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vendredi 7 février 2020

Réélections en Thuringe ou quand l'Allemagne n'assume plus le vote populaire



Les élections en Allemagne dans le land de Thuringe n'ont pas donné les bons résultats, puisque le président y a été élu, certes avec le soutien de Merkel, mais grâce aux voix de l'AfD, qui a le mauvais goût de n'être pas pro-migrants. Ne vous inquiétez pas, les électeurs seront appelés à voter à nouveau. Et le processus pourra se répéter tant que les "bons" résultats, ne seront décrétés démocratiques par Angela Merkel - car conformes à sa volonté, et non pas parce que faisant suite à des élections libres permettant d'exprimer la volonté populaire. Finalement, lorsque la position de ces élites globalisées sera définitivement inconciliable avec celle des peuples, alors les élections seront déclarées inutiles, et pourront être remplacées par une consultation sur internet, par exemple, au nom de la nouvelle "démocratie numérique". Tellement plus simple et surtout tellement mieux contrôlable. La souveraineté populaire est définitivement dépassée. Nous vivons une époque formidable, une véritable époque de progrès !


Assez naïvement, après avoir passé un bon nombre d'années sur les bancs des facs de droit, après avoir enseigné le droit, notamment constitutionnel, pendant un nombre d'années encore plus important, j'avais acquis, certainement naïvement, la conviction que les élections, sans être parfaites, étaient le moins mauvais moyen permettant l'expression de la volonté populaire. Evidemment, lorsque l'on veut que la volonté populaire s'exprime ...

Tant que les dirigeants dépendent réellement du résultat du vote, ils sont obligés sinon de gouverner entièrement dans l'intérêt du peuple, tout au moins d'en tenir compte. Le vote permet d'envoyer des signaux clairs sur le soutien ou le rejet des politiques menées. Et c'est ce qui s'est passé en Allemagne, où Thomas Kemmerich a été élu à la présidence de la Thuringe, non seulement avec le soutien du parti de Merkel, mais principalement grâce à celui de l'AfD. La réaction de Merkel fut immédiate et sans appel :
Merkel "a dénoncé un "acte impardonnable", estimant que le résultat de cette élection devait être "annulé" "
Et effectivement, Thomas Kemmerich a déclaré, juste après son élection, démissionner pour provoquer de nouvelles élections :
"Nous voulons de nouvelles élections afin de retirer le stigmate du soutien de l'AfD" 
Surprenant. L'AfD est un parti "légal", qui défend d'autres positions que celle de Merkel, mais la démocratie se fonde sur le pluralisme. Donc où est le problème ? Le problème est que ce parti n'est pas aligné sur la question de l'immigration, de la politique de porte ouverte menée par Merkel. Or, il a été impossible de le contourner en Thuringe, car les électeurs ont voté pour lui de manière suffisante pour lui donner un rôle important dans l'élection du président de ce land. 

Normalement, ce vote aurait dû conduire les dirigeants à repenser la politique migratoire. Cela aurait été la réaction d'une société démocratique, tenant compte de l'opinion des diverses parties de sa société et non pas seulement de la minorité postmoderne radicalisée. 

La réaction des politiques au vote fut inverse. Se cachant confortablement derrière le spectre régulièrement dépoussiéré de l'extrême droite des années 30, les électeurs sont, non pas appelés, mais sommés, de voter encore une fois et correctement cette fois-ci.

Le système des élections, comme fondement du pouvoir dans les pays démocratiques est en danger, simplement parce que nos démocraties sont en train de mourir. Un système démocratique implique que les gouvernants représentent la majorité de leur peuple, sans pour autant oublier la minorité. Aujourd'hui, nos élites représentent  non plus la majorité, mais une minorité, qui par ailleurs n'est plus liée aux différents peuples, mais globalisée. 

C'est pourquoi les élections, telles que nous les connaissons aujourd'hui, ne peuvent plus leur garantir le pouvoir. A la fois, car sur le fond il est de plus en plus difficile de tromper, malgré le développement de la Novlangue, et parce que les représentants mis en place ne peuvent être réélus, menant une politique impopulaire et antinationale. "Heureusement", le culte numérique et la débilisation grandissante de la population vont permettre de tenter le grand saut, passant d'élections réelles, dont les résultats sont de plus en plus difficilement contrôlables, à une imitation virtuelle, elle parfaitement contrôlable.

5 commentaires:

  1. C'est scandaleux!! Quand je pense que ça n'a provoqué aucun remous dans les médias français, il y a vraiment de quoi s'inquiéter sur le devenir de la démocratie. Imaginez le tollé que ça aurait provoqué dans les médias français et occidentaux si, à la place de l'Allemagne, c'était la Russie qui avait annulé une élection parce que jugée non conforme aux souhaits de Poutine?

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  2. «la débilisation grandissante de la population» est inacceptable de votre part Mme Bechet-Golovko ! Tout le monde n’a pas eu la chance de naître là où il y avait déjà une accumulation de connaissances mais tous subissent le matraquage journalier des médias au service du néo-libéralisme où la corruption règne sans se cacher...qui font le succès de tous les « àquoibonistes » et abstentionnistes. Malgré tout cela la population est plus lettrée aujourd’hui qu’il y a un siècle ! Le coupable des «démocraties [qui]sont en train de mourir» n’est pas là ! Ni dans le numérique qui comme toute nouvelle technologie, dépend de l’usage que le pouvoir en place, en fait...ni du retard voulu et entretenu de la maturité politique d’une opposition qualifiée !Ceci, en toute amitié...

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  3. Pourquoi les gens de l'AFD ont-ils voté pour ce Monsieur Kemmerich ? avaient-ils négocié au préalable avec lui pour lui donner leurs voix ? Pas très compréhensible pour ceux qui ne suivent pas la politique en Allemagne.

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  4. Magnifique analyse. Excusez-moi de vous faire des éloges, mais j'avais des idées assez confuses sur cette affaire, bien que j'avais lu plusieurs autres articles. Vous venez de très bien clarifier les enjeux sous-jacents. Merci à vous.

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  5. La question que je me pose est celle-ci : a-t-il été "obligé" (sur un mode maffieux) de démissionner ? Ou bien , la Constitution donne-t-elle au chancelier le pouvoir de "démissionner" un président de Land ? Un connaisseur de la politique allemande pourrait-il me répondre ?

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