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mercredi 19 février 2020

Billet du jour : cette société de la consommation qui n'a rien à proposer à la jeunesse



Hier, le FSB a interpellé deux adolescents en Crimée, qui préparaient des attentats contre deux établissements scolaires dans la ville de Kertch. Pour continuer le thème développé il y a quelques jours ici au sujet de la condamnation pénale du groupe de jeunes anarchistes terroristes "Set", quelques données officielles sur la radicalisation par internet des adolescents en Russie. Il serait bon de s'en souvenir le jour de leur condamnation. Et d'en profiter pour réfléchir à la société déshumanisée que nous bâtissons avant tant d'acharnement. Quelle place laisse-t-on réellement à la jeunesse ?


Deux jeunes habitants de la ville de Kertch, âgés de 16 ans et 17 ans, l'un va au lycée et l'autre étudie au collège maritime de Kertch, ont été interpellés par le FSB en raison des attentats qu'ils préparaient dans leur ville. Rappelons qu'en 2018, Vladislav Rosliakov, jeune extrémiste avait déposé une bombe dans le collège polytechnique de Kertch et fait 22 morts et plusieurs dizaines de blessés (sur cette tragédie puis celle d'Arkhangelsk, voir notre texte ici). L'un des deux jeunes interpellés était en contact par internet avec Rosliakov, avait laissé sur sa page des commentaires positifs. Après l'attentat de 2018, des membres du FSB avaient établi un suivi prophylactique, mais malheureusement, il est quand même passé à l'acte.

Les deux adolescents ont préparé des bombes artisanales suivant des instructions récupérées sur le net, dans des groupes spécialisés destinés aux ados, les ont expérimentées dans un terrain vague sur des animaux domestiques et ont récupéré les plans d'établissements scolaires en vue d'y perpétrer un attentat.

Pour les russophones, voici la vidéo diffusée par le FSB de la perquisition et de l'interrogatoire, lors duquel les deux jeunes ont immédiatement reconnu les faits :


Il se trouve que ces jeunes étaient très actifs sur la toile, administrateurs de groupes de la mort, où ils cherchaient à convaincre des jeunes de leur âge de suivre la même voie. Et ce phénomène prend une ampleur qu'il ne faut pas négliger. 

Selon les données officielles, de 2018 à ce jour, le FSB a dévoilé sur le net environ 150 groupes extrémistes de jeunes, comptant au moins 50 000 membres. Dans ces groupes, une propagande très bien ciblée vers les jeunes les conduit à un comportement antisocial (auquel la jeunesse est déjà naturellement portée), mais ici avec une dimension violente anormale.

En effet, pour cette même période, le FSB a empêché la commission d'environ 50 attaques armées contre des établissements scolaires, l'activité de plus de 260 propagandistes extrémistes a été interrompue et des discussions prophylactiques ont été menées avec plus de 7 000 adolescents, qui étaient tombés sous la coupe de ces discours néonazis et extrémistes.

Lorsqu'ils sont condamnés, il est toujours possible d'avoir bon coeur, d'affirmer les yeux arrondis par l'émotion, les pôv' petits, ils ne faisaient que jouer avec des chats, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Et laisser ces jeunes impunis. Puisque la société est tolérante et compréhensive. Ce sont des enfants. 

Si cette approche est effectivement très confortable pour la plupart des gens, quelle que soit la société, elle est destructrice justement pour ces jeunes. Les observateurs extérieurs peuvent se permettre d'avoir une bonne âme, en passant, quelques minutes, avant de s'occuper de leurs affaires et de n'y plus penser. L'égoïsme est aussi naturelle que la bonne âme et s'y réfugie à merveille. Mais ces jeunes, eux, vont rester face à l'absence de règles, à l'absence de code de conduite, face à la démission des adultes. Trop tolérants et occupés à rester jeunes à tout prix pour être adultes. Même si quelqu'un doit bien en payer le prix.

Au-delà d'internet et de la démission de nos aînés, l'autorité étant immédiatement assimilée à de l'autoritarisme, il me semble y voir aussi un problème plus général, bien que lié : l'absence de héros  positifs en particulier, et de héros en général, auxquels il soit possible de s'assimiler et de former sa personnalité. Une société de consommation n'est pas particulièrement poussée à l'héroïsme, il devient anachronique (lorsqu'il ne s'agit pas, comme en France, d'un migrant sauvant miraculeusement devant caméra un enfant tombant bizarrement d'un immeuble sans lui arracher le bras). Ou bien il est souvent mis en scène, placebo social d'urgence. Une société sans repères et sans but est une société particulièrement destructrice, qui laisse la place vacante à tous les excès. Ce qui n'excuse pas pour autant leur comportement, tous les ados ne se mettent pas à fabriquer des bombes et à exploser les chats, mais il serait bon d'en profiter pour réfléchir au sens que l'on veut donner à ce passage furtif sur Terre qu'est le nôtre. Puisque la Terre ne va pas s'arrêter de tourner avec notre mort.

3 commentaires:

  1. C'est très angoissant. La société contemporaine devient partout une fabrique de monstres et de désaxés.

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  2. La société que vous appelez de tous vos voeux n'est, hélas, ni pour aujourd'hui, ni pour demain. Bon courage quand même.

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  3. Lors d'un voyage touristique en Ukraine en 2012, j'avais été étonné de voir des bandes de jeunes désoeuvrés aux pieds des immeubles ou trainant dans les rues. On m'a dit que le financement des activités des pionniers ou d'autres associations de jeunesse, avait été coupé, et que rien n'avait été créé pour les remplacer.

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