Les manifestations de contestation de l'élection de Loukachenko en Biélorussie sont présentées, sans aucun recul ni aucune tentative d'analyse, comme "la révolte spontanée d'un peuple contre le tyran". Si le score de 80% fait effectivement sourire, si l'existence d'une fatigue de la population face à l'éternelle présidence Loukachenko doit objectivement exister, l'ampleur des manifestations n'a rien de naturel, ni de spontané, c'est un processus qui a été préparé depuis des années (et je le sais pour certains aspects personnellement) et largement coordonné dans sa phase de réalisation. Car ces tristes parodies de révolution populaire, auxquelles nous assistons ces dernières années, ne sont in fine que des tentatives plus ou moins fructueuses de renversement d'un pouvoir non-aligné pour mettre le pays - et ses ressources - sous tutelle globaliste. La démocratie et les droits de l'homme (j'entends et les droits et les hommes) n'y sont strictement pour rien. Et concrètement dans cette crise biélorusse, plusieurs éléments apparaissent laissant percer l'organisation volontaire.
L'on peut regarder les images choisies puis diffusées des manifestations en Biélorussie, la larme à l'oeil, le coeur battant plus fort, comme si tout un peuple se soulevait contre l'oppresseur. Un peuple qui a évidemment ses difficultés, mais qui n'a quasiment pas de problème de chômage, qui a une industrie, une agriculture, un système social, un système d'enseignement classique, qui n'a pas été assigné à domicile pendant le premier délire du Covid, à qui l'on n'impose pas de masques ni de vaccin, que l'on ne fait pas plier à coup de propagande fin du monde ni d'amendes. Bref, c'est l'ennemi à abattre, la globalité incontestable de ce monde ne peut se permettre une telle infamie. Seuls les contestataires ont le droit d'exister - médiatiquement et politiquement.
Or, les gens sont fainéants par nature, il est plus facile de faire de l'activisme avec un smartphone à la main que de la véritable politique, ce qui ne concerne pas que la Biélorussie, ou il faut s'occuper des égouts, du système électrique, des usines, etc. Ainsi, Loukachenko se retrouve donc sans réel opposant - puisque l'idole toute fraîche et photogénétique dont tout le monde aura oublié le nom dans un mois, n'a jamais, Ô grand jamais, fait de politique et n'avait donc aucun capital politique pour se faire élire. Certainement sur le modèle macronien de "l'absence d'expérience est un avantage", dont nous voyons les effets dévastateurs dans un pays pourtant fortement structuré comme la France. Et si des Biélorusses en ont assez de Loukachenko, cela ne veut pas dire qu'ils ont envie de se retrouver dans la situation des Ukrainiens, puisque malheureusement, c'est la seule alternative réaliste aujourd'hui si l'on sort du monde Bisounours. (Voir notre article à ce sujet ici)
Pourtant, cela fait des années, une quinzaine au moins, que la société est travaillée au corps. Par hasard et par naïveté, je me suis retrouvée un moment engagée dans ce processus, en donnant des cours de droit à des activistes et à des étudiants. Ce qui est intéressant, c'est que tout cela se passait à Vilnius, justement là où l'égérie s'est enfuie. Il s'agissait de programmes internationaux financés par l'UE, par les pays du nord de l'Europe et par les Etats-Unis. Et en dehors de mes cours de droit, que je voulais académiques, il y a avait des séminaires beaucoup plus orientés. Lorsque j'ai compris de quoi il s'agissait réellement, je suis partie. Mais ces activistes ont été formés.
Ca, c'est le travail de fond : comment faire évoluer le cursus idéologique d'une société. Lorsque l'on arrive dans une phase de réalisation, comme nous le voyons aujourd'hui, certains mécanismes concrets se mettent en marche.
Il faut des hommes de combat, qui vont entraîner les foules. Le triste Sire Iaroch, à la tête des terroristes de Secteur Droit en Ukraine, a déclaré que depuis les années 2000, des membres du groupe nazi UPA (la fraction ukrainienne qui faisait partie de l'armée nazie pendant la Seconde Guerre mondiale) ont participé à la formation militaire des "patriotes" biélorusses anti-Loukachenko. Bref, avec l'aide d'Ukrainiens, qui ont patrouillé tout le pays, des forces d'attaque ont été mises dans la rue le moment venue.
Il faut de l'argent, pour recruter des coordinateurs et des statiques. Le ministère de l'Intérieur biélorusse a interpellé un homme qui distribuait de l'argent à des manifestants et avait encore 10 000 $ dans son sac à dos. Par ailleurs, un individu ayant retenu une chambre d'hôtel à Minsk, a été interpellé. Il coordonnait l'activité de trois autres personnes, qui elles-mêmes coordonnaient des groupes.
Il faut maîtriser le discours médiatique et diriger la mise en scène. La chaîne Nexta sur Telegram est devenu le centre de ce spectacle, avec environ 1,5 million d'abonnés, sans oublier que ces infos sont reprises telles qu'elles par de nombreux médias et sur les réseaux sociaux. Nexta a été fondé par Stepan Putito, qui dès 2015 avait tout d'abord mis en place une chaîne d'opposition sur Youtube et participait activement aux différents mouvements contestataires en Biélorussie. Lorsqu'une affaire pénale a été ouverte contre lui suite aux manifestations de 2017, il est parti en Pologne, où il a animé une émission de divertissement. Mais surtout, en 2018, il a fondé la chaîne Nexta, qui vient de prendre l'ampleur qui lui était désignée, à savoir être de facto l'état-major des manifestants. Ainsi, il la dirige depuis la Pologne.
Evidemment, la mise en scène est un élément fondamental de la construction d'une conscience collective déterminée. L'on ne vous montrera pas le "manifestant pacifique" avec une grenade dans la main, qui est le seul mort, car elle a explosé avant qu'il ne la lance sur les forces de l'ordre pour les tuer, l'on ne montrera pas la bonne centaine de policiers blessés, mais l'on a droit à ceci :
Le blanc est le symbole de la pureté, face à ce qui doit être vu comme de la brutalité :
Un homme seul, d'âge mûr, face aux forces de l'ordre, adaptation post-moderne circonstanciée de David et Goliath :
Evidemment, la mise en scène est un élément fondamental de la construction d'une conscience collective déterminée. L'on ne vous montrera pas le "manifestant pacifique" avec une grenade dans la main, qui est le seul mort, car elle a explosé avant qu'il ne la lance sur les forces de l'ordre pour les tuer, l'on ne montrera pas la bonne centaine de policiers blessés, mais l'on a droit à ceci :
Le blanc est le symbole de la pureté, face à ce qui doit être vu comme de la brutalité :
A genoux en signe de soumission, pour faire ressortir le caractère revendiqué a priori illigitime de la force - et de l'Etat :
Un homme seul, d'âge mûr, face aux forces de l'ordre, adaptation post-moderne circonstanciée de David et Goliath :
Comme le déclare la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangère, Maria Zakharova :
«On aperçoit une pression sans précédent exercée par des partenaires étrangers sur les autorités biélorusses. Des tentatives éloquentes d'ingérence dans les affaires d'un État souverain sont détectées, dans le but de diviser la société et de déstabiliser la situation»
Il serait bon que l'implosion recherchée de la société biélorusse devant conduire au départ de Loukachenko et à l'entrée glorieuse du pays dans le giron globaliste, ne conduise pas à une division trop violente des élites et de la population en Russie. Car si le ministère russe des affaires étrangères garde le cap de l'intérêt national, beaucoup de questions se posent quant à la ligne tenue par différentes forces néolibérales à l'intérieur du pays, à un doigt et demi de reconnaître l'Ukaine contre la Biélorussie ...Si les forces néolibérales qui l'on voit sévir à l'intérieur du pays ces dernières années et dangereusement se renforcer prennent le contrôle de la politique extérieur, combien de temps la Russie, dans ces frontières, pourra-t-elle exister ?
PS : Toutes proportions gardées, la situation de Loukachenko rappelle celle de Poutine - un pouvoir au long cours, dont le terme se confond avec l'horizon, sans réelle opposition politique et avec un réel soutien populaire. Ces forces globalistes en Russie, dont certaines évoluent au sein même du parti présidentiel Russie Unie ou dans l'opposition très systémique, après l'enchaînement des réformes impopulaires, après la gestion juridico-politique discutable - et discutée - de la crise du Covid, vont-elles sortir un jour, les médias à l'appui, pour déclarer, comme à l'égard de Loukachenko, que "le peuple est prêt pour renverser" Poutine ? Si les élites globalistes, quelle que soit la couleur de leur passeport, sont en droit de prendre ces décisions, comme elles veulent le faire pour Loukachenko, elles le feront sans aucun doute, un jour, pour Poutine. Dès que la situation sera mûre, ce à quoi elles travaillent activement ces dernières années.
Votre analyse est remarquable!
RépondreSupprimerconnaitre ses énemis permet de maitriser la situation
RépondreSupprimerA Travers la Biélorussie et son président c'est, ni plus ni moins, la Russie de Poutine qui est visée. Donc, que va faire V. Poutine? jusqu'à maintenant nous n'avons pas vu grand chose.
RépondreSupprimerAu moins la Biélorussie sait que quoi il en retourne, ils leur suffit juste de regarder ce qu'il se passe chez leur voisin du sud.
RépondreSupprimerAu programme: racisme, corruption, népotisme, guerre civile, vente des bébés (mais au prix du marché !), bombardement d'école et en prime quelques massacres et torture dans de jolis camps où l'on concentre les opposant au régime financés par l'EU (mais c'est pas des camps de concentrations non non).
On est désolé ici mais c'est tout ce que l'on a offrir. On ne peux pas dire qu'ils ne seront pas prévenus.
Votre article est remarquable. MERCI !
RépondreSupprimerLe problème et en Bielorussie et en Fédération du Russie serait moins aigu s'il y avait une alternance au sommet du Pouvoir en place.
L'idéologie globaliste est inacceptable dans la mesure où elle repose sur la destruction du christianisme et celui des Nations.
A. Loukashenko et V. Poutine l'ont bien compris.
Quel dommage qu'ils semblent convaincus d'être irremplaçables !
Nous sommes pourtant nombreux et en UE et dans tous les pays de l'Est européen à croire que seules les valeurs enseignées par le Christ portent la Vie.
J'ai toujours un moment de surprise en lisant des fadaises : la destruction du christianisme et celui des Nations ?
SupprimerLe nationalisme nous a amené ce grand moment de fraternité collective que fut 1914/5-1918 comme les derniers conflits d'ex-Yougoslavie. Son sens politique volontairement étriqué est enkysté dans une droite dont les valeurs ne sont pas acceptable. Le tort de tous les autres est d'oublier que le nationalisme doit souder, et non diviser, autour de valeurs constitutionnelles que ces partis ne portent pas. "L'Archipel Français" de Jérôme Fourquet devrait vous questionner. Enfin, les nations d'Europe ont pris acte lors d'une réunion de 1947 aux Pays bas du besoin de dépasser définitivement cette notion étriquée... Il en reste un grand discours de Churchill, à lire et méditer.
"Seules les valeurs enseignées par le Christ portent la Vie" ? Pour certains, peut-être, pour tous, non, et heureusement. L'UE offre ces possibles. Quand a ces valeurs enseignées par le Christ, attention à ce que l'on leur fait dire ou pas... Tout livre religieux est réinterprété en fonction des prismes et des besoins de son époque. Les valeurs chrétiennes sont des valeurs d'aides, d'entraide, d'écoute, de compréhension et d'acceptation des autres, de tous les autres. Or, ces valeurs sont celles de la majorité des religions du Livre, et, étrangement, très exactement celles véhiculées par l'UE ou le Conseil de l'Europe. Qui ne peut viser à les détruire.
L'idéologie "globaliste" n'existe que dans un monde étriqué d'économistes et de financiers. Mais elle repose sur une réalité physique, tangible et matérielle que Beyrouth a vu lui exploser au visage, la globalisation de nos rapports économiques. Fantasmer un concept n'est pas lui donner une réalité.
Excellent reportage pour un peuple comme la France où on nous arrose de peur de covid19 toute la journée afin d'entrer dans notre cerveau un peu plus,que la Russie,frère de la Biélorussie sont des nations corrompues, anti droits de l'homme etc
RépondreSupprimerEvidemment , et comme disait l'excellente Anne Roumanov , "on ne nous dit pas tout!" ...Cela étant posé , j'aurais tendance à souhaiter que Vladimirrr' tranche le noeud gordien une bonnne fois . Intégrer la Biélorussie dans la Fédération de Russie et faire de Loukatchenko un gouverneur , pour quelques années .Ou alors , s'il s'avère que le 80% est un énorme bidonnage , le virer et installer un gouverneur Kremlin compatible , et populaire . En parallèle , tordre le cou aux libéraux et aux globalistes , sinon , à force d'attendre , ils finiront par avoir la peau de Vladimirrr' , et la Russie avec .
RépondreSupprimerQuant au Christ , ne mélangeons pas la politique et le spirituel . D'ailleurs , en France , l'Eglise s'est couchée devnat l'islma (ce dont elle est assez mal récompensée) , il n'y a donc plus qu'à attendre qu'elle crève de ses lâchetés . Dieu merci , il semble que ce ne soit pas le cas en Biélorussie . En un mot comme en cent : "Poutîîîne , vîîîte !!!
Mon point de vue évolue avec le temps et les évènements . Comme tout un chacun . Je souhaite maintenant que Vladimirrr' balance Loukatchenko , lequel a finalement très mal géré la crise. Il ne fallait pas tricher . Il ne fallait surtout pas blesser gravement les manifestants . Il a commis la même faute que macronnette . Cela radicalise les gens pour longtemps .Comme disait Talleyrand , "c'est plus qu'une faute , c'est une erreur" . Vladimirrrr' a une carte à jouer : arriver comme le libérateur . Mettre fin au fameux Traité sur l'indépendance de la Biélorussie , il paraît que c'est possible à tout instant , installer un gouverneur POPULAIRE et organiser un plébiscite en prenant le risque de le perdre. S'il gagne , la réunion de la Biélorussie à la Fédération de Russie passera comme une lettre à la poste , car elle sera légitimée .. Pour une fois , alors que je commençai à avoir des doutes , je fais confiance à Vladimirrr' pour une manœuvre ce genre ou plus habile encore . De toutes façons , il y a un critère décisif pour juger de la pertinence de sa politique : si les eurofédérastes hurlent , c'est que c'est bon ...:-))).
SupprimerNicodème
@ Anonyme,
SupprimerLorsque les politiques veulent soumettre toutes les Nations à une nouvelle Civilisation contraire à l'identité millénaire du Continent européen, il me semble que nous sommes en droit de rappeler que l'Europe s'est construite sur les valeurs enseignées par le Christ.
Nous les avons rarement mises en pratique, mais nous savions distinguer le Mal du Bien.
Aujourd'hui, on enseigne à nos enfants que le Mal est le Bien. L'inversion des valeurs est une atteinte grave à la cohésion de nos Sociétés et c'est la raison pour laquelle tous les parents européens doivent se lever pour défendre leurs enfants.
En France, l'Église s'est couchée devant l'Islam ? Méconnaître à ce point et les textes de la Loi de 1905 d'une part, et leurs applications à géométries variables d'autre part relève du haut foutage de gueule. La République, après le travail politiques des radicaux de figer la séparation dans la Loi, a offert à l'Église catholique une primauté qui n'a plus aucun sens aujourd'hui. Qu'elle soit de combat ou de coopération, la Laïcité est la seule règle, et elle ne doit reculer devant personne, ce qu'elle a pourtant fait devant l'Église catholique. Attaquer l'Islam ne relève pas de la méprise mais de l'attaque ciblée...
Supprimer"Identité millénaire du continent européen"?
SupprimerMais quelle identité millénaire ?
Le mot identité est un multiple, et un évolutif. Il n'y a pas "d'identité" européenne fixe et intangible, mais des valeurs nées en Europe et qu'elle doit porter.
L'Europe ne s'est pas "construite sur les valeurs enseignées par le Christ". Non. Elle s'est construite sur des "couches" civilisationnelles dont le christianisme sous ses différentes formes. L'unicité des mondes celtes donne une trame commune qui parait vous échapper, autant que les apports récurrents des populations hébraïques, le temps de la présence Ottomane dont la Turquie d'Europe est héritière... Et on peut trouver une multitude d'échos et d'apports différents, avec en outre une ouverture au monde. Quel est le lien entre le christianisme wisigothique mozarabe et les hussites ? Quel est le lien entre les églises orthodoxes et leurs pratiques et l'évangélisation de l'Irlande ? La diversité domine, dans les formes, les pratiques, les interprétations.
Croire, vouloir croire, et, pire, vouloir faire croire, que parce que le Christ est là il y a unicité, ce n'est pas se méprendre seulement, c'est aussi démontrer ne pas connaître.
Personne aujourd'hui n'enseigne que le mal est le bien, il n'y a aucune inversion de valeurs. Nos sociétés ont évolué, et elles évolueront encore, malgré nous ou avec nous. Si nous voulons d'une Europe de valeurs, commençons par défendre les valeurs Européennes au lieu de d'arc-bouter sur des lectures faussées.
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2020/08/16/la-bielorussie-est-la-premiere-victime-geopolitique-du-monde-soumis-a-la-dictature-globale-du-coronavirus-les-gilets-jaunes-furent-negliges-mais-le-systeme-ne-lachera-pas-lemeute-de-minsk/
RépondreSupprimerpremier coup contre un gvt anti-COVID
RépondreSupprimerIl existe des gouvernements "pro-covid" ? Je m'inquiète...
SupprimerLa peste soit des covidices et covidicieux !! (libre adaptation de l'Avare...:-))) .
RépondreSupprimerLes globalistes sont prêts à tout mais leur fin est proche, les révolutions de couleur ne prennent plus. Poutine interviendra d'une manière ou d'une autre et l'affaire sera réglée sinon il sera en danger.
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