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vendredi 3 octobre 2025

Retour sur le discours de Poutine à Valdaï : la force tranquille ... un peu trop tranquille ?


Hier, le Président russe s'est prononcé dans une allocution fleuve de près de 4 heures au Club Valdaï. Rien de nouveau n'a été prononcé, même si le porte-parole du Kremlin annonçait des sensations à venir. Le but était manifestement de démontrer la force tranquille et sûre d'elle de la Russie, sans oublier une complaisance particulière et appuyée pour Trump et les Etats-Unis.

Sur fond de goujateries de Trump et d'hystérie de Macron, le parti a clairement été pris pour Poutine de trancher sur cette escalade de la propagande de guerre, pour mettre en avant une force tranquille et responsable.

Ainsi, des déclarations plus fortes - mais pleine de retenue, ont été enchaînées à des déclarations plus conciliantes lors de la réunion du Club Valdaï. Le discours est disponible en anglais sur le site du Kremlin.

Poutine continue à faire durer le mythe de la division des élites globalistes. D'un côté, les méchants européens "qui veulent la guerre", qui se remilitarisent ; et d'un autre côté, les le gentil Trump, avec qui la guerre n'aurait certainement pas eu lieu s'il avait été Président à la place de Biden. Amen! D'ailleurs, Trump est charmant, c'est très confortable de discuter avec lui et il a un plan pour la dissolution, pardon, la "paix" à Gaza que la Russie peut soutenir.

Dans la foulée, la Russie ne cherche pas la dédollarisation, mais simplement on l'empêche d'utiliser le dollar. Doit-on comprendre que si elle le pouvait, elle y reviendrait ? Une certaine conception de la dédollarisation.

Le rapport à l'OTAN est également particulier. D'une part, Poutine rappelle que les armes otaniennes envoyées sur le front ukrainien ne peuvent être maniées sans "instructeurs" de l'OTAN, qui par ailleurs prennent une part active dans la direction de l'armée "ukrainienne" ; d'autre part, il souligne encore une fois que la Russie a deux fois voulu entrer dans l'OTAN, la première fois sous Khrouchtchev, qui était un néotrotskyste, ensuite suite à la proposition de Poutine lui-même. Et comme chacun le sait, les Etats-Unis n'ont absolument rien à voir avec l'OTAN.

Evidemment, la porte est restée fermée. Il faut vraiment avoir une compréhension spéciale de la situation internationale pour penser que la Russie aurait pu être intégrée. 

Quant à l'entrée dans l'OTAN de la Finlande et de la Suède, ce changement majeur des rapports de forces sur le Continent européen, qui va à l'encontre direct des intérêts vitaux de la Russie, il est qualifié de simple "bêtise". Le Président russe maîtrise, certes, parfaitement la litote.

En ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis, d'un côté, "elles ne sont pas simplement dans une impasse, elles sont au plus bas". Mais la Russie est prête à continuer la discussion avec Trump (parce que lui, il est gentil). D'ailleurs, si "l'OTAN ne s'était pas rapprochée des frontières de la Russie, le conflit en Ukraine aurait pu être évité". Le seul problème est que si l'OTAN n'était allée aux frontières de la Russie, elle aurait perdu son sens. Mais à quoi bon en parler ?

En ce qui concerne le détournement de sens des organes internationaux, Poutine a rappelé que beaucoup de plateformes internationales se sont dégradées et ont perdu leur sens et que l'OSCE s'est transformée en centre de discussion des droits de l'homme dans l'espace post-soviétique. Seul l'ONU, s'il est critiquable, se trouve sans alternative. Dans la mesure, où il s'agit d'une organisation universelle, c'est un fait. Ce qui ne veut pas dire, qu'il ne soit pas possible d'en concevoir une autre, fonctionnant de manière plus équitable et pas forcément basée aux Etats-Unis ... Mais cela remettrait en cause l'organisation globale actuelle.

En ce qui concerne le conflit en Ukraine, la responsabilité repose sur les Européens et il serait bien que l'Ukraine trouve la force de négocier la "paix". Autrement dit, les satellites portent la responsabilité de la politique conduite par le Centre (américain) et le front (l'Ukraine) doit négocier. Cette position, assez étrange et de plus en plus éloignée de la réalité politique, permet surtout à la Russie de laisser une porte ouverte aux Etats-Unis, s'ils ont un jour la volonté de mettre fin au conflit. Puisque ce sont les seuls à réellement pouvoir en décider - étant le centre décisionnaire.

Pour l'instant, toutes les tentatives diplomatiques n'étaient qu'un moyen d'obtenir la capitulation de la Russie, ce qui a conduit le processus dans l'impasse, la Russie n'ayant pas cédé. Toutefois, ce discours souligne l'absence de volonté politique marquée des élites russes actuelles de concevoir même le Monde russe dans les frontières russes. Ce que confirme l'attachement aux accords de Minsk (qui prévoyaient, contre la volonté des populations locales, le maintien du Donbass en Ukraine) et au processus d'Istambul.

En ce qui concerne la militarisation de l'Europe, Poutine a clairement fait comprendre que la réponse aura lieu et ne se fera pas attendre. La Russie surveille de prés l'évolution de la situation en Europe. En revanche, silence total concernant la militarisation des Etats-Unis, tout en soulignant toutefois que si les Tomawak ne changeront rien sur le terrain, ils ne peuvent être maniés sans les Américains. Donc ? 

Le Président russe a également déclaré, qu'en plus d'Orechnik (le Noisetier), la Russie prépare de nouvelles armes et a rappelé que le nucléaire russe est en état de protéger le pays. La Russie ne cherche pas à attaquer, mais elle ne se laissera pas agresser sans réagir.

Voici les grandes lignes du discours de Poutine. Un discours en double teinte, qui conforte la ligne de la politique russe actuelle : défensive. En période de guerre, cela est certes censé permettre de ne pas mettre d'huile sur le feu. Toutefois un peu plus de fermeté et d'engagement politique seraient les bienvenus, afin que la fonction dissuasive des discours puisse fonctionner et ainsi limiter les ardeurs de l'ennemi.


5 commentaires:

  1. L'attitude du président Poutine avec Trump rappelle l'époque où il offrait des bouquets de fleurs à la chancelière Angela Merkel...

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  2. Le gentil Trump...
    N'oublions pas que les Juifs américains sont à la manœuvre en Israël.
    Et que d'un mot d'un seul Staline aurait fait cesser l'extermination des Gazaouis.
    A travers quelles lunettes le Kremlin voit-il les États-Unis ?

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  3. Comment fait l'armée russe pour ne pas vaincre. Expliquez moi.

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  4. Il est difficile de comprendre qu'après trois ans de conflit, la Russie n'occupe encore que 80% du Donbass. Même si la Russie progresse sur le front en Ukraine ( légèrement ) le temps risque de jouer à terme contre la Russie. Pourquoi ne pas terminer plus rapidement ce conflit . Il est peu probable que la Russie en soit incapable. Cette lenteur pourrait amener celle-ci à un conflit de bien plus grande intensité.

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  5. Pierre Hillard rappelle cet article paru dans « Time of Israël » du 5 avril 2014, dont le titre est : « Les juifs de Russie et d’Ukraine sont en guerre ». Dans cet article, précise-t-il, on pouvait lire que « Les élite Juives d’Ukraine, soutenues par l’Occident, sont en guerre contre les Juifs de Russie qui soutiennent Poutine. »

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