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lundi 24 septembre 2018

Elections régionales en Russie: la défaite des technologies politiques



Si dans la grande majorité des cas, le parti présidentiel Russie Unie reste largement soutenu, des grincements commencent à se faire entendre de plus en plus fort. Certes, cela remet en cause l'idée artificielle d'une unanimité autour des grandes lignes de la politique intérieure russe, mais cette diversité naissante est une excellente chose pour la stabilité du système politique russe et son renforcement naturel, système quittant doucement le chêne pour envisager le roseau.

Nous avions déjà parlé de la victoire volée à l'arrachée du candidat Russie Unie (RU) à Vladivostok (voir notre texte ici) contre son concurrent communiste et de la réaction ferme et immédiate de la Commission centrale électorale qui a annulé ces élections (voir notre texte ici), qui devront finalement reprendre dès le début. Cela avait jeté un froid sur l'annonce du deuxième tour dans les trois autres régions.

Peu après cela, le gouverneur sortant RU de la région de Khakassie, l'indéboulonnable Zimine (en poste depuis 2009), a trouvé que ses problèmes de santé ne lui permettaient pas de pouvoir continuer la course électorale. Les mauvaises langues diront que cela est peut-être dû au fait que le premier tour ne s'est finalement pas si bien passé que cela: il avait obtenu 32%, derrière le candidat communiste Konovalov qui a fait 45% et devant le candidat Russie Juste qui entre finalement dans la danse, même si le deuxième tour a dû être décalé de deux semaines. Bref, ici Russie Unie perd, cette fois par abandon. Refusant le combat - politique. Ayant manifestement, comme le soulignait avec beaucoup de justesse Pamfilova à la tête de la Commission centrale électorale, perdu l'habitude de la concurrence.

Il reste donc deux régions en course - et Russie Unie perd les deux. La région de Vladimir était dirigée par Svetlana Orlova depuis 2013. Venue de l'Extrême Orient russe, elle est ce que l'on appelle un véritable animal politique, suit le vent en fonction de son plan de carrière: entre dans le PC au début des années 80, finit l'Ecole du Parti en 91, entre dans un Parti des femmes, est élue députée à la Douma en 93, en 98 sous le Gouvernement Kirienko (oui, le même qui dirige la politique intérieure à l'Administration présidentielle aujourd'hui) il lui propose de diriger le Comité de la pêche, mais elle préfère les élections locales où elle sera mise de côté en raison de "mauvaises" déclarations de biens. Elle rentre à Russie Unie, dirige le projet très controversé de purification des eaux, et entre aussi au Conseil de la Fédération. En 2013, elle est nommée par décret présidentiel par intérim à la tête de la région de Vladimir, poste confirmé par élection. Sa récente renommée médiatique fédérale est arrivée lors de la dernière ligne directe avec le Président, lorsque des habitants contestaient sa gestion de la politique d'accès aux soins et son absence de réactivité à leurs demandes. La manière dont elle les ignorait et ne prenait en compte que les interventions présidentielles a choqué. Au premier tour des élections, elle était légèrement en tête avec 36,42%, quand le candidat LDPR Sipiaguine a obtenu 31,19%. Entre les deux tours, elle fait une déclaration devant caméras aux habitants, reconnaissant ses erreurs et promettant de ne plus recommencer. Au deuxième tour, les électeurs ont, pour leur part, fait leur choix, celui du changement de tête, et Sipiaguine gagne avec 57,03%. 

En ce qui concerne la région de Khabarovsk, c'est une victoire par K.O. contre le candidat Russie Unie, lui aussi sortant, Chport, mis en place en 2009. Dès le premier tour, il est clair que le combat sera difficile pour Russie Unie, les deux candidats sont au coude à coude: Chport (RU) obtient 35,62% et Fourgal (LDPR) obtient 35,81%. Au deuxième tour, les résultats montrent, avec une augmentation du taux de participation, une réaction massive contre le gouverneur sortant, qui chute à 27,97% laissant une victoire sans appel à Fourgal qui atteinte presque les 70% (69,57%).

Quelques remarques. Tout d'abord, les trois gouverneurs sortants ont perdu. C'est un signe de la fin du mythe de l'unité populaire autour de la politique intérieure gouvernementale, contestée dans la population et qui est loin de satisfaire la majorité si l'on en croit les sondages. Ensuite, cela montre une maturité politique des électeurs, qui semble parfois plus avancée que celle des partis.  Enfin, le temps est venu de laisser la bride sur le cou aux élections régionales, la diversité qui peut en sortir sera le meilleur remède contre la rigidité étouffante qui risque de mettre Russie Unie sur les pas du défunt PC US. 

Le danger maintenant est de tomber dans l'extrême inverse: inonder les régions de jeunes technocrates parachutés, qui maîtrisent la communication, sont particulièrement soutenus par le Centre qui surfinance un temps et résout les problèmes. Des sortes de "tutelles" sur le mode Macron (tout dans l'apparence, rien sur le fond) vont être le nouveau risque après la chute des dinosaures. 

3 commentaires:

  1. Bravo pour le PC qui fait un bon score preuve que le parti communiste n'est pas mort

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    1. Si on se réfère à Hegel, Marx, Debord (voir Francis Cousin) les PC n'ont été qu'un capitalisme d'Etat.

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  2. Exact et seul un PC renouvelé pourra permettre de freiner les tendances néolibérales actuelles

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