine a, à juste titre, gardé ses distances face à Zelensky, Macron a pour mission de casser cette ligne politique incommode pour l'Occident atlantiste. Sans oublier aussi la question du "régime" russe, dit répressif, suite aux manifestations téléguidées depuis les chancelleries occidentales. Ce sont finalement les sujets classiques ... et secondaires.
Pourquoi cette invitation de Macron ? Finalement, sur le fond, il ne peut agir que sur peu de sujets, mais dans un monde de comm, il doit créer une illusion.
Pourquoi cette acceptation ? La Russie semble toujours aveuglée par l'image d'une France qui n'est plus. Mais nous en saurons plus lors de la conférence de presse.
Poutine avait tout simplement envie de voir le Fort de Brégançon et de faire un plongeon dans la piscine à 34 000 euros payés, gracieusement, par les contribuables français. Il a bien le droit, lui aussi, à un peu de détente non?
RépondreSupprimerMais pourquoi pas? la Russie à toujours été alliée à la France, la France est un pays diplomate et que Mr Poutine aime la France et critique quelques fois les gouvernants! nos statut sont différents certes et chacun son pays!
RépondreSupprimerSi la Russie a toujours été alliée à la France, le contraire ne l'est pas. La France a toujours affichée une politique hostile à Moscou dont les derniers épisodes remontent à l'affaire des Mistral et aux sanctions économiques. Perso, je ne crois pas que la Russie aime la France (Poutine non plus), ce pays vit encore dans un inconscient collectif (comme pour bien d'autres pays) en tant que la France de 1789 ou celle de la belle époque. Cependant, dès qu'on tient compte de la réalité, cette image idyllique se revêt de celle d'une puissance impérialiste décadente et assujettie aux ordres de la finance mondiale et de l'OTAN. La France et la Russie sont des pays très différents en plusieurs aspects et, donc, si il n'y a pas de beaucoup de points communs il ne peut y avoir d'identification. Mois encore d'amour.
SupprimerLE BAL DES FAUX-CULS !!
RépondreSupprimer''La Russie semble toujours aveuglée par l'image d'une France qui n'est plus''. Peur-être que, dans l'esprit du Président Poutine, la France n'est pas définitivement morte, que son avenir ne ressemble pas aux terribles images de quelques quartiers parisiens ou de nombreuses villes de banlieue. Peut-être pense-t-il que ce pays, qui devient un pays de mendiants malgré des taux d'imposition records (sur les stations de radio, les chercheurs actuels paraissent souvent chercher... des legs), peut encore être sauvé.
RépondreSupprimerC'est triste à constater, mais il semble que le Président Poutine ait davantage d'empathie pour les français dans leurs épreuves, que le Président Macron.
Au delà de la géopolitique, ces marques de sympathie, que l'on devine sincères, touchent