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mercredi 9 juin 2021

Ukraine : instrumentalisation de la question des peuples autochtones contre la Russie


Le Président ukrainien continue à remplir son devoir en faisant monter la pression contre la Russie et en réécrivant grossièrement l'histoire du pays, selon le modèle globaliste. En déposant un projet de loi sur les peuples autochtones en Ukraine, il évacue non seulement les Russes, mais tous les peuples européens qui ont formé l'Ukraine, pour ne retenir in fine quasiment que la Crimée. Ce qui se passe dans ce pays est une parfaite illustration du processus d'autodestruction des pays sous l'effet d'un faux patriotisme, qui n'est qu'une haine non seulement de l'Autre, mais surtout de Soi.

Continuant le travail de constitution d'une identité ukrainienne, coupée de son passé et de son histoire, lancé après la chute de l'Union soviétique et accéléré avec la première révolution de 2004, puis avec le Maîdan de 2014, dans une pure logique atlantiste, Zelensky perpétue la guerre menée contre l'Ukraine.

Cette reconstitution artificielle passe par le rejet de la Russie, de la langue, de la culture, de la civilisation est, en ce sens, un rejet de soi-même, par l'affaiblissement. En quoi la culture ukrainienne sera plus forte depuis que la langue russe est interdite dans l'espace public ? Y a-t-il eu, tout à coup, une grande vague d'écrivains, de peintres, de compositeurs, de cinéastes, jusque-là écrasés par la civilisation russe, qui maintenant émergent et brillent dans le monde libre ? 

Or, l'Ukraine s'est construite avec la Russie, avec une histoire commune, autant qu'une culture ; son territoire actuel s'est constitué par divers transferts européens et russes, depuis des siècles et jusqu'à l'époque soviétique. Rejeter la culture russe, c'est se rejeter soi-même. Pour s'individualiser, l'Ukraine se focalise sur ses détails, développe une forme de narcissisme des petites différences, qui oblige à une agressivité d'Etat pour ne pas succomber au vide, pour ne pas voir l'absurde. Pour ne pas voir le processus d'autodestruction qui est en place. Comme l'exprime parfaitement Jung dans l'Ame :

"la propension à renier toutes les valeurs antérieures au profit de leurs contraires est aussi exagérée que l'exclusivisme précédent. Dans la mesure où il s'agirait de valeurs incontestables et universellement reconnues, la perte éprouvée en les rejetant est aussi déplorable que fatale. Quiconque agit ainsi et jette par-dessus bord ses valeurs, s'y jette lui-même en même temps."

En déposant ce 18 mai un projet de loi sur les peuples autochtones d'Ukraine, qui ne prend pas en compte les peuples européens qui ont historiquement constitué l'Ukraine, Zelensky "jette par-dessus bord" des siècles d'histoire, pour satisfaire les intérêts anti-russes atlantistes. Déjà, en 2004, lors du précédent projet de loi sur le sujet, la Commission de Venise avait souligné la diversité ethnique du pays (point 7) :

"Outre les Ukrainiens, la nation éponyme, les principaux groupes ci-après vivent dans le pays : Russes (deuxième grand groupe ethnique), Juifs, Biélorusses, Moldaves, Tatars de Crimée, Bulgares, Polonais, Hongrois et Roumains (les autres groupes représentant moins de 1 % de la population). Les autres groupes vivant dans le pays sont les suivants : Grecs, Tatars de la Volga (ou de Kazan), Arméniens et Allemands, Roms, Gagaouzes, Géorgiens, Tchouvaches, Ouzbeks, Mordves, Slovaques, Tchèques, Bachkirs, Lettons, Lituaniens et Estoniens. D’après le discours à la Nation prononcé le 26 août 1991, plus de 110 nationalités vivent sur le territoire ukrainien" 

En jouant sur l'absence de définition claire de la notion de peuple autochtone, l'Ukraine fusionne quand ça l'arrange ce concept avec celui de minorité, qui est beaucoup moins protégé en droit international. Ainsi, la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones de 2007 qui, notamment, interdit l'assimilation forcée ) l'art. 8, formellement ne s'applique que pour les peuples autochtones et non pas pour les ethnies minoritaires, qui donc peuvent a contrario être assimilées, sans bénéficier d'aucune protection de langue ou de culture. Car avec la définition qui est donnée à l'art. 1 du projet de loi, tous les peuples européens, auparavant reconnus, sont exclus de la catégorie des peuples autochtones :

"un peuple autochtone d'Ukraine (...) est une minorité ethnique de la population, qui n'a pas de formation étatique en dehors de l'Ukraine."

Ce critère, de l'absence d'un Etat de rattachement ethnique, est absent des définitions retenues par l'ONU, qui principalement sont celles de la Convention N°169 de l'OIT et du rapport Cobo de 1986  sur la lutte contre les mesures discriminatoires et la protection des minorités, définitions qui prennent en compte la présence historique sur le territoire, l'existence d'une langue et d'une culture propre sur ce territoire au cours des âges. 

Ainsi, Zelensky réduit la catégorie des peuples autochtones principalement aux Tatares de Crimée et aux peuples de Crimée. Par ce jeu, il nie la réalité politique et juridique de l'Ukraine d'après 2014. Ainsi, l'art. 4 du projet de loi prévoit une représentation de ces peuples autochtones au sein du Parlement ukrainien, mais aussi dans les instances représentatives de Crimée ... Même remarque pour le droit au développement durable reconnu à l'art. 7, qui concerne notamment la Crimée. Comme si la législation ukrainienne avait une quelconque force juridique en dehors de ses frontières. Comment prendre au sérieux un Etat qui veut aveuglément vivre, d'une manière tellement primaire, dans une réalité parallèle ?  

Il reste toujours le recours aux instances européennes pour les Européens vivant en Ukraine, mais nous avons vu l'absence d'efficacité de ces structures lors de la réforme de l'enseignement et des langues, qui violait pourtant ouvertement les standards européens. Manque certainement aussi de volonté, au-delà des grands discours qui n'engagent à rien. Il n'y a aucune chance pour que cela soit différent sur cette question.

C'est une guerre qui se mène. Une guerre que les dirigeants ukrainiens mènent contre leur propre population en affirmant lutter contre "l'agression russe". Comment appeler des dirigeants qui combattent leur propre peuple pour servir des intérêts étrangers ? Cela a bien un nom, la trahison, et aucune réécriture de l'histoire ne le changera.


8 commentaires:

  1. Le peuple ukrainien n'est il pas terriblement coupable d'avoir mis un comique à la tête du pays, alors que ce pays allait déjà si mal?

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  2. Voilà une très belle analyse de Mme Karine Béchet-Golovko. Tout y est in extenso. Qu’elle en soit chaleureusement remerciée. J’ajouterais deux ou trois bricoles qui ne changeront rien à son texte magnifique.
    L'Ukraine comme la Pologne sont des pays "sangsues" qui me rappellent l'Algérie vis-à-vis de la France : des contrées sans sociologie propre, qui une fois qu'on a construit et financé à grands frais le pays et qu'on le leur a livré clé en main (ça s'appelle une "indépendance" réclamée par des minorités représentatives de rien et pilotées depuis l'Etranger...essentiellement la CIA bien évidemment) se retrouvent à piloter un ectoplasme de nation hétérogène avec des bras cassés aux commandes dont le premier réflexe est d'enrichir des grosses banques suisses avant de faire semblant de se préoccuper des citoyens dont ils ont la charge.
    Il suffit de regarder l'Algérie d'aujourd'hui pour comprendre l'Ukraine actuelle.
    Seuls les personnages changent : les pseudo-militaires algériens bedonnant et séniles bardés de médailles de guerre longues comme mon bras alors qu'ils n'ont jamais été au feu (Algérie) et des escrocs tout aussi patentés (Ukraine) dont entre autres la fameuse Ioulia Timochenko qui a commencé sa carrière comme gérante de vidéo-club avant de devenir moins de cinq ans après -comme ses congénères au pouvoir tous aussi corrompus qu’elle- milliardaire en dollars sur le dos des pauvres ukrainiens de la rue en faisant des trafics (d’hydrocarbures russes en l’occurrence pour Timochenko).
    J’appelle ces pays des « métastases cancéreuses » de zones qu’on qualifie faussement de « pays » et qui sont des zones physiques d’influences mélangées, aux contours historiques disparates, et qui ne profitent qu’à une diaspora microscopique apatride et vénale.
    En fait, presque tous les pays de l’ex-URSS sont constitués de ces pseudo-pays qui ont vécu comme l’Algérie avec la France des subsides de la nation mère (Moldavie etc... donc toujours prompts à vomir sur l’ex-URSS à qui ils doivent tout).
    Le hic de cette situation de fait, c’est qu’en plus d’appauvrir respectivement la France et la Russie, ces pays sont devenus incapables de se développer par eux-mêmes, après tant d’années d’assistanat et de subventions gratuites.
    Depuis leur indépendance, ils continuent à pomper l’argent de leurs parents nourriciers tout en prétendant après chaque exercice nécessairement non bénéficiaire que c’est de la faute de la nation mère qui les a nourrit.
    L’exemple le plus flagrant est la Pologne qui a trouvé dans l’Union Européenne un second fournisseur de subventions gratuites (la Pologne est habituée à ce genre d’exercices, cette nation de fourbes a joué sur tous les tableaux de l’Europe à l’époque du IIIème Reich pour ensuite profiter des subsides de la Russie, tout en lui crachant dessus depuis 40 ans et jusqu’à aujourd’hui...tout comme elle crache sur l’UE dont elle profite des grasses subventions pour acheter des avions de chasse non pas français ou à la rigueur européens mais américains, en nous refilant leurs excédents de main d’oeuvre sous-qualifiée qu’il faut financer au noir).

    Un article a été écrit en 2019 par Dmitri Orlov (un essayiste américano-russe remarquable, pas toujours mais la plupart du temps) qui développe cette analyse dans le détail...mais je préviens tout de suite, cette analyse ou plutôt cette dissertation sous forme d’interview est très longue à lire mais elle vaut son pesant de cacahuètes et se trouve sur le site de De Defensa ici même : https://www.dedefensa.org/article/lesaker-usinterviewe-orlov

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  3. Merci ! Excellemment dit !
    La France prend hélas le même chemin...

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  4. Ce que Zélensky fait contre son pays, nos gouvernants français le font aussi : ils tentent de réécrire l'histoire de France selon le modèle globaliste, en coupant le peuple de son passé, en encourageant le dégradation de la langue et de la culture, et en promouvant le modèle artificiel d'une population composée d'une multitudes de communautés sans aucun lien entre elles, importées récemment, et censées vivre avec nous. Zélensky cherche à satisfaire les intérêts atlantistes, nos gouvernants également, en diluant le peuple français.
    Contrairement à l'Ukraine, dont la diversité ethnique s'inscrit dans l'histoire, la France s'est construire autour d'un peuple européen qui seul peut revendiquer une présence historique dans son espace, une langue et une culture propres. Nous, véritables peuples autochtones d'Europe, avons un combat à mener pour obtenir un statut qui nous permettrait de décider de notre avenir. Voyez https://blanche-hermine.com

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    1. l'Ukraine a toujours été majoritairement peuplée d'Européens ; votre propos me semble douteux. Les Tatars ne sont qu'une populations marginale et leur passé nomade (pas si lointain) devrait leur interdire de bénéficier d'un statut "autochtone"... Et je ne m'attarderai pas sur leurs pillages incessants, leurs raids dans les domaines agricoles slaves, l'enlèvement de paysans et leur réduction en esclavage, leur saccage des villes environnantes jusqu'au règne de la Grande Catherine. Ces messieurs ne sont non seulement pas du tout des "indigènes" mais leur modus vivendi a longtemps été nuisible pour les ancêtres des Ukrainiens et des Russes. Les Czars ne le savaient que trop bien. Les Tatars, à la loyauté fluctuante, n'hésitaient pas à offrir leurs services aux troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale et s'adonnent encore à des trafics sordides pour certains d'entre eux. Sinon, même le Tatarstan intégré à la Fédération de Russie avait tenté de déclarer unilatéralement son indépendance avant de se rétracter dans le silence absolu. Ces thématiques indigénistes sont pour le moins tordantes, de toute façon, quand on connaît la lutte existentielle péniblement menée par les principautés russes dès l'ère médiévale : face aux Scandinaves depuis le Nord, les Teutons et les Polonais à l'Ouest (l'appétit territorial de ces derniers était insatiable à une certaine époque), sans oublier les hordes turco-mongoles des steppes qui harcelaient, ravageaient et pillaient les principautés de la Rus' depuis le Sud (steppes pontiques) comme depuis l'Est (zones adjacentes de l'Oural, Asie centrale et plateaux sibériens). Quand on vous demande pourquoi les Russes disposent d'un territoire si immense, il faut toujours rappeler ce combat désespéré pour leur survie face à des ennemis sans pitié les encerclant de toutes parts. D'ailleurs, est-ce finalement bien différent de nos jours ?

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  5. Certains orateurs pensent que la réalité importe peu et que l’essentiel est que les gens croient à ce qu’ils pensent être la réalité. Mais, il arrive un moment où la Vérité remonte finalement à la lumière - à la vue de tous… Alors, en ce moment, à quel citoyen d'Ukraine l'instrumentalisation des peuples convient-elle ? Combien de temps peut-on vivre culturellement au milieu de nulle part ? Tout de même, sur ce sujet, il y a une limite à la résistance humaine, non ? Que dit le psy ?

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  6. Il faut d'ailleurs noter que les Tatars étaient auparavant des populations nomadisantes et que des colonies grecques, des communautés gothiques et même d'autres peuplades itinérantes les précédaient sur la presqu'île de Crimée (autrefois nommée la Tauride)... Les identifier comme des autochtones tout en niant ce droit essentiel aux Slaves relève de l'escroquerie politique voire d'un parfait dédain envers tous les héritiers de la Rus' que sont aussi bien les Ukrainiens que les Russes et les Biélorusses ! Quand cessera donc cette odieuse mascarade ? Cette atteinte à l'intégrité culturelle des Ukrainiens comme des Russes est plus que manifeste et crève même les yeux. Il est impératif de mettre un terme à cette séquence d'autodestruction collective dans les meilleurs délais.

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  7. Brillant exposé.

    ________________
    Bellefontaine

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