Le Parlement européen vient de voter le rapport présenté sur les relations avec la Russie, prévoyant un durcissement de la ligne. Pourtant, durcir la ligne est devenu impossible, sinon à rompre des relations diplomatiques déjà anorexiques. Donc, alors que les élections législatives démarrent en Russie, l'UE annonce finalement une politique d'ingérence (autant qu'elle le peut ...) chez son grand voisin, afin de le "démocratiser" par la force, pour finalement "sauver" le peuple russe du "régime de Poutine". Entre folie des grandeurs et folie tout court, revenons sur ce document, qui est en soi une insulte à la tradition diplomatique européenne. Mais il est vrai que, une fois de plus, l'UE démontre bien qu'elle n'est pas l'Europe.
Que l'UE soit entièrement engagée dans le combat géopolitique atlantiste ne fait de doute pour personne. Et sa rhétorique à l'égard de la Russie ne fait que se radicaliser. Déjà en avril cette année, les parlementaires européens avaient adopté une déclaration va-t-en-guerre contre leur grand voisin, mêlant hystérie, faiblesse et agressivité (voir notre texte ici). La Russie était présentée comme une menace, presque militaire, qu'il fallait combattre.
Cette fois-ci, dans le rapport sur l'orientation des relations politiques entre l'UE et la Russie, le ton monte encore d'un cran. Toutes les mesures d'ingérence, qui sont présentées, sont dès le départ justifiées par la distinction opérée entre le peuple russe (gentil, avec lequel on a des relations historiques) et le régime politique russe (méchant, qui nous veut du mal) : l'UE se présentant alors comme le preux chevalier qui va sauver les peuples du méchant dictateur. Amen ! Je cite :
"considérant que le Parlement fait la distinction entre le peuple russe et le régime du président Poutine, qui est une cleptocratie autoritaire en stagnation dirigée par un président à vie entourée d’un cercle d’oligarques; que les mesures importantes proposées dans ce rapport sur une recommandation sont, par conséquent, dirigées contre le régime de Poutine, ses actes criminels et ses politiques antidémocratiques, et qu’elles soulignent l’urgente nécessité de tendre la main au peuple russe et de lui montrer que l’Union est disposée à répondre à ses préoccupations;"
Comment des politiciens professionnels peuvent-ils s'exprimer ainsi envers un pays, avec lequel ils sont de toute manière amenés à avoir des relations diplomatiques ? Quoi que l'on pense des imperfections du système politique russe, ce langage n'est pas digne d'une institution qui se veut représenter l'Europe, sa culture, ses traditions et surtout ses intérêts. A ce niveau, ce n'est pas de l'incompétence, c'est du sabotage.
Il est vrai que les principes devant guider les relations entre l'UE et la Russie excluent toute relation, c'est-à-dire bilatéralité, ils sont exclusivement unilatéraux, comme l'ingérence qu'ils portent. Je cite :
"En même temps qu’il reconnaît que la démarche de l’Union a permis de contenir le risque d’agression russe, le projet de recommandation préconise une révision de la politique européenne, dans le sens notamment d'un soutien plus marqué en faveur des droits de l’homme."
Il est effectivement plus facile de commencer par une grande victoire, quand il n'a pas été nécessaire de mener la bataille. Donc, la menace militaire n'est plus actuelle (même si les députés européens appellent toujours à renforcer la capacité de défense européenne contre la Russie, qui reste une menace), il faut "démocratiser" par la force, autrement dit réaliser ce qui s'apparente à un viol démocratique, pour le bien du peuple. Tous les peuples ainsi violés se portent à merveille, l'histoire récente le prouve. En tout cas, personne ne leur demande leur avis. Je cite :
"décourager les menaces que la Russie fait peser sur le voisinage oriental; lutter contre les menaces hybrides que la Russie fait peser sur l’Union et son voisinage; dialoguer avec la société civile russe et entretenir avec le Kremlin une coopération et un dialogue sélectifs subordonnés à la fin des agressions perpétrées contre le peuple russe et les pays voisins; soutenir la démocratie, au moyen de sanctions, d’enquêtes internationales et de restrictions contre la finance russe corrompue; favoriser la transformation démocratique de la Russie grâce à des mesures de libéralisation du commerce et du régime des visas ainsi qu’à un partenariat stratégique renouvelé; renforcer l'intégration avec les pays du partenariat oriental"
En fait, l'UE, qui est une instance globaliste, donc luttant contre tout référant culturel en soi et n'acceptant pas le soft power qui ne soit pas atlantiste, car les seules culture et influence ne peuvent qu'être issues du monde global, condamne le "monde russe", dont la vision est qualifiée d'agressive (c'est-à-dire de non alignée), poussant l'absurde jusqu'à accuser les instances consulaires et diplomatiques de favoriser la culture russe. Faudrait-il fermer en Russie les différents instituts culturels des pays européens ou bien demander aux instances représentatives de ces pays de ne pas organiser des cours de français par exemple, avec les écoles russes ? Je cite :
"considérant que la Russie met en œuvre un concept hostile de «monde russe» pour préparer le terrain à son ingérence dans des pays étrangers sous le prétexte de la défense des compatriotes russes; que le «monde russe» est promu par des médias contrôlés par l’État, tels que Russia Today et Sputnik, dans les langues maternelles des États membres de l’Union; (...) considérant que les ambassades et les consulats russes ainsi que leurs centres culturels affiliés dans les États membres de l’Union proposent des événements culturels et des cours de russe gratuits, et que de nombreuses ONG locales et de nombreux groupes radicaux, y compris des mouvements politiques, reçoivent un financement russe;"
N'oublions pas que ces documents ne sont pas obligatoires, ils n'ont que force de recommandation. Mais ils donnent le ton. Et les relations russo-européennes sont dans un état de coma profond, l'UE les maintient dans une impasse. Ne serait-il pas temps pour les pays européens de reprendre leur souveraineté en main et de développer des relations bilatérales, qui correspondent à leur intérêt national, au lieu d'être des pions dans un jeu qui les dépasse ?
["sauver" le peuple russe du "régime de Poutine"]
RépondreSupprimerDonc si je comprends bien l'UE souhaite sauver le peuple russe mais de l'autre en ne reconnaissant pas le Sputnik V le prive de sa liberté de circuler librement en Europe...
[vu le train de mesures en vue de l’application des accords de Minsk]
Le gouvernement Ukrainien ne respecte pas les accords de Minsk mais c'est la Russie qui est pointée du doigt...
La lecture de ce rapport me fait penser à une compilation des articles sur la Russie, que l'on peut lire dans la presse française...
(ps: amusant de voir que plusieurs correspondants de journaux français qui faisaient de la surenchère dans la représentation tronquée de la Russie furent d'abord en poste à Moscou avant de rejoindre Washington...)
Je crois que la seule chose intelligente que pourra faire le nouveau Président français, à condition qu'il y en ait un nouveau, est de sortir de cette UE qui déraille complètement. Prendre le peuple russe pour un ramassis d'idiots, qu'ils vont manipuler comme ils le veulent, fallait oser!!!
RépondreSupprimerL'UE est aussi lamentable que Josep Borrell qui s'est fait moucher par Sergueï Lavrov lors de sa dernière visite d'Etat. On est dans l'amateurisme diplomatique le plus complet. Vladimir Poutine a sorti en 20 ans son pays de la ruine, a construit un partenariat gagnant-gagnant avec l'Asie et restaure progressivement la paix dans un certain nombre de pays comme la Syrie, après les dégâts considérables causés par les USA et l'OTAN. Il a restauré la grandeur de son pays et a hissé sa défense vers des sommets. Ca fait forcément des jaloux. Les nains hydrocéphales du parlement européen et de la commission de Bruxelles feraient bien de balayer devant leur porte avant d'ouvrir leurs gamelles qui sentent la viande avariée et les matières fécales. Il ne faudra pas qu'ils s'étonnent ensuite si le partenariat Russie-Chine emmène ces deux grands pays vers un leadership mondial dans tous les domaines. L'UE est une aberration et il est grand temps d'y mettre un terme.
RépondreSupprimerC'est la rentrée des collaboshs de l'ue bref comme souvent d'un point de vue russe bah à l'ouest rien de nouveau !
RépondreSupprimerAvec de tels textes, cela ne donne vraiment pas envie de soutenir l'U.E. A l'heure où Biden et ses sbires anglo- saxons s'accordent pour poignarder dans le dos l'un des Etats les plus importants d'Europe, on se demande s'il ne serait pas temps d'être un peu plus réaliste en mettant de côté certaines considérations puériles. Les droits de l'homme, aussi louable que cela soit, sont bafoués très souvent à l'Ouest. La démocratie, au sens le plus vrai et concret du terme n'a jamais été pratiquée à l'Ouest. Alors pourquoi donner des leçons à l'Est ?
RépondreSupprimerJe pense que l'UE est définitivment devenue une maison de fous, dont la France est la cellule capitonnée.
RépondreSupprimerAprès l'achat de F-35 (un avion hors de prix et non opérationnel) par la Pologne et la Suisse, après l'obligation des Etats membres de l'UE d'élargir les voies ferrées et les autoroutes pour qu'elles puissent accueillir des chars américains plus larges, on a maintenant l'Australie, un des pays des "Five Eyes" qui s'est vue imposer l'achat de sous-marins nucléaires américains plus chers et impossibles à entretenir sur son sol au détriment de l’offre française plus compétitive.
RépondreSupprimerOn peut donc en conclure que l'UE est aujourd’hui le caniche de salon des USA, petite bestiole qui fait pipi à où lui dit de faire.
Les USA ont placé des hommes à eux à la tête des principales puissances européennes : Boris Johnson, champion toutes catégories de la russophobie, Mario Draghi, ex-Goldman Sachs et ex-patron de la BCE, l'inoxydable Angela Merkel qui a suivi les conseils du Deep State américain en tenant tête à Trump mais qui est vite rentrée dans le rang quand l'Alzheimer de service a été placé à la direction du pays (Biden)...et évidemment Macron qui a été financé par le groupe KKR (Kravis, son patron étant un gros bonnet de la finance juive américaine, et accessoirement vendeur d'armes). L'UE est donc devenue le 52ème état américain, après Israël.
Les jappements de la Commission de Bruxelles (non-élue démocratiquement) contre la Russie nous montrent que les USA constituent un Etat mafieux qui se comporte sur le plan international exactement comme la Camorra : "Soit tu fais ce que je te dis, et tu es un pays ami, soit tu ne le fais pas, et tu deviens mon ennemi. Tu comprendras vite qu'il vaut mieux être mon ami."
Les USA sont cependant dans une phase de délitement profond. Il s’agit d’un effondrement (Cf les analyses de Dmitry Orlov et d’Andrei Martyanov). Ce pays n’a plus de leadership technologique et militaire. Son complexe militaro-industriel ne tient que par les renseignements fournis par la NSA qui écoute tous ses « partenaires » occidentaux. Il suffit que la Chine supprime ses exportations de terres rares et de pièces détachées pour matériels militaires et que les Russes pointent les missiles hypervéloces de leurs sous-marins en direction du pays de l’Oncle Sam pour que l’arrogance américaine retombe tel un soufflé au fromage. Le brouillage des satellites américains complétera le tableau. Il y a aussi toutes les bases américaines (environ 800) installées en Occident qui coûtent un « pognon de dingues » qui vont fermer les unes après les autres. Ce pays n’a plus les moyens de ses ambitions. Il est en train de collapser devant nos yeux. Les récriminations des membres de la Commission de Bruxelles ne sont que le signe de la frustration américaine de n’avoir rien pu faire pour stopper la construction du North Stream II. La diabolisation de la Russie est un signe de faiblesse. L’ancien prédateur américain est devenu l’ombre de lui-même et va bientôt devenir une proie : la bête blessée rue dans les brancards, sentant sa fin proche.
Excellente analyse.
Supprimer@ Languedoc 30 : Merci de votre soutien :)
SupprimerSucculent !
RépondreSupprimer"qui est une cleptocratie autoritaire en stagnation dirigée par un président à vie entourée d’un cercle d’oligarques"
Vous trouvez vous pas que cela décrit au mieux nos "démocraties" modèles.
Souvent, on lis ainsi de des exposés et déclarations qui s'applique à la lettre à leurs propres cas. Ces psychopathes qui nous gouvernent manquent manque d'imagination et souvent ne peuvent que décrire ce qu'il font subir aux autres. On la lu notamment un "au gradé US" décrivait les sévices prétendument subis sur des ukrainiens alors que celles ci même ressemblait très fortement à celles décrit par le quelques victimes de ces ukro-nazis (la piscine de Mariupol et autres...).
Il aurait dû ajouter sur la Russie: et qui impose des vaccins expérimentaux à leur population qu'on finisse de rire jaune, mais c'est peut être pour la prochaine déclaration; ils osent tout eux.
Aussi, à noter que
RépondreSupprimer"proposent des événements culturels et des cours de russe gratuits"
est devenue un signe d'hostilité, ça en dit bien long sur les gens qui écrivent cela.
C'est clairement un texte raciste et xénophobe selon les critères en vigueur en Europe. Les nazis n'auraient pas pu en faire plus et lorsque l'on connais les racines de l'EU, cela devient évident.
« Ne serait-il pas temps pour les pays européens de reprendre leur souveraineté en main et de développer des relations bilatérales, qui correspondent à leur intérêt national, au lieu d'être des pions dans un jeu qui les dépasse ? »
RépondreSupprimerIl semble bien que les dirigeants de l'UE ont totalement abdiqué leur propre souveraineté pour se soumettre aux maîtres de ce " jeu qui les dépasse ". Une forme de lâcheté complaisante et abordable sans grand effort.
Ce déluge de propos outranciers ne traduit qu'une impuissance sublimée dans des idées délirantes de toute-puissance. Mais en matière d'initiatives et d'actions constructives réelles ... rien du tout.
Peut-être bien que la mégalomanie permet l'économie de devoir avouer sa propre vacuité.
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Bellefontaine