Svetlana Tikhanovskaya, figure de proue toute neuve de l'opposition biélorusse, qui a immédiatement quitté la Biélorussie "pour continuer son combat" depuis les pays de l'Union européenne après sa défaite attendue aux élections présidentielles contre Loukachenko, reçoit aujourd'hui, avec un groupe de l'opposition biélorusse, le prix Sakharov "pour la liberté d'expression". Quel est le rapport entre la liberté d'expression et une action financée et organisée par des pays étrangers en vue de renverser le pouvoir dans un pays souverain ? Personnellement, je ne vois pas. En tout cas, l'UE continue activement sa politique d'ingérence dans les affaires internes de ce voisin trop indépendant d'elle, trop proche de la Russie, pas assez aligné sur les impératifs de la globalisation. Ce soutien est d'autant plus important pour cette opposition que, comme le reconnaît Tikhanovskaya elle-même, il est de plus en plus difficile de faire descendre massivement des gens dans la rue. Autrement dit, l'UE se félicite elle-même à travers sa marionnette et continue ainsi sa ligne générale anti-russe.
Le prix Sakharov est devenu un élément de certification des "bons opposants", qui sont soutenus pour raison idéologique, pardon en raison de leur combat pour la démocratie, par l'UE. Ainsi, l'opposition vénézuélienne contre Maduro en 2017, Sentsov contre la Russie en 2018 (voir notre article ici), maintenant Tikhanovskaya contre Loukachenko sur le modèle Guaido.
Ces "prix" divers et variés deviennent une caricature. L'on soulignera aussi la délivrance début décembre à Rodchenkov du prix littéraire William Hill dans la catégorie du livre de sport, que le comité cette année a décidé de décerner sans concurrence, en raison de l'importance de "l'oeuvre". En effet, Rodchenkov, qui a organisé le dopage en Russie, avant de fuir aux Etats-Unis suite à une action pénale ouverte à ce sujet contre lui par les autorités russes, a sorti une autobiographie présentée comme son combat (lucratif) contre le système et décrivant comment il aidait les sportifs à éviter de se faire prendre. Les 120 autres candidats à ce prix littéraire se sont vus écartés a priori, au regard de "l'incroyable sincérité et de l'importance des conséquences qui en découleront". Quel est le rapport avec la littérature ?
Il semblerait que ces prix ne soient qu'un des instruments de la politique d'ingérence. Dans le cas de Tikhanovskaya, rappelons que le Renseignement extérieur russe a déclaré avoir les informations concernant le financement en avance des ONG biélorusses pour l'organisation des manifestations à hauteur de 20 millions de dollars et la préparation des leaders en Pologne, en Ukraine et en Lituanie (voir notre texte ici). De même, l'on rappellera le soutien de la Commission européenne à hauteur de 24 millions d'euros sur cinq ans, afin de soutenir, développer et défendre si besoin l'opposition biélorusse dans les régions (voir notre texte ici).
Comme l'a déclaré Tikhanovskaya elle-même, il est de plus en plus difficile de mettre les gens massivement dans la rue, il faut changer de tactique, désormais ils se dirigent vers une "action de partisans". Et les fonds de la Commission européenne le permettront.
Il est surprenant de voir à ce point un "leader de l'opposition" réclamer à corps et à cri le soutien de l'extérieur ... contre son pays. Lors d'une rencontre virtuelle avec le vice Secrétaire d'Etat américain le 15 décembre, celui-ci lui réitère le soutien des Etats-Unis, qui d'ailleurs se préparent à envoyer un nouvel ambassadeur en Biélorussie, Julie Fischer, pour la première fois depuis 2008.
Ses rapports avec les pays européens sont aussi étroits, Tikhanovskaya ne cesse de demander le renforcement des sanctions contre son pays. Elle en a parlé ces jours-ci avec l'Allemagne et la Belgique, qui lui assurent leur soutien.
Autrement dit, si l'on appelle démocratie une ingérence étrangère, dans ce cas, l'UE vient de se décerner le prix à elle-même.
Totalement d'accord avec votre article. Les occidentaux méritent le Nobel de l'arrogance et de la bêtise.
RépondreSupprimerTout cet argent c'est celui du contribuable européen qui préférerait voir financer les nationaux qui sont dans le besoin plutôt que des marionnettes biélorusses.
RépondreSupprimerJ'ai entendu madame Tikhanovskaya, la prétendue égérie de la liberté d'expression biélorusse, parler l'anglais et c'était franchement pitoyable. Il paraît pourtant qu'elle est professeur d'anglais. Quelqu'un peut-il me dire quelle est sa vraie profession ?
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