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mardi 28 février 2023

USA / Russie : Quand Borrell se vante d'avoir entraîné les Européens dans la guerre en Ukraine


Joseph Borrell présente une constance certaine dans ses déclarations : pour le responsable de la diplomatie européenne, il ne parle que de guerre. Il la soutient de toutes ses forces, de tout son être. Elle est manifestement devenue sa raison d'être. Il détaille ainsi au Financial Times, comment il a entraîné les pays européens dans l'armement de l'Ukraine en détournant les textes normatifs et en utilisant pour cela le Fonds de la paix, qui finance la guerre, dans la plus pure tradition orwellienne. Une belle réussite, que l'on voit confirmée par le vice-amiral H. Bléjean, devant l'Assemblée nationale française. Avec détail des coûts et des engagements à venir.

Dans son interview donné au Financial Times, Borrell détaille avec orgueil la manière dont il aurait abusé de la confiance des Européens, pour les faire acheter des armes pour l'Ukraine, et des armes létales, dès le début de l'Opération militaire russe.

Borrel n'était, en effet, pas satisfait de ce que le Fonds de la paix ne serve qu'à financer le Mozambique ou le Mali, il voulait que les Européens financent également le conflit en Ukraine, comme le demandait l'OTAN, comme l'exigeaient les Etats-Unis. Il est alors très fier de l'argument avancé pour faire craquer le consensus contre l'achat d'armes létales et conduire les pays membres à envoyer des fonds en ce sens au Fonds de la paix :

"Expliquez-moi cela ? Parce que nous ne fournissons pas d'armes létales ? Eh bien, nous ne fournissons pas d'armes létales, parce qu'il n'y a pas de guerre. Mais si c'est une guerre, ils ont besoin d'armes mortelles, n'est-ce pas ?"

Il ne fallut pas trop forcer pour convaincre les élites européennes, particulièrement atlantistes. Restait cependant un détail technique, juridique, à liquider, pour que tout ce petit monde ait la conscience tranquille : ce Fonds pour la paix ne peut être utilisé pour acheter des armes au titre du budget commun, selon l'art. 41.2 du traité de Lisbonne. Ce Fonds avait été créé en 2021 pour éviter le développement des conflits armés et n'avait jamais été utilisé pour acheter des armes, avant la décision de soutenir militairement le conflit en Ukraine.

Qu'à cela ne tienne, Borrell a simplement déclaré que ce Fonds ne faisait pas partie du budget officiel de l'UE, donc l'art. 41.2 ne pouvait être une barrière. Il n'est rien de plus simple, que de convaincre les convaincus. Chacun a applaudi et est rentré chez soi préparer ses achats d'armes, la conscience rangée à plus tard.

Ceci est largement confirmé par le rapport de l'audition à huit-clos du vice-amiral Hervé Bléjean, directeur général de l'état-major de l'Union européenne, devant l'Assemblée nationale le 16 novembre 2022. En voici quelques passages intéressants.

"Dès le 26 février 2022, dans le but de faciliter l’échange d’informations entre les États membres et les forces armées ukrainiennes, et de s’assurer ainsi que l’effort en livraison de matériel consenti par les États membres était bien adapté à ce que demandent les Ukrainiens, j’ai établi au sein de l’état-major de l’Union européenne une plateforme d’échange d’information (en anglais : CHC, pour « Clearing House Cell »), dédiée au recensement des besoins et priorités exprimés par les Ukrainiens, d’une part, et de l’offre en matériel des États membres et de leurs partenaires, d’autre part."

Le 26 février, notez bien la date. Donc, deux jours après le début des opérations. Inutile de dire, que Borrell n'a pas dû trop forcer pour convaincre les pays membres, qui étaient déjà sommés de participer à l'aide militaire. Les déclarations fanfaronnes de Borrell servent surtout à donner un voile "européen" à une décision, manifestement prise ailleurs, mais qui doit être légitimée localement.

Et le mécanisme a été immédiatement mis en place :

"Avec l’appui de la CHC, j’exerce également la responsabilité de décider de l’éligibilité des aides fournies par les États membres à un remboursement par le comité de la Facilité européenne pour la paix. Ce remboursement est conditionné, d’une part à la confirmation de la réception de ces aides dans les centres de distribution ou à leur destination ; d’autre part à leur adéquation aux priorités fixées par les autorités ukrainiennes.

 

En huit mois, la CHC a reçu un peu plus de 4,7 milliards d’euros de demandes de remboursement de la part de 22 États membres, dont la France. Jusqu’à présent, j’ai approuvé comme éligibles au remboursement 4,066 milliards d’euros d’équipements militaires létaux (représentant 90 % du matériel fourni) ou non létaux.

 

      Le Conseil de l’Union européenne a jusqu’à présent débloqué 6 paquets de 500 millions d’euros (les 28 février, 23 mars, 13 avril, 23 mai, 21 juillet et 17 octobre) pour la livraison de l’Ukraine en équipement militaire, pour un total de 3,1 milliards d’euros, incluant 2,82 milliards d’euros d’équipements létaux, 180 millions d’euros d’équipements non létaux et 100 millions d’euros liés au report sur les équipements non létaux des États ne voulant pas fournir d’équipements létaux. La France a participé à chacun de ces paquets de 500 millions d’euros à hauteur de 90 millions d’euros." 

Manifestement, tout est prévu pour financer ce conflit, quel qu'en soit le prix, et la France est l'un des pays, qui participe le plus :

"Dans la situation la plus défavorable, c’est-à-dire si la guerre devait continuer sur le même rythme qu’aujourd’hui toute l’année 2023, un paquet de 500 millions d’euros serait encore nécessaire toutes les six semaines en 2023, pour un total de 900 millions d’euros pour la France.

 

Les chiffres de la participation française sont pour l’instant retenus par le ministère des armées, mais la France fait partie des dix pays les plus dépensiers en fourniture d’équipement militaire à l’Ukraine, et parmi les cinq à six pays les plus engagés financièrement du continent européen, Royaume-Uni compris."

L'emballement guerrier pose des problèmes financiers, les Etats vont devoir revoir à la hausse les dépenses, car le budget européen n'a pas été prévu pour une véritable guerre :

"En seize mois, 52 % du budget 2021-2027 de la Facilité européenne pour la paix a été dépensé. Si on y ajoute les dépenses que j’ai déclarées comme éligibles au remboursement, les trois quarts de ce budget ont été engagés. Enfin, avec l’ensemble des dépenses prévues pour 2023, ce budget aura été consommé à 82 %, alors qu’il restera quatre années à couvrir. La Facilité est donc déjà presque à court de budget. Elle n’a pas été conçue pour rembourser aux États membres des dons d’armement pour soutenir une guerre de haute intensité.

 

Des crispations politiques apparaissent déjà entre les contributeurs et les dépensiers, du fait de l’écart entre l’éligibilité au remboursement de certains États et la quote-part de leur participation au budget de la FEP, ou en raison du rythme actuel de consommation des crédits, bien supérieur aux perspectives initiales. La Pologne, qui a donné pour plus de 1,5 milliard d’euros de matériel (principalement des chars de fabrication soviétique) paye ainsi une part très faible, de sorte que ce sont les États payant une part plus importante (la France et l’Allemagne notamment) qui financeront ce don."

C'est bien pour remédier à ce risque, qu'un nouveau mécanisme militaire a été mis en place au sein de l'UE, à savoir la mission EUMAM UA, pour directement former les forces militaires ukrainiennes - puisque le conflit est prévu pour durer et que les armes envoyées deviennent de plus en plus sophistiquées :

 "Fin août, à Prague, lors d’un conseil informel des ministres de la défense, les 27 États membres ont convenu de mettre en place une mission de politique de sécurité et de défense commune (PSDC) pour assister et former les armées ukrainiennes. La décision d’établir une mission d’entraînement nommée European Union Military Assistance Mission (EUMAM) Ukraine a été adoptée un mois et demi plus tard, le lundi 17 octobre, au cours du conseil des affaires étrangères. (...) L’objectif de court terme pour les Ukrainiens est de mettre sur pied trois nouveaux corps d’armée d’ici mars 2023, pour un volume estimé de 75 000 hommes, afin de pouvoir prendre l’initiative des opérations au printemps prochain.

Et cela a un coût :

"Le coût de fonctionnement du projet EUMAM Ukraine est estimé à 106,7 millions d’euros. Par rapport aux coûts communs habituels, son périmètre a été élargi, par exemple au transport des soldats entraînés. Une mesure d’assistance particulière, dotée dans un premier temps de 16 millions d’euros, viendra en appui de EUMAM pour l’achat du matériel létal nécessaire comme les munitions d’entraînement. Une mesure de 45 millions d’euros couvrira les besoins de fourniture de matériel non létal, indépendamment des mesures d’assistance gérées par la Clearing House Cell."

L'UE est bien partie prenante au conflit en Ukraine, ce qui veut dire que les pays membres sont eux aussi partie au conflit. Par pleutrerie de leurs élites, sans le consentement des peuples, qui sortent de plus en plus dans les rues pour le faire savoir. Borrell déclarait à Munich, fier de son oeuvre :

"Les États membres ont décidé d'utiliser ce fonds pour armer l'Ukraine (3,6 milliards d'euros). Et les États membres chacun de leur côté, certains beaucoup, d'autres moins, ont également fourni un soutien militaire, pour atteindre au total 12 milliards d'euros. Et ceci est une réalisation majeure. C'est la première fois que nous faisons cela. Nous avons brisé un tabou. Et il est très important de continuer à le faire.

Nous sommes l'entraîneur le plus important de l'armée ukrainienne. D'ici la fin de l'année, 30 000 soldats ukrainiens seront entraînés par notre mission d'assistance militaire de l'UE. Je n'entrerai pas dans plus de détails, mais c'est ce que nous avons fait." 

L'UE annonce encore 45 millions de ce Fonds de la guerre à la Pologne, pour entraîner de nouveaux Ukrainiens et en faire des soldats - tant qu'il reste des habitants en Ukraine, pourquoi s'en priver.

Pendant ce temps, de hauts responsables américains se rendront en Europe de l'Est cette semaine, afin notamment de reprendre en main ceux qui n'ont pas "bien" voté la résolution anti-russe à l'ONU, puisque beaucoup, comme le Kazakhstan ou l'Arménie, se sont abstenus ... La Secrétaire au Trésor est à Kiev, quand Blinken, le Secrétaire d'Etat, il doit arriver au Kazakhstan, pour réorienter la ligne politique du pays.

Nous risquons de nous diriger tout doucement vers un conflit de grande ampleur, notamment en raison de l'inexistence politique du Continent européen, qui ne joue pas son rôle de tampon face au fanatisme atlantiste.

 

14 commentaires:

  1. Et Satan conduit le Bal !

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  2. Pas assez de prise de conscience au sein des populations de l'Europe du danger et de la folie de cette politique d'embrasement . Pas encore assez d'oppositions populaires . Espérons ne pas attendre la conscription pour que les mougeons réagissent .

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  3. [Notamment en raison de l'inexistence politique du Continent européen]

    Ils ne sont pas juste inexistants et inféodés aux US, ils sont aussi délibérément complices de la guerre en cours.

    Nombreux en Europe veulent leur revanche contre la Russie, qu'il s'agisse des dirigeants ou des peuples.
    C'est une grande question, mais les peuples sont ils vraiment innocents des décisions prises en lieu nom par leurs représentants légitimes ou illégitimes ?

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  4. Les cons ça ose tout et c'est justement à ça qu'on les reconnaît.

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  5. Si les peuples européens se laissent entraîner dans l'a guerre, c'est aussi parce-qu'on leur explique qu'ils peuvent la gagner.
    Et que font les Russes, leur démontrent ils le contraire de façon indiscutable ?
    Absolument pas, cette campagne militaire russe improbable, ne peut que les renforcer dans leur conviction.

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  6. Scandaleux, et bien entendu les peuples d'Europe ne sont absolument pas consultés. L'UE fait ce qu'elle veut et la question ne se pose pas sur l'enrichissement de certains de ses membres. La guerre rapporte toujours beaucoup d'argent à ceux qui ne se battent jamais.

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  7. Borrell ne serait donc qu'un domestique vantard. Les initiatives qu'il considère comme siennes pourraient tout aussi bien être une "to do list" (tâches à réaliser) transmises à Bruxelles depuis Washington.

    Puisque le piège du Donbass était leur solution recherchée alors pourquoi cette guerre très provoquée n'est-elle pas à son tour la solution recherchée par la Russie aujourd'hui ? Dans les faits, "America is Back" ressemble plutôt à un bide total. Les sanctions économiques contre la Russie échouent aux tests de la réalité. Sur le terrain, l'armée russe a commencé à démilitariser les stocks d'armement de l'OTAN. Des négociations discrètes avec Moscou n'apparaissent-elles pas dans certains agendas des pays européens ?

    Dès lors, dans ce contexte provoqué par Washington, pourquoi la Russie se précipiterait-elle à résoudre les erreurs de calcul de l'axe atlantiste ? De toute évidence, c'est bien la Russie qui se libère chaque jour de l'impérialisme occidental et c'est bien le discours de Poutine à Munich en février 2007 qui résonne encore avec clarté ces jours-ci...

    Un changement de régime à Washington serait bien plus nécessaire qu'un changement de régime à Moscou.

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    1. Sur le plan militaire, la situation actuelle de l'Ukraine est la suivante : 300,000 morts, des blessés graves à profusion avec des hôpitaux totalement saturés, plus d'armes ni de munitions, et 80 % des aides sont détournées ou revendues au marché noir et sur le Dark Web. Ces chiffres à eux-seuls confirment que Borrell est bien un domestique vantard et un imposteur comme tous les tartuffes corrompus de la Commission Européenne.

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    2. Je suis un peu inquiet de cet objectif de formation de 3 corps d'armée pour un effectif de 75 000 h d'ici le printemps (mission EUMAM)...
      Je n'ai vu passer aucune info là-dessus.
      En effet l'offensive de septembre dernier dans la région de Kharkov a montré que les Ukrainiens pouvaient préparer une nouvelle armée dans la discrétion la plus totale. Des infos là-dessus ?

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  8. On nous bassine au quotidien d’images ukrainiennes , de familles déboussolées, etc . Dans le seul but que les peuples d’Europe les plaignent via des manipulations adroites des media pour que nous puissions montrer notre totale adhésion aux décisions des états Embourbées dans une guerre sans fin et qui va nous détruire financièrement. Au profit de qui? Facile à comprendre

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  9. Chère Karine, comme vous le savez l'UE n'est pas un état fédéral mais un Traité entre des nations.

    La Commission est un agent exécutif du gouvernement mondial du monde unipolaire qui veut imposer ses directives au monde entier.

    Elle exécute les directives de l'OMS pour la santé, le BIT pour le travail, l'UNESCO pour l'Education, l'OCDE pour les retraites, l'OTAN pour les armées. Les Commissaires ne sont que des directeurs exécutifs.

    Pour les " Affaires Étrangères " l'Organisation Bancaire du Mal dépend directement â mon avis du CFR américain, ( vous connaissez la pensée à laquelle je souscris.)
    S.

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  10. Petite suite : l'autre pilier de l'Organisation Américaine est la BCE que Borrel n'a pas évoqué msis qui fournit la monnaie aux Etats européens. Le schéma est identique à Bruxelles et à Washington : aux EUA le CFR décide de la guerre et la FED ( propriété des banquiers) fournit la monnaie. Et la Maison Blanche exécute ( comme la Commision de Bruxelles )
    Est ce que mon explication vous convient ?
    S.

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