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lundi 25 novembre 2019

La violence et les femmes : laquelle de l'approche rationnelle du ministère de la Justice russe ou de la tentation du fanatisme devant la CEDH remportera la manche?



Le vice-ministre russe de la justice, Galpérin, est sous le feu croisé des médias et des ONG pour avoir osé rappeler que la question de la violence n'est pas spécifique aux femmes (ni à la Russie) et que la législation russe réprime justement la violence quelle qu'elle soit, d'où l'inutilité d'une loi spécifique. Cette approche rationnelle de la question n'est pas du tout dans l'air du temps et le scandale monte pour crime de lèse idéologie. Peu importe le Code pénal, peu importe la législation, la femme est une victime puisqu'une femme et la violence faite aux femmes n'a rien à voir avec la violence faite aux hommes puisque la femme n'est pas un homme comme les autres. Ca ne se discute pas. Mais comme ces affaires sont loin d'être évidentes, que leurs auteurs sont par ailleurs condamnés ou dont l'enquête est en cours, alors discutons.


La CEDH examine un recours contre la Russie au sujet de quatres femmes qui furent victimes de violences par leur conjoint. Pourtant, loin de suivre la vague de la victimisation des femmes, réduites au rôle de victimes perdues dans un monde, notamment judiciaire, qui protègent les hommes (violents et méchants par définition), le représentant du ministère de la Justice à la CEDH a eu l'audace de ne pas s'écraser platement et de rappeler certaines évidences : la législation russe existe, condamne la violence et est appliquée, puisque les auteurs sont soit condamnés, soit encore sous enquête.

Par exemple, Margharita Gratcheva, qui fit partie des plaignantes devant la CEDH : son mari, Dmitri Gratchev a été condamné à 14 ans de privation de liberté en régime sévère pour l'avoir emmenée dans la forêt et briser le bras en 2017. L'époux de Réguina Gaguieva, décédée en octobre à l'hôpital suite aux coups de couteau de son mari Vadim Tekhov, qui se trouvait assigné à domicile pour avoir déjà utilisé son couteau contre d'autres personnes, a été interpellé, mis en détention et l'affaire est en cours. 

Bref, l'on ne peut pas dire que la justice russe ne fonctionne pas dans ces affaires. Et pour cause, il s'agit bien d'affaires criminelles et personne n'a aboli le Code pénal. Quant à l'affaire Gaguieva, si l'on n'avait pas droit à la pression énorme concernant la mythique "humanisation du droit pénal" et les alternatives en matière pénale, Vadim Tekhov aurait été en détention préventive et n'aurait pas pu assassiner sa femme. Lorsque l'on crée des risques, ils se réalisent. Et l'on ne peut pas à la fois reprocher à un système pénal de n'être pas suffisamment "humanisé" et de ne pas être suffisamment répressif. Il faut choisir ...

Et finalement, le vice-ministre de la Justice Galperin n'a fait que rappeler l'existence d'une situation juridique beaucoup plus complexe que l'approche primitive consistant en "adoptez une nouvelle loi pour protéger les femmes, sinon vous êtes des méchants". C'est d'ailleurs, après que la presse ait sorti de leurs contextes certains bouts de phrases pour en modifier le sens vers "il n'y a aucun problème en Russie", quand il s'agissait de rappeler le caractère global du phénomène de la violence, que le ministère de la Justice russe a précisé certains aspects :
La presse a mal traduit de l'anglais l'argumentaire du ministère de la Justice : le problème de la violence est un problème sérieux et actuel dans de nombreux pays, notamment en Russie, et l'Etat est obligé de défendre les victimes, peu importe qu'il s'agisse d'hommes, de femmes ou d'enfants.
Ce relativisme, justement, est aujourd'hui inacceptable. Les victimes sont catégorisées et hiérarchisées. Remettre la question de la violence faite aux femmes dans le cadre rationnel de la montée de la violence en général dans nos sociétés déstructurées est exactement ce que les nouveaux idéologues combattent. Il doit y avoir discrimination, sinon toute cette campagne médiatico-idéologique n'a aucun sens. 

Et elle n'a effectivement, rationnellement, aucun sens, puisque les auteurs sont bien en prison et pour cause, ils ont commis un crime. Quant à la décriminalisation, elle aussi totalement détournée de la réalité par les médias et les activistes, elle ne concerne en rien les violences qui font toujours l'objet de poursuites pénales, mais concerne les "engueulades" du quotidien, qui n'entrent pas dans le champ pénal. Si vous vous intéressez réellement à la question, je vous recommande chaudement de lire cette analyse du Professeur Krylova, que nous avons traduite en français ici. Le ministère de la Justice rappelle par ailleurs l'existence du droit russe :
"Il existe au moins 40 infractions pénales et 5 infractions administratives interdisant les différentes formes de violences à l'égard des individus, notamment commises par leurs proches"
Mais peu importe, pris en main par les activistes, les proches de "victimes de violences familiales", comme le diffuse la BBC, se sont rien moins qu'adressés au Ministre de la justice pour lui demander de vérifier la capacité professionnelle du vice-ministre Galpérin pour crime de lèse idélogie. Tous en rang, les activistes ne veulent voir qu'une seule tête. Voici la nouvelle conception de la Démodrature tolérante occidentale qui s'invite dans le débat en Russie.

En effet, quel toupet de rappeler rationnellement l'état de la législation et oser affirmer que la démarche est politique : déstabiliser le système juridique russe. Ce qui est le cas. L'une des figures-clés de ce mouvement en Russie est Oksana Pouchkina, activiste et député depuis 2016, qui est à l'origine d'un projet de loi, copié sur les textes occidentaux, contre les "violences familiales". Journaliste de profession, dès le début de sa carrière, qui correspond avec la chute de l'URSS, elle part en stage aux Etats-Unis (1993-1997) pour revenir en Russie avec la justice juvénile et les droits des femmes. - Ca devient banal de rappeler le parcours de ces individus, mais que faire ...

Alors que veulent les requérants devant la CEDH finalement ? 

En ce qui concerne très concrètement leur affaire, l'on peut comprendre que ces familles soient effondrées par un drame personnel. Ils veulent une justice plus rapide, immédiate, définitive. Une justice expéditive. Ce n'est pas la justice qui est recherchée, mais la vengeance. L'on peut comprendre leur position, mais l'instrumentalisation qui est faite de leur douleur par les activistes est, elle, inacceptable. Et l'utilisation qui en est faite par la CEDH à des fins idéologiques remet sérieusement en cause, une fois de plus, la légitimité de cette institution. Un organe qui prétend être de nature juridictionnelle ne peut s'abaisser à faire du lobbying.

D'une manière plus générale, chaque victime, directe ou indirecte, demande en fait un monde plus sûr. Il est reproché aux organes de défense de l'ordre de ne pas pouvoir empêcher la commission d'infractions, de ne pas réaliser le rêve d'un monde sans violence. Ce monde n'existe pas, et n'existera pas, en tout cas tant qu'il y aura de la vie - humaine ou animale. Mais il serait effectivement possible de réduire cette violence - si l'on accepte de réinstaurer des règles contraignantes à la toute-puissance du caprice individuel. Si l'on accepte le retour de l'Etat pour réguler la société. Si l'on accepte de remettre en cause la vague de faux humanisme, qui cache mal la déstructuration des sociétés. Seules des règles contraignantes et acceptées permettent de limiter les instincts. Si l'on parle sur le plan juridique. Mais cela n'est possible que dans une société éduquée. Et c'est ici un problème beaucoup plus profond, qu'il nous faudra bien un jour affronter.

2 commentaires:

  1. En général, la loi protège, et devrait protéger tout le monde sans distinction car sinon on fait une distinction concernant le sexe, l'age, la religion, la couleur de peau ?
    Quelle sera la prochaine discrimination ?
    Il y a néanmoins un parallèle intéressant. Ces lois concernent les humains mais pour les animaux ont a des articles spécifiques. Ramener la femme à un cas comme pour les chiens et chats n'est pas la meilleur des idées. Après les femmes, va-t-on penser aux hermaphrodites (eh oui on ne parle jamais des hermaphrodites...) et à tous les genres que l'on veux bien inventer (et il y en a beaucoup parait-il) ?
    A force de tout détruire il ne restera plus rien.
    Le soucis est que ces gens préfère régner sur des ruines plutôt que de ne pas régner du tout.
    La dernière fois que ces gus ont oser critiquer la Russie, c'était pour critiquer l'usage des armes lors d'une prise d'otage suicide de plusieurs centaines de personne. Il n'y a dorénavant plus aucune limite.

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  2. Excellent article qui remet une fois de plus les choses à leur place.
    L'origine première de la violence existe et il semblerait que personne n'est vraiment envie d'aller y voir de prés...
    Voilà mon aphorisme qui contribuera à explorer cette voie : "l'homme est une femme en moins !".
    Remerciements pour votre travail sur votre blog, moi qui apprend le russe par amour de la vérité, et parce que très tôt, je n'ai pas cru à la version du méchant Poutine.

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