Le jusqu'au-boutisme de la position guerrière de l'Occident globalisé contre la Russie continue à provoquer des effets inatendus, pour lui : tout extrême est contre-productif. Mais il n'est pas en position d'en tirer la leçon. Aujourd'hui 17 mai, les vols entre la Géorgie et la Russie doivent être rétablis, décision suivie par une levée des visas par la Russie pour les Géorgiens. Dans un monde global, où chacun est censé être maître de la Terre et pouvoir selon son bon vouloir se déplacer sans entraves étatiques, ceci devrait être considéré comme une belle avancée. Pourtant, les Etats-Unis menacent de sanctions et l'UE remet en question "l'avenir européen" de la Géorgie. La démocratie et le respect de la souveraineté des Etats sont bien un anachronisme dans le monde globalisé.
La Géorgie, serait-elle devenue la "mauvaise élève" de la dissolution globaliste de l'espace post-soviétique ? C'est bien la question qui se pose, avec une toute nouvelle insistance, dans les élites occidentales. Rappelons que si la Présidente est pro-globaliste, la majorité parlementaire est elle pro-géorgienne. Cet anachronisme dans un monde global, et surtout dans l'espace post-soviétique, ferait presque regretter aux marionnettistes les réformes parlementaires, réduisant les pouvoirs présidentiels, imposées à ce pays pour l'affaiblir politiquement.
Nous avions parlé du dernier sursaut souverainiste des parlementaires géorgiens, voulant contrôler le financement des ONG dans le pays, ce qui avait provoqué une crise internationale et des manifestations parfaitement réglées dans le pays (voir notre texte ici). Cela à peine quelques jours avant que l'UE annonce la même mesure - pour des raisons démocratiques, elle, bien sûr (voir notre texte ici).
Mais le Gouvernement n'a pas baissé la garde et remet le couvert souverainiste avec la décision prise le 9 mai du rétablissement des vols directs entre la Géorgie et la Russie, aujourd'hui 17 mai et la Russie de son côté les rétablit au 20 mai, pour les compagnies Azimut (russe) et Georgian Airways. Evidemment, des manifestations ont été organisées, la mécanique est bien rôdée. Ce n'est pas pour rien que toutes ces ONG étrangères travaillent en Géorgie ...
La première fois, en 2006, les vols entre les deux pays ont été interrompus suite à l'arrestation d'officiers russes accusés d'espionnage. Alors qu'ils devaient être rétablis en 2008, avec l'agression militaire conduite par Tbilissi de l'Ossétie du Sud et l'intervention russe, dans le cadre des forces de maintien de la paix (voir notre texte ici), il a fallu attendre 2010 pour que les lignes aériennes entre les deux pays soient restaurées. En juin 2019, suite à des mouvements anti-russes à Tbilissi, la Russie suspend ses vols et avec le Covid, elle se met en pause globale.
Parallèlement, le 10 mai, le Président Poutine a signé un oukase permettant à partir du 15 mai aux Géorgiens d'entrer en Russie sans visa et d'y résider pendant moins de 90 jours, quand il ne s'agit pas d'une activité professionnelle. Rappelons, que le régime des visas a été instauré en 2000 sur intiative russe, la Géorgie l'a elle supprimée en 2012 pour les Russes. En revanche, depuis 2008, les contacts diplomatiques sont rompus.
Cette normalisation des relations entre voisins, en pleine guerre globale contre la Russie en particulier et contre la souveraineté des Etats en général, est perçue comme une "provocation" par les forces globalistes, tant à l'international qu'à l'intérieur de la Géorgie.
La présidente géorgienne s'insurge de cette "provocation".
La présidente géorgienne est de son côté une pro-occidentale critique du gouvernement, mais ses pouvoirs sont limités. «Encore une provocation russe! Reprendre les vols directs et lever l'interdiction de visa avec la Géorgie est inacceptable tant que la Russie continue son agression contre l'Ukraine et occupe notre territoire!», a-t-elle protesté mercredi sur Twitter.
Ainsi, que la personne dirigeant le pays soit "pro-occidentale" est normal, on ne lui demande même pas de défendre les intérêts de son pays. Dans cette logique globaliste, restaurer des liaisons aériennes peut désormais être qualifié de "provocation"... s'il s'agit de l'ennemi du monde global, la Russie.
Elle ne fait que s'aligner sur ses maîtres. Les Etats-Unis menacent les compagnies géorgiennes de sanctions, pour violer l'ordre global - seul acceptable. Je cite :
"un représentant du Département d'État américain leur a dit dans un communiqué que "ce n'est pas le moment de renforcer les relations avec la Russie".
De plus, la reprise des vols pourrait conduire à "l'éventuelle imposition de sanctions aux compagnies aériennes géorgiennes qui desservent des aéroports soumis à des contrôles à l'importation et à l'exportation", étant donné que de nombreux pays, dont les États-Unis, ont interdit aux avions russes d'entrer dans leur propre espace aérien."
De son côté, l'UE est très déçue et non moins inquiète de cette distanciation de la Géorgie. Selon le Figaro, la Géorgie "sabote sa candidature à l'UE pour plaire à Moscou". Le fait que la normalisation des relations avec la Russie soit dans l'intérêt national géorgien, comme ce le fut de tout temps et depuis des siècles, ne semble pas entrer dans cette vision d'une histoire réécrite, celle de l'éternelle "agression russe". Précisons :
"La vice-ministre géorgienne de l'Économie, Mariam Kvrivishvili, a affirmé que le rétablissement des vols directs aidera les citoyens géorgiens vivant en Russie à "renouer avec leur patrie", a rapporté Accent News.
"En ce qui concerne les vols directs, nous devons expliquer clairement et sans équivoque que nous n'avons pas limité le trafic avec la Russie du point de vue terrestre - des milliers de voitures circulent chaque mois à la frontière russo-géorgienne", a ajouté Kvrivishvili."
Peu importe, cet argument rationnel n'intéresse pas l'UE plus que les Etats-Unis. Et Borrell, toujours aussi "diplomate", de déclarer par la voix de son porte-parole :
"Cette dernière décision des autorités géorgiennes soulève des inquiétudes quant à la voie de la Géorgie vers l'UE et les engagements de la Géorgie à s'aligner sur les décisions de l'UE en matière de politique étrangère, comme prévu dans l'accord d'association UE-Géorgie", a déclaré Stano lors d'un point de presse à Bruxelles vendredi.
La Géorgie respectait auparavant environ 40% des décisions de politique étrangère et de sécurité de l'UE, ce qui n'était pas beaucoup, et la part s'élève à 31% cette année, a déclaré Stano. "C'est très regrettable", a-t-il déclaré.
Plus tôt cette semaine, "les préoccupations de l'Organisation de l'aviation civile internationale de l'ONU ont été transmises aux autorités géorgiennes concernant la sécurité globale du secteur de l'aviation russe et des avions russes", a déclaré Stano."
Juste une dernière question : et pourquoi la Géorgie devrait-elle respecter les décisions de l'UE ? Pourquoi l'intérêt de l'UE doit-il en tout recouper l'intérêt de la Géorgie ? Pourquoi devrait-elle faire prévaloir l'intérêt global sur l'intérêt national ?
Parce que tel est le monde global. Et il ne peut s'effondrer que si les structures étatiques se souviennent qu'elles existent non pas pour le défendre, mais pour s'occuper de l'intérêt de leur pays et de leur peuple.
Le réalisme revient toujours au galop.
RépondreSupprimerSalomé Zourabichvili, l'actuelle présidente de la Géorgie, est une ancienne diplomate française qui a eu Zbigniew Brzezinski comme professeur à l'université de Columbia, NY. Autant dire qu'elle ne peut pas blairer la Russie et les Russes et qu'elle suit aveuglément les directives des néocons américains.
RépondreSupprimerFort heureusement, son rôle est plutôt honorifique et son poste est en quelques sortes un poste de représentation. Celui qui a le pouvoir est le premier ministre Irakli Garibachvili récemment nommé qui est le chef de l'exécutif. Il est plutôt pour la normalisation des relations avec la Russie.
On assiste donc à une guerre larvée entre ces deux personnages. Il reste à espérer que le peuple géorgien est conscient de cet état de fait et qu'il rejettera par les urnes Zourabichvili, une otanienne pur-jus qui a été parachutée via l'Occident dans ce pays qu'elle n'a jamais véritablement connu, même si elle en maîtrise la langue.
Les espions et les terroristes géorgiens au service des US, voleront plus directement vers Moscou.
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