Dans nos sociétés de plus en plus radicalisées et acculturées, non seulement l'information, mais surtout la manière dont elle est présentée et interprétée pour ensuite pouvoir être digérée par les consommateurs peu exigeants que sont devenus les citoyens aujourd'hui, est un enjeu de premier ordre pour tous les pouvoirs. Ils créent ainsi le monde dans lequel leurs actions et paroles sont légitimées. L'Ukraine, qui est bien l'avenir de cette Europe, prépare un projet de loi prévoyant la mise en jeu de la responsabilité pénale des journalistes en raison de leurs écrits, notamment pour la diffusion "d'informations dangereuses". Afin de lutter contre la Russie. Logique. Et cette initiative ne vient pas d'une pseudo-opposition ou des forces reconnues comme extrêmes, non, mais bien du Président "pro-occidental" Zelensky.
Sur demande de Zelensky, le nouveau Président ukrainien présenté par les médias globalistes comme le défendeur des valeurs européennes, le ministre de la culture, de la jeunesse et des sports a défendu un projet de loi prévoyant de rétablir la bonne et vraie vérité dans ce monde de plus en plus contesté. Autrement dit, il s'agit d'une part d'établir les standards et les exigences concernant les informations et, d'autre part, une responsabilité pénale (rien moins que cela) pour les journalistes, que l'on pourra alors appeler déviants.
L'explication est on ne peut plus simple : la fameuse guerre hybride menée par la Russie. Traduction : puisque la Russie ne se tait pas et possède également des médias qui deviennent assez populaires pour diffuser une "autre" information, il faut bloquer par la force ce que la raison ne peut empêcher.
Parmi les concepts nouveaux devant entrer dans législation, à part le grand classique de l'information fausse et de la désinformation, l'on notera surtout l'apparition d'une étrange catégorie mouvante, celle de "l'information dangereuse". Qu'est-ce qu'une information dangereuse ? Ce n'est pas une information fausse, mais une information qui, allant à l'encontre du dogme officiel, présente un danger pour le pouvoir en place. Déjà qu'il est difficile de trouver aujourd'hui des journalistes qui ne reprennent pas la propagande des uns ou des autres de leurs financeurs, avec l'introduction de ce concept, s'en est fini de l'espoir d'une apparition miraculeuse d'un journalisme de qualité. Impossible de critiquer les réformes linguistique et scolaire qui ont provoqué la perte de la Crimée et la guerre civile - "dangereux", impossible de critiquer la réforme de la médecine qui provoque une crise sociale - "dangereux", impossible de critiquer la désindustrialisation du pays - "dangereux".
Pour illustrer cette tendance désastreuse, mais pas vraiment surprenante, deux affaires pénales sont examinées par le SBU (ex-KGB) contre le présentateur de talk-show politique et journaliste Soloviev, en raison de ses activités journalistiques professionnelles pour atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Il risque ainsi 3 à 12 ans de prison. Or, ce journaliste est russe et exerce en Russie. Non pas en Ukraine. Comme l'a souligné le ministère des affaires étrangères russe, ce cas illustre parfaitement tout le soutien que ce régime ukrainien post-Maïdan apporte au travail des journalistes et le respect pour leur liberté d'expression.
Finalement, s'il y a bien un concept dont l'on n'entend plus parler depuis longtemps, c'est celui de pluralité. Lui aussi - trop dangereux.
Pour l'instant ni la communauté internationale, ni les organisations professionnelles, ni les organes divers et variés de défense des droits de l'homme ne se sont prononcés. Il est vrai que l'Ukraine ne fait finalement que pousser à l'absurde une tendance déjà bien ancrée dans nos sociétés. Et montrer la voie sur laquelle elles s'engagent ...
En plus de crever de faim et de froid, on va faire en sorte de leur fermer la bouche, qu'y a t-il de plus dangereux, en effet; que la vérité? Là, si les ukrainiens ne foutent pas en l'air tous ses comiques, s'ils ne bougent pas et subissent, tant pis pour eux, la passivité a des limites!!
RépondreSupprimerSoyons lucides : cela fait bien longtemps que l'information n'est plus fiable : l'a-t-elle jamais été ? Donc un peu plus de censure ne se verra même pas... Ensuite, l'arsenal judiciaire comme outil de guerre de l'information avec la Russie ... où est le problème ? N'accepte-t-on pas de développer industriellement les pires régimes de la planète, du moment que les rendements financiers sont attrayants (Chine...etc...) ? Donc ce qui se passe en Ukraine est désastreux. Mais c'est un désastre parmi un océan de calamités dont aucun, aucune journaliste non encore censuré, n'est capable de rendre compte. Et pour cause : ils font de la politique et du pognon....
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