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lundi 7 décembre 2015

Elections régionales: la politique française a la gueule de bois

Claude Bébéar en 2009 au lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois (93). Débat 
animé par l'Institut Montaigne, think tank qu'il a créé pour "infléchir les politiques publiques". Photo : Nicolas Krief/Fedephoto.

Sans surprise aucune, les élections régionales ont donné lieu à une montée importante du FN. Tout le monde l'attendait et maintenant un vent de panique souffle sur la sphère politique. Hypocrisie ou incompétence crasse? Il va bien falloir se poser la question de l'état de nos partis politiques et de leur capacité à nous représenter. Car expliquer la montée du FN par les récents attentats de Paris est un peu simpliste. La fracture politique française est beaucoup plus grave et plus profonde. Cette élection est le signe définitif de la mort du système politique français tel que nous le connaissions depuis la Troisième République. La fin des partis de droite et de gauche. La gauche s'est suicidée, la droite est engloutie. Que reste-t-il alors de nous amours politiques?



La victoire du FN au premier tour des élections régionales ce dimanche 6 décembre n'entraîne pas forcément la victoire du FN aux régionales, mais signifie la fin du système des partis politiques hérités de la culture politique française à travers les Républiques. Et la faute n'en revient pas au FN, mais à ces partis qui ont renoncé à eux-mêmes, qui ont renoncé à la politique, à gouverner la France comme on gouverne un pays souverain et à représenter sa population. Se représenter soi-même ne donne aucune légitimité, les français l'ont affirmé par leur vote.

Le taux de participation et l'implication citoyenne



 Pour reprendre les données publiées par Le Monde:
Voici le détail de la participation, dans chacune des 13 régions :
  • Corse : 52,59 % ;
  • Nord-Pas-de-Calais-Picardie : 49,1 % ;
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur : 46 % ;
  • Aquitaine-Poitou-Limousin : 45,21 % ;
  • Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : 44,7 % ;
  • Normandie : 44,16 % ;
  • Centre-Val de Loire : 43,95 % ;
  • Auvergne-Rhône-Alpes : 43,24 % ;
  • Bourgogne-Franche-Comté : 42,89 % ;
  • Bretagne : 42,72 %
  • Pays de la Loire : 42,68 %
  • Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine : 41,39 % ;
  • Ile-de-France : 35,68 %.
Les résultats définitifs montrent que le taux de participation, pour la première fois depuis les régionales de 2004 est passé au-dessus de la barre des 50%, atteignant de justesse 50,5%. Il est très important pour la légitimité des élus que le taux de participation soit le plus important possible. Pour l'instant, ils sont à la limite de l'acceptable. En ce sens, il serait souhaitable de fixer un taux minimal obligatoire pour que le processus électoral soit considéré comme valide. Car que vaut la légitimité de représentants élus par moins de la moitié de la population? Mais nos élus en prendraient-ils le risque? Cela aurait au moins le mérite de montrer leur attachement plus au processus qu'au résultat.

Les résultats des partis en lice au premier tour

Les résultats des opérations électorales de ce dimanche montrent une nette avance du FN dans 6 des 13 régions et se présente comme premier parti de France avec un score national de 28,7% des voix. Ensuite, les Républicains avec 27,4% et les socialistes avec 23,5% des voix. Mais dans le cadre d'une élection régionale, cette approche n'est pas particulièrement significative. Il est plus intéressant de regarder les résultats région par région.

Voici une carte des résultats: bleu foncé pour le FN, bleu ciel pour la droite, rose pour la gauche.

La carte des résultats du premier tour des élections régionales selon les dernières estimations 

En région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen arrive largement en tête avec plus de 40% des suffrages exprimés, loin devant le candidats des partis de droite Xavier Bertrand (25%) et des partis de gauche Pierre de Saintignon (18,3%). Même phénomène dans la région PACA, où Marion Maréchal-Le Pen devance son principal concurrent Estrosi avec 41,5% des voix contre 25,3%. Les partis de gauche ne font que 15,8%. Dans d'autres régions aussi, le FN est donné en tête:
"Le score du Front national dépasse également les prévisions des sondages en Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne, où Florian Philippot, le vice-président du parti, est donné largement en tête avec 35% à 40% des voix. En Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel (32%) devance la droite et la gauche. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Louis Aliot (30,9%) devance la PS Carole Delga (25,5%) et le candidat LR-UDI-MoDem Dominique Reynié (18,6%). Le FN est également donné en tête dans le Centre avec 30,5% des voix, devant la droite (25,8%) et le PS (24,5%)."
L'explication facile : la montée du terrorisme

L'explication la plus facile est évidemment celle des récents actes de terrorisme. Pourtant, ils ont permis une remontée de F. Hollande dans les sondages, donc fonder la montée du FN sur un élément circonstantiel qui profite au leader d'un autre parti politique manque quelque peu de logique.

Certains analystes commencent à jeter le pavé dans la marre. Les résultats du FN sont tels grâce à l'incurie des partis tant de droite que de gauche. On pourra se référencer à l'excellent article publié dans Le Figaro à ce sujet.

Les fondements sont plutôt à chercher dans l'échec de la politique intérieure et sociale. Les chiffres réels sur chômage fleurtent avec 5,7 millions dont seulement trois reçoivent une aide de l'Etat. Plus de 2,4 millions de personnes touchent le RSA. Bref, nous sommes face à un large mouvement de paupérisation de la société française.
"Au total, les personnes victimes du sous-emploi dépassent les 9,4 millions et représentent 32,8% de la population en âge de travailler. Enfin le chômage et le stress qu'il provoque tue chaque année 14000 personnes. Au minimum, 3,5 millions de personnes souffrent du mal logement."
Comparez, par exemple la carte des résultats électoraux avec celle du chômage et voyez où se retrouve le vote FN.

map
 

Il y a de quoi se poser des questions. Il semblerait que les habitants ne fassent simplement plus confiance aux partis de droite et de gauche pour régler les problèmes qui les intéresse au plus haut point: comment trouver du travail? comment vivre en sécurité? Comment se faire soigner normalement ou toucher une retraite méritée?

La question de l'immigration n'y est pas non plus pour rien, surtout avec la vague qui submerge l'Europe depuis un an et qui est médiatisée comme une chance pour le pays. Lorsque les aides sociales sont revues à la baisse, les impôts à la hausse, les allocations triées avec de plus en plus de critères sélectifs et qu'il est de plus en plus difficile de trouver du travail, entendre que la masse de migrants, pour le plus grand nombre économiques et non réfugiés, va permettre de relancer l'économie du pays, c'est plus que surprenant. Y a-t-il donc un manque de main d'oeuvre en France? Apportent-ils des capitaux à investir dans notre pays? Soyons sérieux. La France a vocation à donner asile à toute personne persécutée pour des raisons politiques, mais à toute personne voulant "vivre mieux". Nous n'en avons ni la vocation, ni la possibilité. Sans parler de l'aspect culturel, les populations arrivantes ayant une autre religion et une autre culture. L'effet de masse ne peut pas ne pas avoir d'effet sur la culture française. 

Voir la carte de l'INSEE sur le décompte de la population, certes datant de 2008:


La fin du modèle historique des partis politiques

Ce que montrent enfin ces élections, c'est la fin de la classification classiquement française des partis politiques en partis de droite et partis de gauche. Tout d'abord en raison de la politique même menée par le Gouvernement. Entre le néolibéralisme de Macron dont la droite n'aurait jamais osé rêver et la politique sécuritaire de Valls, nous avons un Gouvernement de gauche faisant une politique de droite néolibérale mondialiste. 

Si en plus l'on tient compte des appels au barrage républicain, car il semblerait que la République soit prête à être emportée dans le flot électoral, que reste-t-il de ces partis si leur seul combat est pour garder le pouvoir? 

Plus grand chose. Tout d'abord, car depuis longtemps ils ne font plus de politique, mais de la prostitution électorale avec l'aide des Think tank qui prévoient les demandent de la population en terme de discours électoral gagnant. Ce qui n'implique pas de devoir ensuite réaliser ces effets d'annonce. Nous sommes totalement tombés dans la politique spectacle, sans fondements, sans convictions. Le but étant d'avoir "le job".

Le problème que pose le FN aux partis politiques de tout bord est donc beaucoup plus profond. Car en reprenant la rhétorique nationale, le drapeau, l'hymne, en refusant de reléguer la Nation dans les greniers de l'histoire, il a ouvert la brèche creusée par la mise en retrait volontaire de l'Etat-Nation avec le développement de la construction européenne. Les deux modèles de gouvernance ne pouvant coexister. Au profit de l'UE, la politique nationale doit être factice. Elle l'est devenue et la gestion de la crise actuelle en est d'autant plus difficile.

Le véritable paysage politique aujourd'hui est entre les tenant d'une vision nationale souveraine coopérant avec d'autres Etats souverains, contre les tenants de la fin de l'Etat comme structure gouvernante et représentative de la population au profit d'institutions supra-nationales et dépolitisées. La responsabilité nationale qui oblige, contre le transfert de compétences infantilisant. Mais il est impossible d'officialiser cette nouvelle dichotomie politique, qui a des tenants et des adversaires dans tous les partis aujourd'hui existants, car les tenants de la lutte contre l'Etat, aujourd'hui au pouvoir, ne peuvent l'être ouvertement avec le vote populaire.

Le non au référendum danois, le non au référendum sur la Constitution européenne montrent bien que la poluation ne donne pas son assentiment pour plus d'UE et moins d'Etat. Il faut donc gouverner sans la population, pour ne pas être amené à gouverner contre. Ce que montre très bien J. Sapir dans cet article (ici)

Et le résultat, nous l'avons vu hier soir.

5 commentaires:

  1. Comme indiqué dans l'article, les partis ont ''renoncé à représenter leur population''. Ils en préfèrent une autre, venue d'ailleurs. Compte tenu des problèmes, des revendications, des menaces et des crimes, c'est notre existence d'individus de type européen, blanc et chrétien qui est aujourd'hui en jeu. Un seul parti en parle et parle de nous. Voter autrement serait suicidaire.

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  2. Vous touchez au coeur du problème "Le véritable paysage politique aujourd'hui est entre les tenant d'une vision nationale souveraine coopérant avec d'autres Etats souverains, contre les tenants de la fin de l'Etat comme structure gouvernante et représentative de la population au profit d'institutions supra-nationales et dépolitisées."
    Merci

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  3. Super le titre !
    Par contre la montée du FN m'inquiète beaucoup. C'est vrai qu'il semble se préoccuper davantage de nos problèmes que les autres partis politiques. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ferait mieux une fois au pouvoir. J'ai entendu une phrase un jour : Les promesses électorales n'engagent que ceux qui les croient !
    Les extrêmes, à mon avis, ce n'est jamais bon justement parce qu'il n'y a pas de modération...
    Je ne sais toujours pas qui pourra redresser la barre !

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  4. Bon, voici la réalité:
    PS et Cie: 12%
    LR et Cie: 11%
    FN: 12%
    Souverainistes et Cie: 10% (en incluant le FG)
    Abstentions et Cie: 55%

    Donc:
    Comme d'habitude, le même pipeau de la montée du FN. A 12% des inscrits, le FN fait moins que lors des précédentes élections et il ne dépasse bien sur pas son plafond de verre situé aux alentours de 15%.

    Cette escroquerie bien rodée consistant à ne considérer que les suffrages exprimés a assez duré. Quand on sera à 80% d'abstentions, on continuera à considérer que l'important c'est les 20% de couillons lobotomisés qui ont été voter.

    Le FN semble prendre de l'importance parce que:

    Il est en permanence présent sur TOUS les grands médias alors que politiquement, après 40 ans d'existence, il ne gouverne ni une région, ni un département, ni même une grande ville. Curieux, non?

    Ces mêmes média qui orchestrent la soit disant montée du FN se gardent bien de rappeler ce que je disais plus haut, à savoir que ce parti dispose de 4 à 5 millions d'électeurs et que ce nombre ne progresse plus depuis 25 ans.

    Je trouve dommage de retrouver ces mensonges et manipulations patents jusque sur ce blog. Il en faudra du Mr Propre pour lessiver ce qu'il reste des cerveaux français, soit disant pères du cartésianisme.

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  5. Merci de cet éclairage sur ces chiffres réels

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