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lundi 9 septembre 2019

Russie / Ukraine : l'échange des prisonniers d'une guerre non déclarée



A ma grande surprise, j'ai appris ce week-end que l'Ukraine et la Russie échangeaient des prisonniers.  35 de chaque côté. Intéressant, je pensais que le conflit était une guerre civile, je n'avais pas remarqué les armées en mouvement. J'ai dû regarder du mauvais côté ... puisque des "prisonniers" sont échangés. Il est vrai que l'Ukraine a surout retourné des Ukrainiens. Pas d'extradition, non, un échange de prisonniers. Retour sur ce coup d'éclat de l'Ukraine qui a réussi à transformer le conflit en faisant de la Russie non plus un garant des accords de Minsk, mais une partie qui les exécute gentiment, en informe Macron qui se déclare satisfait, en attendant un étrange format Normandie.


L'échange de ce samedi 7 septembre passe assez mal en Russie, pour deux raisons : 1) quand l'Ukraine retourne des prisonniers politiques, la Russie libère des criminels; 2) sur le principe, un échange de "prisonniers" suppose la reconnaissance d'un conflit militaire entre ces deux pays et non pas entre le Donbass et l'Ukraine. Sauf si la Russie se prépare à reconnaître et intégrer le Donbass, ce qui serait plus qu'étonnant, cet acte va être extrêmement difficile à digérer.

Tout d'abord, le déséquilibre est flagrant. Des ressortissants russes ou de DNR, lourdement accusés en Ukraine, ont été écartés du processus d'échange au profit de certains citoyens ukrainiens. Etonnant, si c'est à la Russie d'en payer tout le poids politique. A part la libération médiatisée du rédacteur en chef de RIA Novosti Ukraine, Vychinsky, et de la personne tenue responsable par les Ukrainiens pour avoir tiré sur le Boeing, Tsemakh, la liste est surprenante. De plus, du côté russe, les personnes renvoyées en Ukraine n'ont aucun lien avec le Donbass. L'on trouve même deux personnes condamnées pour des crimes de sang lors de la 2e guerre tchétchène ... En revanche, la communauté internationale exulte. Elle retrouve non seulement Sentsov, le fameux réalisateur interpellé avec des explosifs, alors qu'il préparait activement des attentats en Crimée. L'on retrouve la clique au complet des marins / SBU ukrainiens, qui ont forcé le passage dans les eaux territoriales russes, alors que leur procès n'est pas terminé. Et juridiquement, ça va être un casse-tête des deux côtés, car tous n'ont pas été graciés, des procès continuent, seulement le lieu de résidence est modifié. Bref, l'on pourra bientôt retrouver Sentsov à Cannes, qui déclare déjà que le combat continue, et nos marins à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Pourquoi s'en priver, tout a été fait pour. Zelensky les a accueilli en héros et les a qualifié ainsi, il est satisfait que la Russie ait accompli ce premier pas, la suite des "accords de Minsk" pourra suivre.

Et les commentateurs occidentaux de s'embrouiller : la Russie, c'est formidable, exécute enfin les accords de Minsk. Arrêtons-nous un instant ici. Les accords de Minsk ont été conclus entre l'Ukraine et le Donbass pour sortir de la guerre civile, la Russie est garante, au même titre que la France et l'Allemagne. L'échange de prisonniers y est prévu entre l'Ukraine et le Donbass, puisqu'ils sont en conflit. Rien n'est prévu entre la Russie et l'Ukraine, puisque ces pays ne sont pas en guerre.

Manifestement, les commentateurs occidentaux se sont emmêlés les pinceaux en cours de route, et ils sont pardonnables : pourquoi sinon la Russie, sans recourir à la procédure d'extradition existant entre les pays, devrait-elle recourir hors conflit militaire direct, à un "échange de prisonniers" - et accorder l'impunité à des personnes ayant versé le sang sur son territoire ou en ayant eu l'intention ? Pourquoi ?

D'autant plus que la machine s'emballe : l'Ombudsman Moskalkova a encore frappé un grand coup et propose rien moins qu'une amnestie générale entre la Russie et l'Ukraine. Non seulement, elle conduit purement et simplement la Russie à appliquer les termes d'un accord auquel elle n'est pas partie, mais en plus elle propose une totale impunité pour les Ukrainiens commettant des infractions contre la sécurité nationale russe.

La Russie a ainsi de facto affirmé qu'elle était en guerre contre l'Ukraine ... Sans même parler de la faiblesse de la position de la Russie lors des négociations internationales du format Normandie, où elle va se retrouver sur le banc des accusés, la défense de ses intérêts à la CEDH, où arrivent les affaires ukrainiennes notamment contre la Crimée, va en être extrêmement compliquée.

Et l'Ukraine l'a parfaitement compris : si l'on peut simplement échanger, il faut faire des stocks. Le lendemain de l'échange, 9 personnes ont été interpellées par les Ukrainiens aux postes de contrôle avec le Donbass, étant soupçonnées de travailler pour les autorités locales du Donbass.


C'est en effet un acte historique. Assez comparable, sur le plan stratégique, avec la décision au début des années 2000, de la fermeture de la base militaire russe à Cuba. De la propre initiative russe à l'époque. Base qui aujourd'hui, alors que la Russie revient sur la scène internationale, serait d'une utilité certaine. La décision avait alors été expliquée comme permettant de libérer des fonds pour réformer l'armée. Des forces importantes au Kremlin estiment, dans la même logique, que le Donbass coûte trop cher et que, peu importe qui le récupère, qui le finance, n'importe qui, sauf la Russie. Il faut libérer des fonds ... certainement pour l'économie virtuelle. Très virtuelle. Mais le Donbass, lui est bien réel. Manifestement trop réel pour ces gens.

Et c'est justement ce type de raisonnement qui coûtera le plus cher à la Russie.

4 commentaires:

  1. Plusieurs erreurs graves dans cet article.
    1) Tsemakh n'est absolument pas accusé d'avoir tiré sur le MH17. Ce qui ressort des posts de Bellingcat c'est qu'il saurait qui était dans le complexe BUK qui aurait tiré, et qu’il aurait caché le BUK, le tout basé sur l'interprétation erronée de la fameuse vidéo où il jure et où son gros mot (caché par un bip) serait soit disant le mot BUK, et qu’il parle d’avoir caché quelque chose.
    2) Pas besoin d'être en guerre pour échanger des prisonniers, les États-Unis et la Russie le font. Exemple ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_des_Ill%C3%A9gaux
    3) Le fait que les prisonniers rendus par Kiev soient majoritairement des Ukrainiens, et pour le reste que des Russes qui n'étaient pas dans la milice populaire dans le Donbass, prouve au contraire qu'il n'y a pas de guerre entre la Russie et l'Ukraine. S'il y avait une guerre entre les deux pays, il devrait y avoir une forte proportion de soldats russes dans le groupe échangé. La composition des prisonniers rendus par l'Ukraine montre donc bien au contraire que l'histoire de l'agression russe ne tient pas la route. Cet article va donc servir d'argumentaire aux russophobes alors qu'il est faux sur le plan de la logique.

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    1. "Cet article va donc servir d'argumentaire aux russophobes alors qu'il est faux sur le plan de la logique"

      Non. Après vous avoir lu, on voit bien qu'il dérange surtout les soutiens de la clique des traitres de la cinquième colonne qui continue à agir au Kremlin.

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    2. Ce sont vos seuls arguments?
      Les lecteurs de ce blog sont plutôt pro Russe et le premier commentaire est un avis pertinent et en rien pro 5ieme colonne ou anti Russe AMA...
      Détendez-vous.

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  2. D'abord, cet échange de prisonniers a fait peu de bruit dans les médias français. Ensuite, j'ai beaucoup de mal à croire que Poutine et Lavrov se soient laissés rouler dans la farine comme des idiots par les ukrainiens. Et enfin, ne serait-ce que pour les innocents qui ont retrouvé la liberté, même si des ordures en ont profité, cet échange et une bonne chose.

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