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mardi 27 avril 2021

La Russie envisage une rencontre Biden / Poutine - pour quoi faire ?


Alors que les tensions entre le bloc atlantiste et la Russie ne diminuent en rien, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ouvre la voie à une possible rencontre Poutine / Biden cet été - sachant qu'en juin Biden fait sa tournée européenne. De leur côté, les Etats-Unis, alors qu'ils étaient tellement pressés, insistent désormais sur le fait qu'aucune date n'est prévue et qu'ils continueront à aider leurs partenaires européens pour "faire baisser la tension" à la frontière ukrainienne. En quoi une discussion entre Biden et Poutine pourrait réellement permettre de réguler le conflit entre les deux pays, sauf à imaginer que l'un d'entre eux ne soit prêt au compromis ? De leur côté, les Américains, en entretenant la tension internationale, laissent entendre que, justement, ils n'entendent faire aucun compromis.

La Russie, par la voix du porte-parole du Kremlin et du conseiller du Président, envisage la possibilité d'une rencontre entre Poutine et Biden. Ushakov, le conseiller présidentiel, souligne prudemment que si cette rencontre est envisagée, elle dépendra de beaucoup de facteurs et qu'elle n'est pas encore en phase de préparation. Pourtant, en ce qui concerne le délai de ce qui n'est pas officiellement en préparation, il parle de juin, alors que Biden fera sa tournée impériale en Europe.

Ce virage est confirmé par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui affirme qu'une rencontre des deux Présidents est bien envisagée et a laissé ouvert la possibilité pour juin, sans pour autant préciser le lieu et la date précise.

Patrouchev, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, avait discuté avec le conseiller américain, et chacun avait accusé l'autre d'ingérence et déclaré cela inacceptable. Dans le même temps, ils ont discuté de la possibilité d'une rencontre au sommet et des domaines de coopération. Le climat avait déjà été envisagé lors de la participation de Poutine au sommet, justement, sur le climat. Nous pouvons être certains que si la Russie veut organiser une Gay Pride, les Etats-Unis de Biden lui accorderont une coopération pleine et entière, d'autant plus que cela portera préjudice au pays - ce qui ne les empêchera pas de continuer à adopter des sanctions, quand cela leur sera nécessaire. D'autant plus, que tout signe diplomatique est interprété comme un signe de faiblesse, donc le moment d'une nouvelle attaque.

Selon l'agence TASS, les Etats-Unis déclarent qu'ils n'ont pas fixé de délai potentiel pour une rencontre entre les deux Présidents - à ce rythme-là, c'est la Russie qui va finir par se trouver en demande ... Et pour que le message soit bien clair, la Maison Blanche déclare que "les Etats-Unis continueront à l'avenir à travailler de concert avec les pays européens dans le but d'empêcher toute escalade des tensions à la frontière avec l'Ukraine".

Comme le disait Ushakov, la rencontre dépendra de toute une série de facteurs ... L'on peut se demander desquels il s'agit, si dans ce contexte, la Russie est déjà prête à envisager une rencontre au sommet.

Car, dans le même temps, Macron appelle Poutine et lui signifie qu'il est inquiet de la tension à la frontière ukrainienne (comme le disait la Maison Blanche), il a demandé des explications à la Russie au sujet de la République tchèque et affirme soutenir les accords de Minsk, après avoir discuté avec Zelensky.

Zelensky qui, de son côté, modifie sa conception des accords de Minsk, prépare lui-aussi sa rencontre avec Poutine (pourquoi se gêner ...), recrée sa réalité conformément au modèle atlantiste.

Pendant ce temps-là, la Grande-Bretagne adopte de nouvelles sanctions sur le fondement de la lutte contre la corruption, notamment contre la Russie. La Russie est conduite à déclarer persona non grata deux attachés militaires européens, l'un de l'ambassade de Roumanie, l'autre de l'ambassade d'Italie.

Que peut-on attendre d'une rencontre Biden / Poutine dans ce contexte ? 

Eviter un conflit militaire ? De toute manière, personne ne le veut - encore. Et si, à un moment donné, il devient inévitable pour le monde atlantiste, de toute manière, ils trouveront bien un moyen de le lancer, aucune rencontre avec le Président russe n'y changera rien.

Relancer la coopération entre les Etats-Unis et la Russie ? La politique étrangère américaine est pragmatique : ils coopèrent dans les domaines et dans la mesure où cela leur est profitable, indépendamment de tout contact direct.

Faire baisser la tension ? Toute tentative de compromis diplomatique est interprétée comme de la faiblesse, ce qui in fine augmente la tension.

Les négociations ont un sens lorsqu'il y a quelque chose à négocier, donc lorsque les parties ont atteint un certain palier, ce qui n'est pas le cas dans les relations américano-russes aujourd'hui, puisque les Etats-Unis sont en phases de combat actif pour implanter leur domination. Ils ne sont prêts à rien négocier, sauf la reddition de la Russie.

12 commentaires:

  1. Philippe Munich27 avril 2021 à 10:54

    C’est malheureusement la triste réalité.
    Les espoirs de détente suscités par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche sont hélas bien loin.

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  2. Pendant l'épisode du conflit ukraino-russe qui n'est pas encore résolu (les armes lourdes sont toujours logées en Russie près de la frontière), Poutine a fait activer les brouilleurs électroniques. Grosse surprise du côté américano-ukraino-européen: plus de GPS, plus de moyens de communication, le méga Black-Out. Retrait rapide des navires de guerre menaçants du théâtre des opérations. Depuis, l'OTAN marche sur des oeufs. Cerise sur le gâteau, Poutine a envoyé un message supplémentaire à Biden sur les nouvelles armes encore secrètes de la Russie : les militaires américains au Moyen-Orient (Syrie) sont victimes d'armes dirigées qui les rendent malades comme des chiens, donc totalement inopérants et non soignables pour le moment. Panique additionnelle au Pentagone avec réunion de crise : la maladie des américains à Cuba est bien le résultat d'une arme russe. Poutine a prononcé ensuite son discours à la Nation, et a expliqué sa nouvelle devise : "tu me chatouilles,tu vas le regretter. Ce sera asymétrique, rapide et violent. C'est moi qui fixe maintenant les règles du jeu".
    Depuis, les présidents prennent des pincettes avec Poutine : Biden demande prudemment une réunion au sommet sans fixer de date, les Tchèques qui ont fait un peu trop de zèle se sont faits massacrer sur le plan diplomatique, ce qui a fait piaffer de joie Maria Zakharova, depuis le temps qu'elle avait envie de tailler un costard aux louffiats de Prague, Macron demande humblement des nouvelles de l'autre idiot de service de Navalny qui a courageusement arrêté sa grève de la faim après 5 jours en bon héros de carton pâte qu'il est.
    Alors, à qui le tour ?

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  3. Il faudrait que les Etats-Unis soient autrement puissants qu'ils ne le sont aujourd'hui, pour se permettre d'imposer quoi que ce soit à la Russie. L'époque ou ils pouvaient dicter leur hégémonie au reste du monde est révolue. Nul ne sait si cette rencontre aura lieu, alors attendons.

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  4. En réponse à votre question, « La Russie envisage une rencontre Biden / Poutine - pour quoi faire ? », peut-être bien que c'est pour maintenir un lien minimal, même factice, qui demeure un canal de communication encore ouvert au sommet.

    L'alternative que représenterait un vide total de communication à ce niveau, dans le climat surchauffé actuel, augmenterait dangereusement le risque de dérapage et il ne faudrait qu'une tête brûlée à la Zelensky pour mettre le feu aux poudres — Et il s'en trouve de plus en plus en Europe de l'Est pour aimer jouer avec les allumettes.

    Ajoutez à cela les médias qui forgent l'opinion en la poussant à la haine des peuples et il nous faudrait envisager le pire si plus personne au sommet ne balisait le débat, même si ce n'était que pour se lancer des injures ou jouer les matamores.

    En serions-nous rendus à ne conserver qu'un petite chandelle parce que c'est tout ce que nous avons et que nous avons peur de l'obscurité ?

    Au fait, on n'a pas encore répondu à la question de Brel, « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? »

    _________________
    Bellefontaine

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  5. En effet, pour quoi faire ? Poutine a tracé de nouvelles lignes rouges et n'a pas l'intention de brûler les ponts (Cfr son discours du 22 avril). En clair, l'option militaire n'est pas prioritaire pour le Kremlin. Cependant, on doit l'admettre, le pouvoir de décision s'est modifié en Europe centrale. La brève démonstration de force russe en lisière du Donbass a été une audacieuse mise en scène géopolitique dirigée contre Kiev mais aussi contre Washington. L'Occident se rend compte trop tard comment Poutine a déjoué le bellicisme des Etats-Unis et de l'OTAN. Quant à une hypothétique réunion au sommet Biden-Poutine, le dialogue de sourd, en ce moment en cours, laisse apparaître l'incapacité de la Maison Blanche de comprendre la nouvelle réalité géopolitique ainsi que les nouvelles nuances qu'impose le Kremlin. Sur l'échiquier, le "jeu russe" est verrouillé pour un moment. Le spectacle "America is back" est un bide. En effet, un sommet pour quoi faire ?

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  6. Bonsoir!
    Je ne prétends nullement comprendre quoi que ce soit dans les arcanes de la géopolitique mondiale.
    Ce n'est bien entendu pas mes "petitissimes nanofimes" connaissances en la matière qui pourraient éclairer un quelconque débat sur les motivations des uns ou des autres.
    Toutefois, je me demande si, pressentant la possibilité d'un dénouement néfaste pour l'Humanité, je ne tenterais pas "tout" ce qui est possible pour éviter cela.
    Et ce, même si je sais que cela est probablement inutile.
    Tant que les zuesses font semblant de chercher le dialogue, Mr Poutine doit bien se prêter au jeu, faute de quoi ils l'accuseront, une fois de plus, d'être la cause de ce "dénouement néfaste" dont je parlais plus haut.

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  7. Poutine s'est certainement posé également la même question et il n'est pas naïf au point de croire en la bonne volonté de Biden & Cie à l'égard de la Russie. Je pense qu'il veut se montrer à la fois ferme et souple. Désormais ferme politiquement mais souple en termes d'image et d'esprit d'ouverture.
    Rasko

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  8. @ Karine Bechet Golovko Merci pour votre article, qui est très pertinent.
    Et merci aussi aux commentateurs, qui donnent d'excellents éclairages.
    Je suis bluffée par ce qu'écrit Camembert électrique...
    D'où pouvez-vous avoir de telles informations ?
    Si vos affirmations sont fondées, ce que j'espère, nous pouvons croire que le spectre de la guerre s'éloigne de l'Europe ?
    Gardons en mémoire qu'un dérapage est hélas toujours possible !
    Quant à cet hypothétique sommet, même s'il ne sert qu'à garder un contact, envers et contre tout, cela me semble une approche souhaitable.

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    1. @Marie Genko, concernant le système de brouillage, si je ne m'abuse c'est en 2014 qu'il fut évoqué lors de la visite, écourtée, du Thomas Cook en Mer Noire, ceci dit il semblerait que la raison réelle soit autre:
      https://thesaker.is/why-it-is-not-advised/
      Depuis ce système revient de temps en temps dans les nouvelles comme récemment sur Chypre avec des avions anglais (Mars 2021) voir comme ici le 27/04 sur Yandex:
      Неизвестный РЭБ-комплекс России на западе Крыма глушит самолеты и беспилотники НАТО
      https://yandex.ru/news/story/Neizvestnyj_REHB-kompleks_Rossii_nazapade_Kryma_glushit_samolety_i_bespilotniki_NATO--3caeb0cec9c5b44c3c3ab3161d284946?

      Concernant les "attaques" sur le personnel à Cuba et en Syrie je penche plutôt pour une "invention de la propagande US" qui comme par hasard ressort à chaque fois que la précédente "fake news" est démontée (cf: mise à prix des soldats US en Afghanistan). Regardez le calendrier, à peine le rapport US démentant ces mises à prix est publié et hop voilà que la presse publie une "histoire" sur les attaques en Syrie...

      "le spectre de la guerre s'éloigne", lisez la dernière interview de M. Lavrov, il n'est visiblement pas du même avis...

      KG.

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    2. Il suffit de lire les sites de réinformation comme Le Saker, Reseau International, Les Crises, Paul Craig Roberts, Dmitry Orlov, Stratpol, etc... et d'avoir de bonnes bases en culture générale et en géopolitique. La lecture des articles de Mme Béchet-Kolovko est de ce point très utile :)

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  9. Hello ! Les infos qu'invoquent si justement "Camenbert électrique" sont sur la toile..., accessibles pour qui se donne la peine de s'intéresser précisément à LA grande actu de la géopolitique...En cela, je souscris précisément pleinement à ses propos.

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