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mercredi 29 mai 2019

Marat Kasem, rédacteur en chef de Sputnik Lituanie, interpelé à Vilnius pour atteinte à la sécurité nationale



Décidément, la liberté d'expression est devenue une arme de destruction massive pour ces régimes dits "post-démocratiques" que sont devenus les nôtres en Europe, autrement dit pour nos vieilles sociétés qui, malheureusement, ne sont plus démocratiques. La Lituanie vient de le rappeler haut et fort avec l'interpellation de Marat Kasem, rédacteur en chef de Sputnik Lituanie, pour "atteinte à la sécurité nationale". Ce qui ne choque personne, c'est Sputnik, c'est la Russie, tout est permis. Examinons de plus près les lambeaux du journalisme et de la liberté de la presse en Europe à travers cette histoire.


L'agence de presse russe Sputnik a également un site lituanien, diffusant en russe et en lituanien, une information qui, manifestement, déplaît au plus haut point. La Lituanie ne fait pas ici exception, la France de Macron a ouvert la voie à la chasse aux journalistes russes, de RT France et de Sputnik, requalifiés d'agents de propagande afin de préserver le masque fragile de la liberté de la presse. 

Lors de son arrivée hier à l'aéroport de Vilnius pour une visite de travail, le rédacteur en chef du site Sputnik Lituanie, Marat Kasem, a tenté de passer la frontière automatique, mais le système s'est bloqué. Quelques temps après, des gens en uniforme sont arrivés, soit des gardes-frontières soit plutôt, selon lui, des membres des services de la sécurité d'Etat. Ils ont pris son téléphone et son ordinateur et fouillé chaque affaire méticuleusement. Le livre du journaliste tué à Kiev par les néonazis ukrainiens, Oleg Bouzina, a particulièrement retenu leur attention. Chaque page a été vérifiée. Marat Kasem a dû entièrement se déshabiller pour une fouille totale.


Il s'en est suivi un interrogatoire, correct, mais serré. Les questions ont porté sur le contenu du site d'informations : comment trouvent-ils leurs experts, avec qui collaborent-ils, ont-ils des liens avec les services spéciaux russes, s'intéressent-ils aux élections présidentielles, etc. Marat Kasem leur a rappelé qu'il n'était pas un agent secret, mais simplement un journaliste ... Plusieurs fois, la réaction des membres des services spéciaux a été émotionnelle : "Il n'y aura jamais de Sputnik en Lituanie, jamais! On est un petit pays, on doit se défendre!".

Il a ensuite été placé dans le lieu de rétention des immigrés clandestins à l'aéroport, sans nourriture et sans eau. Le tout a duré 6 heures. Finalement, sur le fondement de l'atteinte à la sécurité nationale, il a dû acheter un billet pour Riga (puisqu'il a la nationalité lettonne) afin d'être expulsé, avec une interdiction de séjour de 5 ans. Manifestement, la question de la contestation de ces mesures devant la justice ne se pose pas pour la Lituanie ... 

Les services spéciaux lituaniens lui ont proposé de démissionner de Sputnik et, dans ce cas, le délai d'interdiction de séjour sera réduit. Marat Kasem a logiquement refusé. Ils lui ont précisé également qu'il avait beaucoup de chance d'être ressortissant d'un pays de l'UE, car sinon "la discussion aurait été tout autre, sur un autre ton". Le tout suivi de cette question ... surprenante : "Vous ne comprenez pas les règles du jeu ?". 

Bref, la Lituanie peut expulser sans aucun problème un ressortissant de l'UE ... sans aucune réaction des structures de l'UE ... Pour cela, il suffit que la personne en question travaille pour des médias russes. Nous avons atteint les limites de l'hypocrisie du système européen.

Le représentant pour la liberté de la presse de l'OSCE, Arlem Désir, s'est fendu d'un tweet - point final. Pour le reste, le lien est mis vers un communiqué de presse de ... 2014, qui concerne les expulsions de journalistes russes par l'Ukraine et les problèmes d'entrée de journalistes étrangers en Crimée. Aucune condamnation réelle de la Lituanie, aucune analyse au fond du problème, on garde les apparences, on se moque de la liberté de la presse, réduite à la liberté de circulation :


Comment pourrait-on reconnaître qu'au sein de l'Union européenne il y ait un problème de liberté de la presse ? Non, c'est inenvisageable, cela ne peut pas exister, donc cela n'existe pas. Il ne s'agit que de circulation. C'est banal, technique, neutre. Neutralisé.

De toute manière la Lituanie, à la suite de Macron, a bien expliqué qu'il ne s'agit pas de journalisme, mais de propagande. Donc, il n'y a rien à redire.


Et en effet, personne ne dit rien.

PS : Facebook a déjà fermé 4 fois le compte du rédacteur en chef de Sputnik Lettonie.

PPS : En Estonie, la ministre de la Culture a déclaré qu'il fallait mieux contrôler la délivrance des autorisations de diffusion délivrées aux médias et filtrer les contenus sur internet. La porte-parole du Gouvernement a déclaré que les médias russes, dont Sputnik, ne peuvent être considérés comme des médias, puisqu'ils font de la propagande - puisqu'ils sont russes. CQFD.

Le journalisme est devenu un engagement, il est normal d'ailleurs que les journalistes s'engagent pour des causes, soutiennent des mouvements plus que ne donnent une information diversifiée, présentant le plus de points de vue possibles. Cette réduction de l'angle conduit à disqualifier celui qui ne présente pas le même point de vue, parle de ce qu'il faut taire. La fracture géopolitique (et idéologique) s'est ainsi invitée dans le journalisme, pourrissant le corps (professionnel) de l'intérieur. Il ne reste alors que les "siens", les autres sont des propagandistes. Peut-on encore parler de journalisme?



4 commentaires:

  1. je pense que la crise boursière et bancaire qui nous attend très prochainement va remettre tout cela à plat et en ordre. Resta à espérer pour notre salut à tous que les "puissances étrangères" ne répondront pas aux provocations militaires des USA et de ses valets serviles d'europe

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  2. Je suis bien contente de ne pas avoir été voté pour cette merveille de liberté et de justice qu'on appelle l'UE.

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  3. Je peux comprendre que les citoyens des pays baltes ayant vécu sous la domination soviétique puissent éprouver une rancœur bien légitime envers les Russes, même si c'est eux-mêmes qu'ils punissent en entretenant une telle animosité, mais qu'en est-il des jeunes générations d'après 1991, i.e. les moins de 28 ans, qui ne l'ont pas vécue ?

    Y a-t-il au moins en Lituanie un débat ouvert qui oppose la jeune génération aux esprits fermés de ses aînés quant aux idéaux démocratiques et à la liberté d'expression ?

    La peur — car je crois que c'est bien de cela qu'il s'agit sous des airs de matamore — aurait-elle un si grand pouvoir qu'elle éteigne tout esprit critique ?

    Et que restera-t-il d'espoir aux Lituaniens après s'être enfermés à double tour dans leurs convictions obtuses et la haine ?

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  4. Je n'arrive pas aujourd'hui à me connecter sur rt France ! Ce qui confirme que en UE la France est sous occupation des médias à "mensonges". Donc en Lituanie plus rien ne m'étonne.

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