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lundi 7 juin 2021

Rencontre Poutine Biden : envolée du discours proportionnelle à la chute des attentes réelles


Le 16 juin doit se tenir la rencontre entre Poutine et Biden, lorsque ce dernier fera sa tournée européenne et globale, puisqu'elle comportera la réunion des différents organes de gouvernance globalisée, tels que le G7, l'UE et l'OTAN. Dans cette démarche, la place des Etats est secondaire, ils  viennent se montrer, prendre des notes : Biden vient leur expliquer ce qu'est la "démocratie globale". Une différence - la Russie. Car la rencontre entre Biden et Poutine est une rencontre bilatérale, entre deux chefs d'Etats, rencontre entre des Etats qui ne peuvent cohabiter dans la vision américaine globalisée de notre monde. C'est bien pourquoi Blinken estime que la coopération à venir entre les deux pays sera possible ... si la Russie "change" de cours politique (si elle se soumet) et que Peskov estime qu'il ne faut pas attendre de grandes décisions de cette rencontre. Ce qui finalement serait le mieux dans cette configuration - qu'il ne se passe rien.

Avant sa tournée impériale en Europe, Biden a besoin de marquer le territoire. Pour cela, tout un environnement politico-médiatique est créé. Il sort un article dans le Washington Post, plutôt un article à son nom est publié dans le Washington Post. Rien de nouveau n'en découle, toujours les mêmes laïus : les Etats-Unis sont le centre de la "démocratie globale", ils sont prêts à défendre l'Europe (et elle le paie déjà très cher pour des dangers qui sont créés par les Etats-Unis eux-mêmes - ne prenons pas de risques ...), les Etats-Unis doivent gouverner le monde d'une "position de force", ils veulent des relations stables avec la Russie (autrement dit sa reddition) et les deux empêcheurs de tourner en rond sont bien la Chine et la Russie, mais différemment. Le danger représenté par la Chine est commercial et c'est d'ailleurs pourquoi Biden propose que la Chine ne participe pas à l'établissement des règles du commerce mondial - les Etats-Unis s'en chargeront certainement sans problèmes. Au-delà de l'absurdité de la chose, ce discours illustre la vision  particulièrement primaire du monde développée par les Etats-Unis globalistes.

Le danger représenté par la Russie est bien autre, il est civilisationnel, politique  - dans le sens de la gouvernance de la Cité, de cette Cité globale, de ce village global, qui doit tourner autour d'un seul centre. La Russie, par son existence même (comme l'a rappelé Poutine) l'empêche. 

C'est pourquoi, en complément des déclarations attribuées à Biden, Blinken met les points sur les i en précisant les choses, autant qu'il soit possible de le faire et même au-delà :

"Les Etats-Unis sont prêts à des relations stables avec la Russie, si elle change de cours."

Comprenant lui-même, et affirmant, que cela est peu probable,  nous pouvons raisonnablement en déduire qu'une normalisation des relations américano-russes n'est pas à l'ordre du jour pour les Américains. Ce que les Russes comprennent parfaitement et Peskov, le porte-parole du Kremlin a sérieusement baissé le niveau des attentes de cette rencontre : c'est déjà bien de pouvoir se parler en face. Soit. Mais à ce niveau, la discussion n'étant pas un but en soi, des résultats positifs ne sont pas à attendre.

D'ailleurs, bien disciplinée, l'UE entre dans la ronde politico-médiatique pour toucher la Russie sur un point sensible - la Serbie. Le Président du Parlement européen n'a en effet rien trouvé de mieux que de lancer l'idée d'un nouvel élargissement de l'UE vers l'Est, en intégrant l'Albanie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et ... la Serbie. L'UE qui est déjà en crise, économiquement incapable d'avoir un effet de relance sur les économies nationales. L'UE, où les questions d'immigration et de sécurité provoquent l'implosion des sociétés européennes, enfin ce qu'il en reste. Vouloir intégrer des pays économiquement faibles et en plus pour certains, comme l'Albanie, posant de réels problèmes de sécurité, c'est en effet "une chance".

Quant à l'OTAN, elle s'inquiète. Elle s'inquiète du rapprochement de la Russie avec la Chine, elle s'inquiète de la coopération (pourtant naturelle) entre la Russie et la Biélorussie. Elle s'inquiète ... mais n'a rien à proposer.

La rencontre entre Biden et Poutine s'annonce effectivement sous de beaux jours ... 

7 commentaires:

  1. "Négocier avec les américains c'est comme capituler" que l'on disait du temps de l'URSS.
    Rien de nouveau sous le soleil...

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  2. Alors, comme dans les multinationales américaines, la première question qu'un commercial se pose en allant voir un gros client, c'est : "Who's the decision maker here ?". En français : "C'est qui le patron ici ?".
    Poutine sait que Biden n'est pas le taulier, donc il ne sortira strictement rien de cette entrevue médiatisée qui est à l'initiative de Biden qui a traité son homologue de tueur...les ONG qui comptent le nombre de morts en millions liées aux activités belliqueuses des Américains ont dû se bidonner.
    Biden n'est qu'une marionnette qui souffre de sénilité précoce et s'il cherche des noises à Poutine, ce dernier risque de le croquer en deux coups de cuillère à pot...on se souvient de la façon dont il avait mis une baffe magistrale à Sarkozy en 2016 quand ce dernier du haut de ses talonnettes avait voulu donner une leçon de géopolitique à celui qui dirige un pays traversé par 11 fuseaux horaires.
    A mon avis, la vraie rencontre a déjà eu lieu : c'était celle entre Lavrov et ce prétentieux de Blinken qui est 10 crans en dessous de Lavrov en matière de gestion des affaires étrangères. Lavrov l'a jaugé et a compilé des informations pour commencer à savoir qui tire vraiment les ficelles outre-atlantique.

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  3. Si les deux chefs d'Etat savent qu'il ne sortira rien de cette réunion, pourquoi la maintenir? Je pense que V. Poutine ne va pas rencontrer un type aussi peu intéressant que Biden pour ses beaux yeux? Alors peut-être que nous ne savons pas tout.

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    1. Votre question est pertinente : « Si les deux chefs d'Etat savent qu'il ne sortira rien de cette réunion, pourquoi la maintenir ? »

      Pourtant, je ne crois pas que l'exercice soit inutile, même s'il ne mène à rien de concret, car l'échange se fera au sommet et ce qui en sortira sera reconnu comme officiel. On ne peut espérer aucun engagement mutuellement consenti concernant quoi que ce soit de consistant, peut-être même pas un désir partagé de poursuivre le dialogue dans un esprit de respect mutuel comme le réclame la Russie.

      Mais je ne doute pas que, même dans ce cas, Poutine saura exploiter la fermeture d'esprit et le refus de dialoguer, ne serait-ce qu'en ce qui concerne la volonté exprimée par la Russie de réviser le fonctionnement du Conseil de sécurité qui en a bien besoin. Les États-Unis en sont un membre permanent et, à ce titre, ils ont des responsabilités que n'ont pas les autres nations; ils n'ont surtout pas le droit de se dérober alors que trois des cinq membres sont d'accord pour procéder. C'est en face de la communauté internationale que sera jaugée la position de Joe Biden.

      Je crois que Poutine saura exploiter toute fermeture au dialogue de la part des États-Unis et mettre en évidence avec plus d'acuité leur désir d'hégémonie. Mis à part les traditionnels vassaux, l'ensemble de l'Assemblée générale de l'ONU devrait être en mesure de mieux discerner qui a le mieux à proposer pour la marche du monde. Un refus d'engager un véritable dialogue risque d'être perçu comme une insulte qui leur serait lancée au visage.

      Et c'est Biden qui en porterait l'odieux.

      ________________
      Bellefontaine

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    2. Personnellement je vois déjà les gros titres des medias du genre "une rencontre qui fait écho à celle de Kennedy et Staline", "la main tendue américaine rejetée par l'entêtement russe", etc.
      Tout ce qui va en ressortir, c'est du m....er médiatique.

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  4. Они всегда могут попробовать женевскую гастрономию и знаменитое филе де перш. Погода немного жарковата для фондю!

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  5. Donc, Biden vient en Europe nous expliquer les nouvelles règles du "grand jeu". Pour le sommet à Genève, les agendas ne coïncident pas disait Ryabkov. Alors, qui va déplacer ses lignes rouges et pour quels gains...? A Anchorage, Blinken s'est fait remonter les bretelles par les chinois. Le sommet à Genève devrait nous révéler à quelle hauteur se situera encore le leadership des Etats-Unis. Voyons aussi si la cohésion OTAN et UE sera aussi forte que les media l'annoncent.

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