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lundi 30 septembre 2019

Russie : le potentiel de contestation augmente ... dans le vide intellectuel de l'opposition



Ce 29 septembre, la manifestation de l'opposition, menée par le Parti "libertarien", malgré une accumulation de slogans entrecoupée de pauses musicales "engagées", a réussi à faire venir au moins 20 000 personnes. Plus qu'un soutien réel à ces opposants, il s'agit de l'expression d'un mécontentement profond par rapport à la politique menée par une classe politique dirigeante, de plus en plus déconnectée des problèmes du pays et incapable de proposer un programme de relance de l'économie réelle, sans même parler de projet de société.


Cacher l'incapacité du gouvernement à relancer la production du pays, dont des villes entières voire des régions dépendent directement de certaines productions, derrière le mythe de la semaine des 4 jours de travail au nom du "droit au repos" et à l'existence d'une vie en dehors du travail (sans parler du coût), rappelle la revendication de la semaine des quatre jeudis. Nous y venons aussi, qui a besoin de réelles formations pour lancer le pays dans la reconversion au tourisme, comme annoncée parallèlement par ce même gouvernement ? Il faut des serveurs et des vendeurs étant capables de sortir quelques mots d'anglais pour les touristes étrangers, il faut faire venir les investisseurs étrangers pour implanter du business et donc des manageurs pour gérer les investissements étrangers. Ce monde merveilleux d'un Walt Disney géant, sans aucune perspective pour un pays à la dimension de la Russie, ne semble pas avoir les faveurs de la population. 

Alors que l'opposition russe est toujours aussi désolante de nullité, ne sachant qu'intercaler des slogans épuisés depuis 20 ans entre quelques chansons pour relancer le moral des troupes, présentes, mais pas trop convaincues, les gens attendent. Libérer les "prisonniers politiques", c'est-à-dire ceux qui ont manifesté et ont commis plusieurs infractions, voici le programme lancé d'une attaque ciblée contre la justice et la police pour "sauver le pays". Il faut dire que l'Etat, ces derniers temps, semble avoir de plus en plus de mal à assumer une défense de l'ordre public et de l'intérêt général, les structures tant judiciaires que de maintien de l'ordre sont pointées du doigts lorsqu'elle font leur travail, la critique facile étant instrumentalisée par des personnalités sentant la faiblesse de l'Etat, la possibilité d'un changement de cours et voulant à tout prix (au prix de l'Etat?) garder leur place dans une possible nouvelle classe gouvernante. 

Ainsi, au bas mot 20 000 personnes sont sorties samedi, dans le froid d'un automne particulièrement précoce, exprimer leur mécontentement. Voici trois vidéos, présentant plusieurs tendances politiques, couvrant cette manifestation. Faites-vous votre idée.






Même si cette opposition est incapable de proposer un cours alternatif, qui ne soit pas alternatif au pays, le mécontentement est présent et la tendance à la dégradation se voit parfaitement dans les données statistiques de l'institut Vtsiom, que la disparition de l'index de protestation et la modification du calcul du soutien des politiques ne cachent pas.

Le manque de confiance en cette élite politique pour faire passer la crise économique est flagrant. A la question de savoir si, pour les personnes interrogées, la crise est passée ou le pire est encore à venir (le trait rouge), la moitié estime que tout est encore à venir (trait bleu ciel - c'est passé; trait orange - c'est maintenant; pointillé - index):


A la question de savoir comment les personnes interrogées apprécient la situation dans le pays, le pessimisme gagne les esprits, l'index montre une tendance à la chute. Heureusement, les intermédiaires gardent encore pieds : plutôt bonne pour 37% et plutôt mauvaise pour 24%, mais bonne (14%) et très bonne (1%) soit 15% cumulés contre mauvaise (10%) et très mauvaise (9%) soit 19% cumulés. Autrement dit, le ressenti est loin d'être positif :


Comme les données concernant l'appréciation des politiques nationales (économique, sociale et internationale) ont disparu, il n'est plus possible de montrer la tendance. 

La manière dont elles sont appréciées, en tout cas, comme nous venons de le voir, est assez claire et cela a un impact sur la cote de popularité du chef de l'Etat. A la question fermée, entre les autres politiciens de premier plan, V. Poutine garde une première place incontestable, stable autour de 70%, loin devant Medvedev (38-40%), Jirinovsky-LDPR (36-37%), Ziouganov-PC (33-34%) et Mironov (26-27%). En revanche, lorsque la question est ouverte, à savoir lorsqu'il est simplement demandé aux gens à qui ils confieraient le soin de régler les questions importantes pour le pays, deux remarques sont à faire. Tout d'abord la cote de Poutine a baissé de 7 points en un an, passant de 37% à cette période en 2018 à 30% maintenant. Ensuite, la confiance de la population en l'opposition radicale, celle qui était justement dans la rue samedi est plus que faible : Navalny 1,7-1,9%, l'égérie Sobol n'a même pas été citée, quant à Ksénia Sobtchak, elle ne dépasse pas les 0,1%. Bref, elle est politiquement inexistante.



La Russie a la chance, ou plutôt la malchance, d'avoir l'opposition la "plus bête du monde", pour reprendre une expression consacrée. Le danger est qu'en absence d'autre chose, si le gouvernement continue à mener une politique minoritaire, dont l'efficacité socio-économique pour la majorité ne se fait pas sentir, est que faute de mieux, la population finira par se retourner vers ce qu'il y a sous la main. Même si les résultats, objectivement, seront encore pires, justement sur le plan socio-économique. Mais les sociétés, entraînées par les foules, ne sont pas rationnelles.


4 commentaires:

  1. Karine,

    perso, je suis lasse du conditionnel genre "il semblerait", "selon"

    dans les analyses politiques appuyées par des jolies courbes.

    J'en ai déjà marre en France.

    En fait, le terme le plus juste de cet article ainsi que de la situation en Russie que tu décris serait (conditionnel !!!) "ATTEND"

    NB: comme s'il y avait encore une opposition en France!

    NNB: l'erreur actuelle est de continuer de considérer la politique comme linéaire - tandis ce que les soit-disant "extrêmes" se rejoignent allégrement dans un cercle vicieux

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  2. Appréciable cet article qui fait le point de la situation politique à partir d'un aperçu général de l'état d'esprit de la population russe. Le monde à besoin de changer de base, mais partout(Russie, UE, USA au principal) les oppositions (de gauche évidemment) sont à ce jour incapable tenter d’explorer l'idée d'une stratégie visant à se débarrassant du capitalisme, passant en premier lieu par des gouvernement imposant des décisions politiques aux dominants économiques. Triste constat.

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  3. Je croyais que le peuple russe était vacciné contre les révolutions. Ca va mal partout, pourquoi voulez-vous que la Russie fasse exception à la règle? Poutine a remis la Russie sur les rails, c'est déjà un exploit, faisons lui confiance pour améliorer le quotidien de ces compatriotes. En France, ça fait un an que les gilets jaunes manifestent, à ce jour, ils n'ont pas obtenu grand'chose. Et que dire du malaise dans la police et chez les agriculteurs qui se traduit par de nombreux suicides.

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    1. Tiens donc!
      Cela ne vous surprend-il pas que les FRANÇAIS ne soient las des révolutions?

      Y en a eu combien déjà? 6 en comptant mai 68?

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